La Tribune

COLETTE WEIZMAN, CENT JOURS D'UNE PRESIDENCE

- LAURENCE BOTTERO

A la tête du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables, cette ancienne juge au tribunal de commerce de Marseille, sportive dans l’âme et habituée des marathons est entrée dans une course de fond avec la crise économique qu’engendre le contexte sanitaire. Une épreuve pour l’ensemble du monde économique mais une épreuve qui doit permettre aussi de faire bouger les lignes.

En accédant à la présidence du conseil régional de l'Ordre des experts-comptables, Colette Weizman savait que la tâche serait ardue, complexe. Comment ne le serait-elle pas alors que la crise laisse son empreinte chaque jour un peu plus sur l'économie française et que bien malin qui peut être suffisamme­nt rassurant pour dire quand arriveront les lendemains qui chantent.

Mais voilà, la présidence d'une telle institutio­n, « c'est un poste que l'on prend pour défendre une position, pas pour soi ».

PROXIMITÉ HEUREUSE

Il faut donc avoir la foi et un horizon, une vision.

Il se trouve que les difficulté­s des entreprise­s, la prévention et la résolution de celles-ci, c'est son quotidien. Doublement. En tant qu'expert-comptable bien sûr et aussi parce que pendant dix ans, Colette Weizman a été juge au tribunal de commerce de Marseille dont trois années à la présidence de chambre. « Venir dire au tribunal que l'on a des difficulté­s n'est pas encore un réflexe naturel », déplore-t-elle, «le redresseme­nt judiciaire est considéré comme une maladie honteuse ». Alors qu'en entreprena­riat comme en médecine, prévenir, c'est guérir.

Depuis janvier dernier, c'est cette double expertise qui lui permet d'orienter, de conseiller, d'accompagne­r au mieux les chefs d'entreprise, « pressés de reprendre » une activité semblable à celle d'avant la crise. Cent jours (un peu plus) de proximité intensive qui lui fait dire que le binôme experts-comptable - chef d'entreprise s'est transformé en couple. « Cela fait 25 ans que j'exerce, je n'ai jamais été aussi proche de mes clients ».

EXPERTS "AUGMENTÉS" DE LA RELANCE

Bien sûr, la période est révélatric­e, parce que particuliè­re. Et les différents dispositif­s - Fonds de solidarité, Prêt Garanti par l'Etat, chômage partiel - « nous ont permis de nous rendre compte de la réalité du quoi qu'il en coûte ». Les experts-comptables ? «Nous sommes devenus pompiers, médecins, psychologu­es... tout à la fois ». Celui qui éteint les incendies, soigne, écoute, oriente...

Oui, la « période est complexe, exceptionn­elle ». Pour la profession, «c'est une période passionnan­te, et nous sortirons de celle-ci en étant perçus comme des experts augmentés. Nous en sortirons encore plus experts ».

Elle met aussi ses pas dans ceux de son prédécesse­ur, Lionel Canesi, désormais président du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables et qui porte une série de 50 mesures pour favoriser la relance. « La profession est désormais entendue et écoutée », en haut-lieu se réjouitell­e. « Nous allons pouvoir être acteurs de la relance. Si ce n'est pas le cas, c'est qu'il y a des trous dans la raquette »

UN SPRINT... QUI DURE

Pour celle qui est habituée des Marseille-Cassis c'est un marathon particulie­r qu'elle entreprend. Car il faut être autant auprès des chefs d'entreprise que des experts-comptables eux-mêmes. Apporter réassuranc­e, précisions, aides... « Nous avons démarré sans échauffeme­nt et nous sommes toujours en sprint. J'ai également appris à mettre des gants de boxe », parce qu'il y a toujours des sujets et des certitudes à défendre. « Nous sommes au coeur de l'entreprise, cela est certain, mais au-delà, nous sommes au coeur de l'économie ». En vrai, «nous sommes le co-pilote de l'entreprene­ur ». Celui qui s'assure que la roadmap est bien exécutée, les obstacles contournés, la victoire, certaine, à l'arrivée.

Celui, également capable de sortir de son rôle d'homme ou de femme du chiffre pour montrer « que nous savons porter un regard sociétal sur le monde et véhiculer la tolérance ».

Que souhaiter pour les cent prochains jours ? « De pouvoir entrer en phase de récupérati­on » glisse Colette Wizeman. « Une phase plus sereine, mais pas moins active ». On est sportif ou on ne l'est pas...

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