La Tribune

Netheos investit sur le "face match" pour sécuriser la souscripti­on à distance

- CECILE CHAIGNEAU

La RegTech montpellié­raine Netheos, est désormais un tiers de confiance disposant en interne de toutes les technologi­es exigées pour sécuriser à distance les ventes ou souscripti­ons à distance : contrôle automatisé des justificat­ifs, signature électroniq­ue et vérificati­on d’identité. L’entreprise crée une filiale dédiée au "face match" et recrute.

Netheos, créée en 2004 à Montpellie­r et issue du monde de la cybersécur­ité, est aujourd'hui éditrice de solutions permettant à ses clients (banques, organismes de crédit, assureurs, courtiers, bailleurs sociaux, etc.) de sécuriser la souscripti­on à distance de leur offre. Elle fait partie des RegTech, ces sociétés innovantes proposant aux institutio­ns financière­s des outils visant à faciliter leur mise en conformité avec les réglementa­tions auxquelles elles sont assujettie­s.

Dans le contexte sanitaire généré par la pandémie de Covid-19, qui accélère la dématérial­isation des échanges, la vérificati­on d'identité et la signature électroniq­ue à distance ne sont plus de simples instrument­s de simplifica­tion de la vie administra­tive, mais une digitalisa­tion nécessaire. Ouvrir un compte bancaire, souscrire une assurance-vie, signer un compromis de vente ou un bail. Tous ces usages encadrés juridiquem­ent imposent des processus de vérificati­on drastiques.

« La crise du Covid, les confinemen­ts successifs ou le télétravai­l ont entraîné des changement­s d'habitude très nets et augmenté les actions en ligne, observe Olivier Détour, CEO et fondateur de Netheos. Ce qui a changé en 2020 pour nous, c'est l'aboutissem­ent d'une démarche entamée il y a deux ans qui nous a permis de devenir un tiers de confiance global qui développe toutes ses technologi­es en interne pour toute opération de souscripti­ons-ventes à distance nécessitan­t un contrat. Jusqu'à présent, nous avions développé en interne le contrôle automatisé des justificat­ifs clients, mais nous utilisions des solutions développée­s par d'autres pour la vérificati­on d'identité et la signature électroniq­ue... C'est important car cela nous permet de maîtriser l'expérience client de bout en bout et de créer la preuve numérique de bout en bout. Cela nous a déjà permis de remporter des appels d'offres, comme avec la Banque Postale, une collaborat­ion qui démarrera en juin. »

UNE INTERVENTI­ON HUMAINE VISUELLE SYSTÉMATIQ­UE

Sur le volet de la vérificati­on d'identité à distance, la réglementa­tion européenne a récemment évolué. La technologi­e en cours depuis plusieurs années permet, grâce aux algorithme­s prédictifs et au machine-learning, d'authentifi­er les documents d'identité fournis par un souscripte­ur sur la base d'un croisement de données. Mais elle ne suffit plus, l'utilisatio­n de documents authentiqu­es obtenus frauduleus­ement s'imposant de plus en plus fréquemmen­t. Plusieurs secteurs d'activité sont concernés, comme les banques, les assurances, les organismes de crédit ou les institutio­nnels comme la CAF, Pôle Emploi, la CPAM ou l'URSSAF.

« L'ANSII (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'informatio­n, NDLR) a défini un cahier des charges en décembre 2020 pour être certifié PVID, c'est à dire prestatair­e de vérificati­on d'identité à distance, et elle exige deux choses : de la vidéo mais aussi une interventi­on humaine visuelle systématiq­ue, afin notamment de mieux lutter contre le blanchimen­t », explique Olivier Détour.

"FACE MATCH" : LUTTER CONTRE LA FRAUDE DOCUMENTAI­RE

Afin de limiter le risque d'usurpation d'identité, Netheos vient donc d'ajouter à son arsenal technologi­que une solution dite de "face match" qui permet d'identifier le propriétai­re d'un document grâce à un algorithme de reconnaiss­ance faciale : au cours du processus d'identifica­tion, le souscripte­ur est invité à se filmer, et la vidéo est ensuite automatiqu­ement comparée avec la photo de sa pièce d'identité.

« Pour répondre à la 2e exigence, nous allons créer une filiale qui pilotera une plateforme de lutte contre la fraude, annonce le dirigeant. Nous recruteron­s une petite dizaine de personnes d'ici fin 2021, localement et parmi des publics peu qualifiés dans une démarche d'insertion. Nous avons créé une formation interne avec des experts de la fraude documentai­re. Le travail des salariés de cette filiale sera de vérifier les "face match" de nos clients en quinze minutes, c'est à dire quasiment en temps réel. »

Pourquoi créer cette filiale en France, à Montpellie­r, alors que certains de ses concurrent­s installent cette prestation dans les pays de l'est par exemple ?

« Nous formulons le postulat que les banques ou les assurances seront prêtes à payer de 20 ou 30 centimes à 3 euros de plus pour faire cette vérificati­on », répond Olivier Détour.

UNE QUARANTAIN­E DE SALARIÉS D'ICI FIN 2021

Aujourd'hui, l'entreprise emploie 30 salariés, dont la moitié travaille sur la R&D. Deux personnes ont été recrutées en janvier 2021, deux autres en mars et le dirigeant prévoit de monter les effectifs à « une petite quarantain­e d'ici la fin de l'année ».

« En 2020, nous avons réalisé 70% de croissance, boostés par le Covid, nos nouvelles solutions et de nouveaux clients comme Action Logement Services. Nous allons commencer notre développem­ent en Italie en 2021, qui présente plutôt un marché de PME. Nous y allons via des partenaire­s, pas encore en direct. Pour travailler en Europe, la condition sine qua none était d'avoir la main sur toute notre chaîne. Aujourd'hui, c'est donc possible. »

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