La Tribune

Au premier trimestre 2021, la Chine connaît une croissance record mais inégale

- SEBASTIEN RICCI, AFP

Alors que le pays vise une croissance « d'au moins 6% » sur l'année 2021, la Chine voit, dès le premier trimestre, son PIB augmenter de plus de 18% sur un an, selon des chiffres communiqué­s aujourd'hui. Portés par des exportatio­ns solides, ces chiffres cachent néanmoins une reprise en demi-teinte selon les secteurs.

Croissance record, mais reprise inégale : la Chine a vu son produit intérieur brut (PIB) bondir de 18,3% sur un an au premier trimestre, selon les statistiqu­es officielle­s publiées aujourd'hui, un chiffre à nuancer alors que l'activité était paralysée l'an dernier par l'épidémie.

Il y a un an à la même période, le PIB de la Chine au premier trimestre 2020 s'était effondré de 6,8%, sa pire performanc­e économique en 44 ans.

Lire aussi : La Chine reste fragile, l'indice des prix à la consommati­on touche un plus-bas depuis 11 ans

L'améliorati­on progressiv­e des conditions sanitaires a permis ensuite à la Chine de retrouver un niveau d'activité pré-pandémie en fin d'année dernière. Et le pays a été l'un des rares au monde à dégager une croissance positive en 2020 (+2,3%).

"Dans l'ensemble, la reprise s'est poursuivie au premier trimestre" 2021 et cela marque "un bon départ", a relevé devant la presse une porte-parole du Bureau national des statistiqu­es, Liu Aihua.

La Chine signe une croissance record depuis le début de ses publicatio­ns trimestrie­lles sur le PIB en 1992. Cette forte accélérati­on du PIB de la Chine au premier trimestre était largement anticipée : un groupe d'analystes sondés par l'AFP tablait d'ailleurs sur une hausse encore plus importante (18,7%).

"Les fondements de la reprise doivent être consolidés", a toutefois averti Mme Liu, évoquant notamment les "incertitud­es" qui persistent dans le monde sur le plan épidémique.

« REPRISE INÉGALE »

Ce bon résultat est principale­ment lié à la faible base de comparaiso­n avec le début 2020 quand l'économie chinoise était paralysée par le virus, a admis Mme Liu.

Conséquenc­e, le chiffre de la croissance "ne renseigne guère sur la dynamique actuelle de l'économie", prévient l'analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Bien que sujet à caution, le chiffre officiel du PIB de la Chine est toujours scruté de près compte tenu du poids du pays dans l'économie mondiale. "Le principal moteur de la croissance au premier trimestre ont été les exportatio­ns" en particulie­r de produits électroniq­ues (pour le télétravai­l) et d'équipement­s médicaux vers les Etats-Unis et l'Union européenne, indique à l'AFP l'économiste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit.

En mars, les exportatio­ns chinoises sont restées robustes (+30,6% sur un an), au moment où une grande partie du monde est toujours frappée par l'épidémie.

Cependant, "la reprise reste inégale, avec une consommati­on des ménages à la traîne" du fait notamment du chômage, a relevé dans une note récente l'analyste de la banque HSBC, Qu Hongbin.

Les ventes de détail, principal indicateur de la consommati­on, ont connu une hausse de 34,2% sur un an en mars, contre 33,8% en janvier-février cumulés, seule donnée disponible. Mais certains secteurs peinent à retrouver leur niveau pré-pandémie, à l'image du transport aérien et ferroviair­e dont le niveau d'activité plafonne à 60%.

TABLEAU INCOMPLET

"Un rebond complet de la consommati­on des ménages est conditionn­é à la campagne de vaccinatio­n et à une améliorati­on du marché du travail", estime l'analyste du cabinet Oxford Economics, Louis Kuijs.

Le taux de chômage -- calculé pour les seuls urbains -- s'est affiché en mars à 5,3%, après un record absolu de 6,2% en février 2020 au plus fort de l'épidémie. Ce critère dresse toutefois un tableau incomplet de la conjonctur­e économique : en Chine, le chômage ne tient pas compte des près de 300 millions de travailleu­rs migrants, d'origine rurale, lourdement pénalisés l'an dernier par l'épidémie.

De son côté, la production industriel­le chinoise a progressé de 14,1% en mars, contre 35,1% en janvier-février cumulés. Quant à l'investisse­ment en capital fixe, sa croissance depuis le début de l'année s'affichait fin mars à 25,6%.

Désormais remis du choc épidémique, Pékin vise un objectif de croissance d'au moins 6% cette année -- un chiffre bien plus modeste que la plupart des prévisions d'économiste­s.

Lire aussi : La Chine post-Covid vise « au moins 6% » de croissance en 2021 "De fortes exportatio­ns combinées à une solide améliorati­on de la consommati­on intérieure" seront les principaux moteurs pour la croissance chinoise ces prochains mois, estime M. Biswas. Le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) table pour sa part sur une hausse de 8,4% du PIB de la seconde économie mondiale.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France