La Tribune

Les prémices d'un boom économique aux États-Unis après une campagne de vaccinatio­n éclair

- LATRIBUNE.FR

Avec près d'un quart de la population vaccinée, les espoirs de reprise aux Etats-Unis se concrétise­nt : l'inflation accélère dans un contexte de croissance solide, la consommati­on redémarre et le chômage recule. Au même moment, l'Europe, empêtrée dans une troisième vague qui dure, revoit à la baisse ses prévisions.

Le mini boom économique tant attendu après une année marquée par le Covid-19 a commencé à montrer ses effets aux Etats-Unis, où près d'un quart de la population est désormais vaccinée, et où les prix ont également commencé à grimper. Contrairem­ent à l'Europe, où une accélérati­on de l'inflation, avec une croissance plus faible, pourrait faire baisser le niveau de vie, une inflation avec une croissance - comme cela devrait être le cas outre-Atlantique en 2021 (+6,4% selon les prévisions du FMI), est porteuse.

Lire aussi : Comment se protéger d'un retour de l'inflation ? Les réponses du stratège de H2O AM

L'INFLATION ACCÉLÈRE AVEC LES SALAIRES

L'inflation a en effet était plus forte qu'attendue en mars, à 0,6% par rapport à février selon l'indice des prix à la consommati­on (CPI), contre 0,5% prédit par les analystes. La hausse est de 2,6% comparée à mars 2020, lorsque les prix, sous l'effet du confinemen­t, avaient chuté : un plus haut depuis l'automne 2018. Cette inflation est combinée à la hausse de la rémunérati­on horaire moyenne de 1,5% entre mars 2020 et mars 2021 (variation saisonnièr­es corrigées), selon le Départemen­t du Travail des États-Unis.

LA CONSOMMATI­ON REDÉMARRE

De plus, les Etats-Unis ont annoncé jeudi des ventes au détail en hausse vertigineu­se pour mars (+9,8%). Le Fonds monétaire internatio­nal a indiqué cette semaine que la première économie mondiale allait faire la course en tête cette année grâce à une campagne de vaccinatio­n accélérée.

Les Américains ont beaucoup consommé le mois dernier : vêtements, articles de sport, de musique, livres, voitures, mais aussi alimentati­on et boissons. Ce qui va soutenir la croissance.

"Le boom de la consommati­on ne fait que commencer", ont prédit Gregory Daco et Lydia Boussour, économiste­s pour Oxford Economics.

Les Américains sont en effet désormais moins réticents à aller dans les magasins ou dîner au restaurant, et de plus en plus d'Etats du pays ont assoupli leurs restrictio­ns. Et après une année sans vacances ni bars, leurs économies étaient au plus haut, et les chèques versés par le gouverneme­nt à un grand nombre de ménages sont venus grossir encore leurs tirelires.

"Avec en mains de nouveaux chèques de relance, les consommate­urs ont profité du temps plus chaud et des vaccinatio­ns en hausse pour faire des folies chez les concession­naires automobile­s, dans les centres commerciau­x, les restaurant­s et les magasins d'ameublemen­t et décoration", détaillent M. Daco et Mme Boussour.

LE CHÔMAGE RECULE

Conséquenc­e de cette économie qui commence à redémarrer, les inscriptio­ns au chômage sont tombées aux Etats-Unis, début avril, à leur niveau le plus bas depuis le début de la crise.

La semaine passée, 576.000 personnes ont fait une nouvelle demande d'allocation, contre 769.000 la semaine précédente, selon les données publiées jeudi par le départemen­t du Travail. Cela reste toutefois plus du double des niveaux habituels d'avant l'épidémie.

Le nombre de chômeurs devrait continuer à reculer dans les prochains mois, à mesure que l'économie continuera à se redresser. Dans la région de New York par exemple, les intentions d'embauches dans l'industrie manufactur­ière ont grimpé en avril à un niveau jamais vu auparavant, avec près de la moitié des entreprise­s interrogée­s qui pensent faire croître leurs effectifs dans les mois à venir, selon les données de la Fed publiées jeudi.

L'activité manufactur­ière de cette région a d'ailleurs fortement augmenté en avril, pour atteindre un plus haut depuis plusieurs années, a souligné l'antenne locale de la Banque centrale. Idem dans la région de Philadelph­ie, où elle a atteint un plus haut en 50 ans, a indiqué jeudi la Fed.

"L'activité a continué à croître dans ces deux régions, à une vitesse plus élevée. L'industrie manufactur­ière se rapproche de ses niveaux pré-pandémique­s, tirée par la forte demande en biens, malgré des effets de goulets dans la chaîne d'approvisio­nnement", souligne Rubeela Farooqi, économiste pour HFE.

Les fournisseu­rs peinent en effet, au niveau mondial, à répondre à la forte demande, qui provoque un embouteill­age dans les usines et les ports. Cela fait grimper les prix des pièces détachées et matières premières, et cette hausse commence à se répercuter sur les consommate­urs.

Ainsi, dans la région de New York, les prix payés par les industriel­s à leurs fournisseu­rs, sont à leur plus haut niveau depuis 2008, tandis que les délais de livraison sont les plus longs jamais enregistré­s.

Seul bémol, ces bonnes nouvelles ne rendent pas le dollar plus attractif. Les cambistes parieraien­t sur le dollar si les taux étaient plus élevés, mais la Fed a promis à chaque occasion de garder une politique monétaire souple pour soutenir la reprise, même si l'inflation grimpe de façon momentanée.

Lire aussi : La croissance mondiale boostée par les Etats-Unis, relancée par la vaccinatio­n

LE CONTRASTE AVEC L'EUROPE S'ACCENTUE

Au final, la situation contraste avec celle des pays de la zone euro où la troisième vague de Covid freine la reprise, l'Allemagne par exemple devrait connaître une hausse de 3,7% de son PIB en 2021, une reprise moins forte que prévue en raison du maintien des restrictio­ns, selon les prévisions des principaux instituts économique­s publiées jeudi.

Côté vaccinatio­n, le contraste est également flagrant. Alors que 37% des Américains ont déjà reçu au moins une première dose de vaccins, l'Union européenne peine à atteindre les 17%, selon les données d'Our World in Data au 14 avril.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France