5G : la Roumanie prend à son tour des mesures anti-Huawei
Après la France, le Royaume-Uni ou encore la Suède, Bucarest a approuvé ce jeudi un projet de loi visant à écarter le géant chinois des télécoms des réseaux mobiles de dernière génération.
Après la France, le Royaume-Uni ou encore la Suède, Bucarest a approuvé ce jeudi un projet de loi visant à écarter le géant chinois des télécoms des réseaux mobiles de dernière génération.
L'effet domino s'amplifie. Dans le sillage de la France, du Royaume-Uni ou encore de la Suède, c'est au tour de la Roumanie de prendre des mesures visant à placer Huawei hors-jeu en matière de 5G. Le gouvernement a approuvé jeudi un projet de loi - lequel doit encore être validé par le Parlement - qui a vocation à écarter le géant chinois des réseaux mobiles. Celui-ci précise qu'« en cas de risques, de menaces ou de vulnérabilités envers la sécurité nationale », les équipementiers télécoms se verront refuser d'opérer dans le pays. Huawei n'est pas cité nommément dans le texte. Mais c'est bien lui, et sans doute son compatriote ZTE, qui est visé.
Cette exclusion du géant chinois qui ne dit pas son nom ressemble beaucoup à la manière dont la France a elle-même procédé. Pour fournir des technologies et des équipements de réseaux 5G, les entreprises devront impérativement demander l'avis du Conseil suprême de défense (CSAT), présidé par Klaus Iohannis, le chef de l'Etat. Si l'institution juge que les équipements présentent un risque pour la sécurité nationale, ceux-ci seront interdits. Dans l'Hexagone, la « loi Huawei » a obligé les opérateurs à demander des autorisations auprès de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi). Sans surprise, seuls les équipements chinois ont fait l'objet de restrictions...
FORTE INFLUENCE AMÉRICAINE EN ROUMANIE
Les mesures anti-Huawei de Bucarest démontrent l'efficacité du lobbying américain en Europe pour chasser le groupe de Shenzhen. Ces derniers mois, Washington n'a pas ménagé ses efforts pour convaincre le Vieux Continent d'écarter l'équipementier - qu'il soupçonne d'espionnage pour le compte de Pékin - des réseaux 5G. En août 2019, l'ancien président américain Donald Trump et Klaus Iohannis ont signé une déclaration conjointe ouvrant la voie à un bannissement du groupe chinois. « Nous cherchons à éviter les risques pour la sécurité qui accompagnent les investissements chinois dans les réseaux de télécommunications 5G », soulignait le document. Dans la foulée, George Zhang, le patron de Huawei en Roumanie, a demandé à Bucarest de revenir sur ce projet. Le dirigeant soulignait alors qu'un départ du groupe conduirait à des pertes de 9,2 milliards d'euros et de « milliers » d'emplois pour le pays.
Le gouvernement roumain a campé sur ses positions. L'exécutif est resté droit dans ses bottes malgré l'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden. La nouvelle administration américaine a décidé de maintenir la pression sur le groupe chinois, déjà exclu de la 5G aux Etats-Unis, et interdit de se fournir en technologies « made in USA ». En mars dernier, la FCC, le régulateur américain des télécoms, a de nouveau classé Huawei parmi les entreprises considérées comme une menace pour le pays. L'institution a jugé que le géant chinois posait toujours « un risque inacceptable » pour la sécurité nationale.
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La position de Bucarest n'est guère surprenante. Les Etats-Unis disposent, depuis longtemps, d'une très forte influence en Roumanie. Celle-ci se manifeste dans nombre de secteur stratégiques et souverains, en matière de défense ou d'énergie. En octobre dernier, les Etats-Unis ont notamment remplacé la Chine dans le financement d'un grand projet nucléaire, de 8 milliards d'euros, portant sur la construction de deux nouvelles tranches d'une centrale.
L'exclusion de Huawei ne fera pas les affaires d'Orange. Leader dans le mobile en Roumanie, le géant français des télécoms travaille avec un large éventail d'équipementiers, y compris Huawei et son rival chinois ZTE, lui-aussi dans le viseur des autorités. Il est probable qu'à terme, Orange soit contraint de démonter ses antennes « made in China » pour les remplacer par du Nokia, du Ericsson ou du Samsung, avec qui il travaille déjà dans ce pays.
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