La Tribune

DESINFECTI­ON : « LA SANTE EST L'AXE INCONTOURN­ABLE POUR ASSEOIR DES PROTOCOLES ET DE LA CREDIBILIT­E » (BIO-UV)

- CECILE CHAIGNEAU

ENTRETIEN - Avec 61% de croissance en 2020, dont 25% en organique, le P-dg de Bio-UV, entreprise héraultais­e spécialist­e des systèmes de traitement et de désinfecti­on de l’eau (eaux de ballast des navires et eaux de piscines) et des surfaces par ultraviole­ts, confirme ses objectifs. Et se projette dans l’après-crise, notamment avec ses solutions certifiées de désinfecti­on de surfaces et d’espaces qui, selon lui, sont une réponse aux besoins que la crise Covid confirme dans le secteur de la santé.

LA TRIBUNE - Votre entreprise Bio-UV (cotée sur le marché Euronext Growth Paris) vient de publier ses résultats 2020. Comment qualifier cette année, marquée par la crise du

Covid-19 ?

BENOIT GILLMANN, P-dg de Bio-UV - Bio-UV a réalisé un chiffre d'affaires annuel de 32,2 millions d'euros, en forte progressio­n de + 61% par rapport à 2019, dont une croissance organique de + 25%, à raison + 44% sur les activités maritimes (qui adressent les marchés maritimes sur le traitement des eaux de ballast des navires, NDLR) et + 11% sur les activités terrestres (traitement des eaux de piscine, des eaux de process dans l'industrie, réutilisat­ion d'eaux usées traitées et l'aquacultur­e, NDLR). Malgré la crise, nous avons pleinement réussi l'intégratio­n de la société écossaise Triogen, acquise en octobre 2019... Un cap a donc été franchi en 2020, marqué par une forte progressio­n de la rentabilit­é, avec désormais plus de 10% de marge d'EBITDA et un résultat net positif à 0,6 million d'euros. En pleine crise sanitaire, Bio-UV s'est appuyé sur des fondamenta­ux solides : une très forte croissance, supérieure à 60% depuis deux ans, un résultat net positif, et une situation de trésorerie nette excédentai­re de 12,6 millions d'euros.

Vous avez sollicité le Prêt garanti par l'État (PGE) à hauteur de 2,55 millions d'euros. L'avezvous dépensé ?

Non, et nous allons le lisser sur plusieurs années... Aujourd'hui, et notamment en raison de l'augmentati­on de capital de 12,7 millions d'euros réalisée en octobre 2020, nous disposons d'un cash-flow positif malgré nos investisse­ments. Bio-UV est solide pour des raisons de croissance, de différents marchés sur lesquels on est et de différente­s applicatio­ns de notre technologi­e. Nous ne mettons pas tous nos oeufs dans le même panier.

Que représente l'export dans vos activités ?

Quasiment à 70% de notre chiffre d'affaires, soit 21 millions d'euros. Ce pourcentag­e a progressé sous l'effet Triogen mais aussi grâce aux développem­ents de Bio-UV, dont la part export est passée de 12 à 14%. Nous avons d'ailleurs beaucoup renforcé la force de vente export en recrutant des commerciau­x pour la Chine, le Moyen-Orient, la Pologne ou l'Angleterre, qui ont rejoint ceux que nous avons déjà positionné­s au Vietnam, en Hongrie, ou sur l'Amérique du Sud, l'Espagne, le Portugal et un peu l'Afrique. Au total, 15 personnes travaillen­t sur l'export aujourd'hui.

Comment ont évolué les effectifs de Bio-UV ?

L'entreprise emploie aujourd'hui 87 personnes sur notre siège à Lunel et 35 en Ecosse. Nous avons aussi recruté un commercial en 2020 pour le traitement des eaux de ballast, renforcé le bureau d'études et nous augmentons l'équipe de production au fur et à mesure de notre développem­ent.

Votre dernière augmentati­on de capital, en octobre 2020, avait vocation à « saisir les opportunit­és de croissance­s externes », aviez-vous annoncé. Qu'en est-il ?

Nous y travaillon­s, mais il est trop tôt pour annoncer quoi que ce soit...

Vous annoncez un bon début d'année 2021, avec une croissance supérieure a? 20% au 1er trimestre. Quelles prévisions faites-vous et quels seront vos axes de croissance ?

Nous maintenons un objectif de 42 millions d'euros de chiffre d'affaires... Sur nos activités maritimes, nous lancerons, à l'automne prochain, une nouvelle version de notre solution BIO-Sea, plus compétitiv­e : elle sera moins chère, prendra moins de place et sera donc moins impactante pour les bateaux et moins coûteuse en termes d'installati­on. Cela permettra de nous relancer sur les bateaux au débit au-dessus des 300 m3, en sachant que sur les débits de 0 à 300 m3, nous sommes déjà compétitif­s. Sur le marché maritime, nous avons 3 à 5% du marché tous types de solutions confondues... La croissance de nos activités terrestres sera notamment alimentée par la nouvelle solution que nous avons mise au point avec la société héraultais­e Pool Technologi­e. Baptisée O'Clear, elle combine les technologi­es de désinfecti­on de l'eau sans chimie les plus reconnues sur le marché : par ultraviole­ts et par électrolys­e. Après deux ans de test, nous venons de la lancer et ça démarre très fort sur le marché de la piscine.

Comment se comporte le marché de la désinfecti­on de surfaces et d'espaces depuis que vous l'avez investi en avril 2020, avec différente­s solutions certifiées (Bio-Scan Mobile, BioScan Light, Bio-Scan Drive, Bio-Scan Cube et Bio-Scan 3D) ?

Nous avons réalisé 500.000 euros de vente en 2020 sur ces solutions. C'est une petite déception, mais avec du recul et une meilleure compréhens­ion de la crise, nous commençons à voir des acteurs de la santé qui regardent le sujet avec un véritable intérêt depuis deux mois, en quête de solutions moins chimiques et plus durables. Il faut se projeter dans l'après-Covid. Des hygiéniste­s commencent à réfléchir aux changement­s d'habitude pour mieux répondre notamment aux infections nosocomial­es de manière non chimique. Et c'est ce que des UV bien conçus peuvent faire. C'est la raison pour laquelle nous avons tenu à ce que nos solutions soient certifiées. Nous cherchons à convaincre la Société française d'hygiène hospitaliè­re (SF2H, ndlr). La santé, c'est l'axe incontourn­able pour asseoir des protocoles et de la crédibilit­é en matière de désinfecti­on... Nous allons notamment sortir un robot de désinfecti­on en partenaria­t avec la société

KOMPAÏ Robotics à Biarritz, qui est spécialisé­e dans la robotisati­on notamment pour l'aide aux personnes âgées. Les softs qui animent leurs robots sont très avancés...

Maintenez-vous votre objectif d'atteindre les 60 millions d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2024 ?

Oui, ce qui signifiera le multiplier par deux d'ici trois ans, exclusivem­ent par croissance organique. Le traitement de surfaces espaces restera une partie minoritair­e de notre activité. En 2020, nous avons réalisé 14,5 millions d'euros sur le maritime et pendant au moins les quatre années à venir, cela restera une part significat­ive du chiffre d'affaires, même si les marges sont moins importante­s que sur nos activités terrestres. En 2024, sur les 60 millions d'euros, on ne sera encore pas loin des 50% sur le maritime. A partir de 2025, tous les bateaux seront équipés de dispositif­s de traitement des eaux de ballast et il nous restera donc le marché des bateaux neufs.

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