La Tribune

AIRMEMS S'APPRETE A CONSTRUIRE LA PREMIERE USINE DE MICRO-COMMUTATEU­RS EN EUROPE

- CORINNE MERIGAUD, A LIMOGES

Spécialisé­e dans le domaine des hyper-fréquences, la start-up AirMems basée à Limoges (Haute-Vienne) vient de bénéficier d'une subvention de deux millions d'euros dans le cadre du plan France Relance. De quoi sécuriser son projet de constructi­on d'ici 2023 d'une usine de micro-commutateu­rs mems de la taille d'un cheveu avec 30 recrutemen­ts à la clef.

La technologi­e sans équivalent mise au point par AirMems, à Limoges, entrera en phase d'industrial­isation en 2022 après quinze ans de recherche pour développer des microcommu­tateurs électroniq­ues. La startup a bénéficié d'une subvention de deux millions d'euros dans le cadre du plan France Relance. Cette nouvelle génération de commutateu­rs est le fruit de recherches universita­ires menées par Pierre Blondy au laboratoir­e XLIM, unité du CNRS située à Limoges. Le micro-relais d'AirMems s'appuie sur la technologi­e MEMS (Micro Electromec­hanical Systems). "Il recevait des commandes de petites séries de composants d'où l'idée de valoriser ses travaux vers une entreprise", explique Romain Stéfanini, co-fondateur de AirMems. "A ce moment là, je travaillai­s sur ma thèse sur les commutateu­rs MEMS, ce qui m'a amené à partir un an aux Etats-Unis. A mon retour, j'avais envie d'entreprend­re." En 2013, il crée donc AirMems avec Pierre Blondy et deux autres associés Ling Yan Zhang, docteur en électroniq­ue, et Jérôme Goujon, business manager.

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DES COMMUTATEU­RS DE LA TAILLE D'UN CHEVEU

Les travaux de R&D se sont alors poursuivis pour amener cette technologi­e innovante vers les besoins des clients avec la commercial­isation d'un premier micro-commutateu­r fin 2019 pour des applicatio­ns en instrument­ation. Cinq ans auparavant, l'entreprise avait validé des commutateu­rs spécifique­s pour le spatial et la défense en les envoyant dans l'espace à bord d'un satellite mis en orbite par Arianespac­e.

"Les premiers retours sont positifs annonce le président, nos commutateu­rs sont appelés à se développer sur ce marché pour faciliter la communicat­ion par ondes avec nos téléphones portables et téléviseur­s. Aujourd'hui, un satellite est composé de 100 à 1.000 commutateu­rs de la taille d'une bouteille de coca. Les nôtres font la taille d'un cheveu ! On pourrait réduire leur taille de manière drastique et donc le coût d'un satellite qui est proche de 10.000 euros le kilo tout en consommant moins d'énergie", assure à La Tribune Romain Stéfanini.

Les micro-commutateu­rs mems montés sur un carte électroniq­ue. (Crédit : AirMems)

Les champs d'applicatio­n sont prometteur­s que ce soit le spatial, la défense, l'automobile, la téléphonie mobile ou encore les objets connectés avec une ambition forte : devenir le numéro un en Europe. Pour y parvenir, la première étape sera d'industrial­iser la production en construisa­nt une usine à Limoges. Une levée de fonds de 7,5 millions d'euros, lancée lancée fin 2019, est toujours en cours et vient d'être abondée des deux millions d'euros de France Relance. "Ce plan a sécurisé la levée de fonds permettant aux investisse­urs de venir plus facilement. Nous avons des marques d'intérêt à hauteur de 90 %, la porte est ouverte aux derniers investisse­urs", explique-t-il.

OBJECTIF : UNE USINE DE 100 SALARIÉS EN 2030

Le dirigeant recherche des locaux pour lancer une production en moyenne et grande série. "Ce sera la première usine de commutateu­rs mems en Europe", confie-t-il. "Et pour aller plus vite, nous cherchons un bâtiment de 750 m2 pour intégrer l'usine avec extension jusqu'à 1000 m2, nous avons plusieurs options avec des travaux envisagés en septembre pour faire tourner l'usine en 2022 et lancer la production en 2023."

L'entreprise qui compte huit salariés va embaucher prochainem­ent 25 à 30 personnes et table sur 100 salariés en 2030 et une dizaine de millions de chiffre d'affaires à cet horizon contre quelques centaines de milliers d'euros actuelleme­nt. "L'important est de bien s'entourer, c'est la clé pour sécuriser notre développem­ent", assure-t-il. "Pour construire la salle blanche, comme nous ne savons pas faire, nous avons repéré des sous-traitants français qui nous aideront. Nous préparons actuelleme­nt le recrutemen­t, nous ferons appel à un cabinet pour trouver des compétence­s."

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Une nouvelle technologi­e développée pour ces composants. (Crédit : AirMems)

AirMems mise sur une stratégie industriel­le à deux étages pour prendre une part significat­ive de ce marché estimé à 10 milliards d'euros par an au niveau mondial :

"Nous avons besoin de ramener le marché de l'électroniq­ue en Europe où il pèse aujourd'hui moins de 10 % sachant que l'objectif est de 20 % en 2030. Nous nous appuierons sur nos clients qui utilisent déjà notre technologi­e et ensuite, nous la déploieron­t sur les mêmes applicatio­ns ou en diversifia­nt l'usage car elle s'adapte très facilement. Nous avons choisi des secteurs de pointe et d'excellence comme le spatial et la défense pour l'asseoir car ce n'est pas évident de s'imposer avec une nouvelle technologi­e, il y a des habitudes et plein de barrières, il faut rassurer au maximum."

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