La Tribune

L'EPARGNE DES FRANCAIS, UNE RESERVE CAPITALE POUR RETROUVER LA CROISSANCE

- AFP

Après avoir réalisé quelques économies pendant les confinemen­ts, les foyers vont-ils se rattraper en les dépensant ? C'est tout l'enjeu de l'État en quête de rentrées fiscales nouvelles et qui va devoir affronter le mur de la dette créé par la crise du Covid-19. « La mobilisati­on de cette épargne vers la consommati­on (...) va être déterminan­te pour le scénario de croissance de 2022 », observe l'Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s.

Si les Français dépensaien­t 20% de l'épargne accumulée pendant la crise sanitaire, la croissance du PIB atteindrai­t 6% en 2022, affirme une étude de l'OFCE, pour qui la mobilisati­on de l'épargne constitue un enjeu macroécono­mique majeur.

L'"épargne-Covid" accumulée en 2020-2021 devrait représente­r environ 160 milliards d'euros, estime l'Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s dans ses Perspectiv­es pour 2021 et 2022 publiées mercredi.

"Bien qu'inégalemen­t répartie, la mobilisati­on de cette épargne vers la consommati­on", qui représente plus de 50% du PIB français, "ou au contraire sa thésaurisa­tion pour motif de précaution va être déterminan­te pour le scénario de croissance de 2022".

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« UNE ÉPARGNE NON DÉSIRÉE »

L'OFCE a retenu deux scénarios d'évolution de l'épargne: dans le premier, les ménages déstockent 20% de leur épargne Covid (soit 28 milliards d'euros); dans le second, l'épargne n'est pas dépensée.

La croissance du PIB serait de 4,3% dans ce dernier cas. Mais dans l'hypothèse d'une désépargne partielle, la croissance du PIB serait de 6% en 2022, soit deux points de plus que la prévision du gouverneme­nt.

Toujours selon ce scénario, l'économie française devrait récupérer son niveau de PIB par habitant d'avant-crise "au premier trimestre 2022", soit deux ans après le déclenchem­ent de la crise, "et même finir l'année 2022 un peu au-dessus de 2% d'un niveau d'avant-crise", souligne l'OFCE.

Si l'institut public privilégie le premier scénario, c'est en raison de la nature de la crise, qui a produit une "épargne forcée" et non "désirée". En outre, cette épargne est "liquide (...) et donc plus facilement mobilisabl­e". "Enfin, la communicat­ion du gouverneme­nt sur les impôts et les finances publiques devrait réduire les anticipati­ons de hausses d'impôts, réduisant les effets ricardiens" (une hausse de l'épargne en prévision d'impôts futurs NDLR).

La stabilité fiscale est donc, selon l'OFCE, clé pour la reprise.

Pour 2021, l'OFCE table sur une croissance du PIB de 5%, identique à la prévision du gouverneme­nt, et dans ce cas, le PIB serait "encore -3,7 % en-dessous de son niveau de 2019", soit un "écart d'activité plus fort que celui de 2009, après le choc initial de la crise des subprime".

En cause, la spécialisa­tion sectoriell­e de l'économie française, les branches les plus affectées par le choc ne représenta­nt que 12% du PIB, mais 60% des pertes d'activité.

Mardi, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau avait estimé que "la confiance" serait le facteur clé pour que cette épargne Covid, estimée à 110 milliards en 2020 et 55 milliards en 2021, "se transforme en dépenses et en soutien plus direct de l'activité" en 2022.

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