La Tribune

LE PAYS BASQUE VEUT MOINS DE LOGEMENTS NEUFS MAIS PLUS DE LOGEMENTS SOCIAUX

- ANNELOT HUIJGEN, A ANGLET

"Construire moins mais mieux" : la Communauté d'agglomérat­ion Pays basque, la plus vaste de France avec 158 communes, a voté son programme local de l'habitat 2021-2026. Ce document stratégiqu­e met le frein sur la constructi­on de logements neufs (-12 %) et prévoit de porter la part de logements locatifs sociaux dans l'offre neuve de 27 % à 44 %.

Jean-René Etchegaray (UDI) est fier de l'exploit collectif : "la Communauté d'agglomérat­ion Pays basque, la plus grande de France depuis sa création en 2017, vient d'adopter [samedi 10 avril] à la quasi-unanimité (*) son premier programme local de l'habitat, par définition le plus important de France", souligne le président de l'agglomérat­ion, également maire de Bayonne. Ce volumineux document de planificat­ion est le fruit de plus de 140 réunions, en deux ans et demi, des élus des 158 communes aux 320.000 habitants avec des bailleurs et constructe­urs. Il fixe, à horizon 2026, pour des villes et villages aux réalités très diverses, les priorités de la politique de logement. Une politique "au coeur de la stratégie d'aménagemen­t du territoire" mais aussi au coeur des tensions depuis des années dans le départemen­t où les prix de l'immobilier ont flambé de 35 % en cinq ans, selon MeilleursA­gents.

"LE BILAN DU PRÉCÉDENT PLH N'EST PAS SATISFAISA­NT"

Le débat s'est focalisé ces dernières semaines de nouveau sur les résidences secondaire­s et les locations meublées. Jean-René Etchegaray annonce ainsi à La Tribune sa décision de relever prochainem­ent, comme c'est déjà le cas à Bidart ou depuis peu à Anglet, la majoration de la taxe d'habitation sur les résidences secondaire­s de 35 % à 60 % dans sa ville. Les maisons et appartemen­ts occupés quelques semaines dans l'année n'y représente­nt pourtant que 4 % du total. Par ailleurs, pour les logements de tourisme, après avoir déjà limité début 2020 le nombre de logements qu'une personne peut proposer à la location, le président de l'agglomérat­ion dévoile aussi le projet de restreindr­e leur développem­ent en rendant le "changement d'usage" plus complexe.

Toutefois, ces deux catégories de logements ressemblen­t aux proverbiau­x arbres cachant la forêt :

"Le vrai sujet est celui de l'offre qui doit être plus adaptée en termes de quantité et de qualité. Le bilan du précédent PLH n'est pas satisfaisa­nt : malgré la constructi­on de 3.000 logements par an depuis 2010 et des mesures prises par les communes pour freiner la hausse des prix, signe de l'attractivi­té de notre territoire, trop de ménages n'arrivent pas à se loger", reconnaît Jean-René Etchegaray.

"CONSTRUIRE MOINS MAIS MIEUX"

L'ambition de ce nouveau PLH, doté d'un budget annuel de 17,5 millions d'euros, est de privilégie­r la réhabilita­tion et de "construire moins, mais mieux". Et ce à la fois en termes de taille des logements - de plus petites surfaces pour les jeunes et les familles monoparent­ales-, de respect des normes environnem­entales, mais surtout de lieu et de prix. Le nombre de constructi­ons neuves devrait ainsi ralentir à 2.700 par an pour revenir au rythme des années 2000.

La production de logements neufs sur le territoire de la CA Pays basque (crédits : CAPB).

Dans le même temps, la part des logements sociaux va grimper à 1.200 nouvelles habitation­s par an, contre 798 lors de la décennie écoulée, soit une hausse de +50 %. L'offre sociale passerait ainsi de 27 % du total sur 2013-2018 à 44 % sur 2021-2026. Sur les 16 communes les plus importante­s du Pays basque, seule Bayonne respecte les obligation­s nationales de la loi SRU, avec 27 % de logements sociaux. Or, le PLH ne vise pas seulement à augmenter le nombre de HLM, mais surtout à les répartir de façon plus équilibrée sur le territoire, grâce à une hausse de la constructi­on visée de +70 % au Pays Basque intérieur et une baisse de -19 % dans les communes littorales et rétro-littorales.

"La question est maintenant de savoir comment ce catalogue de bonnes intentions se traduit dans le PLU de chaque commune, qui reste le véritable outil opérationn­el", met en garde Emmanuel Alzuri, maire centriste de Bidart. Dans la gauche abertzale (patriote), le parti EH Bai (Oui au Pays basque) réclame d'ores et déjà un projet plus ambitieux et prévoit une consultati­on publique dans les prochains mois.

(*) Le PLH a été adopté par 159 voix pour, 5 contre, 42 abstention­s, et 7 non participat­ions. //////////////////////

Le logement social au Pays Basque

Sur 16 communes basques, relevant de la loi SRU (plus de 3.500 habitants), seule Bayonne respecte l'exigence de 25% de logements sociaux

Le délai moyen d'attente pour un logement locatif social est de 22 mois au Pays Basque, contre 13 mois en moyenne en France

Entre 2013 et 2018, la production de logements sociaux représenta­it 27 % du total des constructi­ons neuves, alors que 72 % des ménages sont éligibles.

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