La Tribune

AUTOMOBILE : LES TROIS FONDERIES DU GROUPE GUPTA EN CESSATION DE PAIEMENT (SYNDICATS)

- LATRIBUNE.FR AVEC AFP

Les trois équipement­iers automobile­s de la Vienne et de l'Indre appartenan­t au groupe Alvance de l'Indo-Britanniqu­e Sanjeev Gupta seront déclarés en cessation de paiement ce vendredi 16 avril 2021, a-t-on appris jeudi auprès des syndicats à l'issue d'un CSE.

Totalisant quelque 850 salariés, les deux unités aluminium et fonte des Fonderies du Poitou, à Ingrandes près de Châtellera­ult, ainsi qu'Alvance Aluminium Wheels, à Diors près de Châteaurou­x, sont les premières sociétés du groupe du magnat de l'acier à déposer le bilan depuis la chute de la société financière britanniqu­e Greensill, à qui le congloméra­t doit des milliards d'euros.

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Cependant, un porte-parole d'Alvance a tenu à souligner que "cette décision n'affectait pas et n'incluait pas les autres sites d'Alvance, Alvance Aluminium Dunkerque dans le nord de la France, Alvance Aluminium Duffel en Belgique ou Alvance British Aluminium à Lochaber, en Ecosse - qui fonctionna­ient tous normalemen­t, bénéficiai­ent de fortes positions sur le marché et avaient des trésorerie­s positives".

Les syndicats ont été informés par l'administra­teur judiciaire nommé pour suivre le dossier par le tribunal de commerce de Paris, ville où se trouve le siège d'Alvance, maison mère de Liberty House, une société du Gupta Family Group Alliance (GFG Alliance), de Sanjeev Gupta. Les entreprise­s devraient être placées en redresseme­nt judiciaire d'ici la fin du mois, a expliqué l'administra­teur selon Jean-Philippe Juin, délégué CGT chez Fonderies Alu. "Cela permettra à l'État de garantir la période de transition", a-t-il dit à l'AFP, tablant également sur un effort de Renault, principal donneur d'ordre des trois entreprise­s, pour trouver une solution, et notamment de potentiels repreneurs.

Après les deux CSE jeudi matin dans les deux unités des Fonderies du Poitou, un autre CSE devait se tenir dans l'après-midi à Alvance Aluminium Wheels pour annoncer la même chose, selon les syndicats. Jusqu'à présent, Liberty Fonte était seule en grande difficulté, sa production de carter pour diesel n'étant plus porteuse. Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), actant la fermeture du site prévu en juin 2021, avait été lancé en décembre 2020. Ayant aussi comme unique client Renault, Liberty Alu fabrique notamment des culasses, un marché plus porteur.

"Il n'y a aucune raison que les Fonderies du Poitou, dans le volet aluminium, puissent être pénalisées par la situation financière du groupe Liberty auquel elles appartienn­ent", avait assuré la semaine dernière le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Après les deux CSE aux Fonderies du Poitou, le porte-parole d'Alvance a expliqué dans un courriel que Fonderies Alu comme Fonte étaient "déficitair­es depuis leur acquisitio­n par GFG Alliance en avril 2019", victimes de "problèmes structurel­s" et ayant connu "des baisses importante­s des commandes contractée­s auprès de leurs principaux clients".

"Depuis leur acquisitio­n, les deux sites ont été continuell­ement soutenus par le groupe - à hauteur de plus de 26,6 millions d'euros - pour les maintenir solvables. Toutefois, cette position n'a jamais été durable et n'a pas pu être maintenue après l'effondreme­nt de Greensill", a-t-il ajouté.

A l'issue d'une réunion à Bercy mardi avec des élus de la Vienne, une source gouverneme­ntale avait expliqué que l'État accompagne­rait "socialemen­t le mieux possible" les deux entreprise­s d'Ingrandes. "L'État sera au côté de tout industriel et des salariés et le sera de nouveau pour les Fonderies du Poitou, probableme­nt en finançant les périodes de recherches de repreneurs et pour accompagne­r d'éventuels projets de reprise (...) avec on l'espère le soutien de Renault, client principal des Fonderies Aluminium", avait ajouté cette source gouverneme­ntale.

Lors de cette phase de redresseme­nt judiciaire, qui peut prendre trois mois, l'Etat pourrait s'engager à hauteur de "plusieurs millions d'euros", selon la même source. De son côté, Alvance Aluminium Wheels produit à 60% pour Renault, et 30 % pour PSA, selon un représenta­nt syndical. L'entreprise, qui est la dernière en France à fabriquer des jantes alu, souffre de la concurrenc­e de l'étranger.

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