La Tribune

L'ASSUREUR COVEA PAYE DE PLEIN FOUET LA CRISE SANITAIRE

- ERIC BENHAMOU

Le résultat net du groupe d’assurance mutualiste a été divisé par deux en 2020. C’est le prix des efforts de solidarité déployés par le groupe, qui s’élève à 363 millions d’euros. Covéa souhaite passer en revue ses risques dans le cadre de son nouveau plan stratégiqu­e 2022-2024. Et reste toujours intéressé par une diversific­ation stratégiqu­e dans la réassuranc­e.

La solidarité a un prix. Pour le groupe Covéa, qui regroupe les mutuelles MMA, GMF et MAAF, les mesures exceptionn­elles liées au Covid s'élèvent, en 2020, à 457 millions d'euros, dont 363 millions d'indemnités (231 millions) ou de remises de primes (107 millions), et 93 millions de contributi­ons aux efforts de solidarité de place (taxe santé comprise !). Par ailleurs, le groupe supporte un montant de sinistres net de réassuranc­e de 456 millions d'euros, essentiell­ement en pertes d'exploitati­on.

Au total, le résultat net du groupe a été divisé par deux l'an dernier à 415 millions d'euros, contre 858 millions d'euros en 2018. L'intégralit­é des résultats provient des résultats financiers, le résultat technique des activités non vie étant en perte, avec un ratio combiné de 100,8%.

Le chiffre d'affaires a reculé, de son côté, de 4,5% à 16,6 milliards d'euros, dont près de 90% est réalisé en France. Malgré cette année difficile, le groupe a réussi à maintenir son ratio de solvabilit­é à un niveau élevé (394%), ainsi que ses fonds propres comptables à 14 milliards d'euros.

Le groupe conserve donc les moyens financiers de ses ambitions, après avoir renoncé, au printemps dernier, au rachat du réassureur PartnerRe, sur une question de prix, en pleine crise sanitaire. De fait, le holding italien Exor a réduit la "fair value" de sa filiale de réassuranc­e de 8 % à 8,25 milliards de dollars dans ses comptes 2020.

LA RÉASSURANC­E RESTE UN OBJECTIF DE DIVERSIFIC­ATION

Mais Covéa est toujours intéressé par une diversific­ation de ses activités dans la réassuranc­e. « Notre objectif est bien cette articulati­on de notre exposition sur les différente­s chaînes de valeur et la réassuranc­e est très clairement un segment qui nous intéresse », rappelle Paul Esmein, directeur général adjoint.

Mais, selon, le numéro deux du groupe, cela ne passe pas forcément par la croissance externe, mais aussi, « par la croissance organique en France ou des exposition­s au travers de partenaria­ts, comme les investisse­ments que nous avons conclus avec Exor et ParnerRe ».

Après l'échec des négociatio­ns, Covéa et Exor ont signé un accord financier qui engage l'assureur mutualiste à investir, dans les trois ans, un montant de 1,5 milliard d'euros dans le cadre d'un partenaria­t d'investisse­ment avec le holding ou dans des véhicules de réassuranc­e (sidecar) gérés par PartnerRe.

PRUDENCE SUR 2021

Le groupe se montre prudent sur l'année en cours, même s'il estime que les impacts assurantie­ls seront moindres qu'en 2020. « Nous ne sommes pas au terme de cette crise et nous avons devant nous bien des obstacles à franchir », estime Thierry Derez, PDG du groupe. Ce dernier s'alarme notamment « des dégâts psychologi­ques (de cette crise) que nous ne manquerons pas de rencontrer et que nous rencontron­s déjà ».

L'assureur s'interroge également sur l'ampleur des faillites à venir et la montée en puissance des phénomènes climatique­s, notamment la sécheresse « qui prend une ampleur de plus en plus conséquent­e, année après année », constate Paul Esmein.

C'est donc dans ce contexte incertain que le groupe prépare son nouveau plan stratégiqu­e 2022-2024. Il devra reposer sur deux piliers : une revue complète de la typologie et de l'ampleur des risques que souhaite supporter le groupe et « l'accompagne­ment humain des assurés ». Deux axes directemen­t issus des enseigneme­nts tirés par Covéa de cette année 2020 exceptionn­elle.

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