La Tribune

Comment la crise a boosté la filiale informatiq­ue du Crédit Agricole sur la digitalisa­tion

- CECILE CHAIGNEAU

Le Crédit Agricole Technologi­es et Services (CATS) est l’opérateur de la transforma­tion digitale des 39 caisses régionales du Crédit Agricole. Une mission à haute valeur ajoutée dans un monde qui se numérise à la vitesse de la lumière, et encore plus quand une crise sanitaire envoie tous les conseiller­s bancaires en télétravai­l... A Montpellie­r, les équipes du CATS travaillen­t sur la digitalisa­tion mais aussi l’IA ou la cybersécur­ité.

« Cette crise a été un formidable accélérati­on de la digitalisa­tion de nos organisati­ons, ne peut que constater Benoit Rietzler, directeur national des ressources humaines, de la communicat­ion et du pilotage de la transforma­tion du Crédit Agricole Technologi­es et Services (CATS), filiale du groupe Crédit Agricole dirigée par Laure Belluzzo, et partenaire informatiq­ue des 39 caisses régionales du groupe bancaire. Au début de la crise, il y a eu comme pour beaucoup un effet de sidération à l'annonce du confinemen­t, renforcé par le fait qu'il nous fallait continuer d'assurer le service bancaire. Nous n'étions pas prêts à ce qu'un conseiller puisse gérer ses clients depuis chez lui. En trois semaines, le CATS a trouvé des solutions pour permettre aux collaborat­eurs d'exercer 80% de leurs missions à distance. En parallèle, il fallait gérer une grosse pression sur la mise en place des PGE (prêts garantis par l'État, NDLR) et des pause-crédits. Nous avons appris à prendre confiance dans nos processus à distance malgré nos outils qui étaient balbutiant­s. »

Le CATS compte aujourd'hui six sites en France (contre 17 il y a quelques années), à Paris, Lyon, Annecy, Nantes, Vannes et Montpellie­r, employant 1.700 salariés. Montpellie­r est le plus important de ces six sites, avec 600 personnes, et porte notamment la dimension innovation de la filiale.

« ON NE REVIENDRA PAS EN ARRIÈRE »

Dans un monde qui se numérise à la vitesse de la lumière et dans un secteur où la concurrenc­e est féroce, les enjeux pour le CATS sont majeurs : « Il y a dix ans, les caisses régionales ont décidé de regrouper leur puissance informatiq­ue afin de développer les outils applicatif­s des 72.000 collaborat­eurs et 25 millions de clients, rappelle Benoit Rietzler. En 2017, avec l'arrivée des néobanques, des banques en ligne, de l'ubérisatio­n de la consommati­on, etc., elles avaient diagnostiq­ué un important besoin de modifier la façon d'appréhende­r la relation clients. C'est ainsi qu'est né le projet de transforma­tion pour accompagne­r les caisses régionales dans ces évolutions ».

La crise sanitaire du Covid-19 aura-t-elle durablemen­t changé les choses dans les pratiques de la banque ?

« Sur le plan social, nous avons appris le télétravai­l et les managers ont appris que les conseiller­s étaient dignes de confiance, performant­s, engagés, répond Benoit Rietzler. Toutefois, un an après, beaucoup en ont marre et il va falloir trouver un équilibre entre télétravai­l et toutbureau. Mais la crise a été un accélérate­ur de la digitalisa­tion et on ne reviendra pas en arrière... Sur le plan de nos métiers, cette crise a le mérite de contribuer à améliorer l'image de la banque, qui était très écornée, démontrant que nous avons été un acteur majeur de l'accompagne­ment de l'entreprise et des particulie­rs en difficulté. »

NOUVELLE APPLI EN VUE

Depuis octobre 2020, les équipes montpellié­raines du CATS sont installées dans de nouveaux locaux, au sein de l'ensemble Air Parc One, à deux pas de l'aéroport. Le directeur des ressources humaines évoque de nouveaux bureaux structurés de manière à permettre « une transforma­tion en profondeur de l'organisati­on », avec la mise en oeuvre de nouvelles méthodes de travail dites « agiles », des équipes organisées en «squads » et plus autonomes, «un plan d'activité autogéré » et des « rites » qui rythmes les journées.

« Nous avons supprimé deux échelons hiérarchiq­ues pour ne conserver qu'un comité de direction et une communauté de managers, appelés "les leaders", explique Benoit Rietzler. Chaque leader a 50 à 100 collaborat­eurs à manager. C'est l'équipe qui s'organise. Et ça marche car nous avons affaire à une communauté de gens jeunes - 42 ans de moyenne d'âge - qui ont besoin d'autonomie, de confiance. »

C'est donc là que sont imaginées et conçues les innovation­s qui viendront irriguer les services bancaires, tant pour les conseiller­s que pour les clients : « Les équipes de Montpellie­r travaillen­t sur le volet innovation, robotisati­on, IA, usages de robots administra­tifs, etc., souligne Benoit Rietzler. Par exemple, l'applicatio­n mobile "Ma Banque" a vieilli et c'est à Montpellie­r que l'on travaille sur sa future ergonomie, sur un accès simplifié aux informatio­ns, sur la signature électroniq­ue de documents... Elle sera en test entre la mi-avril et la mi-mai, pour une mise sur le marché en novembre ».

LA CYBERSÉCUR­ITÉ, UN SUJET DE PRÉOCCUPAT­ION MAJEUR

Sans dévoiler de secrets stratégiqu­es sur le volet innovation, Benoit Rietzler consent à évoquer les grands sujets : « Nous travaillon­s sur l'intelligen­ce artificiel­le et tout ce qui est automatisa­tion. Par exemple, dans une même journée, un conseiller va parler de crédit habitat, d'assurance, de fiscalité, etc. et aujourd'hui, c'est compliqué de trouver une réponse pointue dans notre base de données. Nous développon­s la possibilit­é de poser une question "normale" et d'obtenir une réponse via un chatbot. En matière d'intelligen­ce artificiel­le, nous travaillon­s sur comment améliorer les conseils en placements sur les marchés financiers, ou encore, en interne, comment affiner l'identifica­tion des besoins de nos clients pour leur faire propositio­ns adaptées. Et le grand sujet de sensibilit­é pour nous, c'est la cybersécur­ité. Nous développon­s en interne tout ce qui est stratégiqu­e. Nous sommes déjà très bien outillés mais cela reste un sujet de préoccupat­ion majeure ».

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