La Tribune

Canal Seine-Nord Europe : le mode d'emploi expliqué aux entreprise­s régionales

- GAETANE DELJURIE, CORRESPOND­ANTE A LILLE

Le démarrage du "chantier du siècle" de la région est imminent. Pour faire respecter la promesse de faire bénéficier les Hauts-de-France d'un maximum de retombées économique­s, la Société du Canal Seine-Nord Europe (SCSNE), en partenaria­t avec le conseil régional, la CCI et Pôle Emploi, ont sorti l'artillerie lourde pour trouver les compétence­s nécessaire­s au projet.

C'est un projet clé pour la future campagne des régionales dans les Hauts-de-France. A preuve, les propos du président sortant, Xavier Bertrand, en soutien du Canal Seine Nord : « je ne suis pas fou : je sais qu'il y a des règles mais je peux vous garantir qu'on va faire le maximum pour donner prioritair­ement des marchés aux entreprise­s régionales », a récemment expliqué le président du conseil régional qui a toujours soutenu le projet, en tant président du conseil de surveillan­ce de la Société du Canal Seine-Nord Europe (SCSNE). « L'équipe de la maîtrise d'ouvrage a toujours eu la même obsession que moi : donner du travail aux entreprise­s des Hauts-de-France, c'est une évidence », a-t-il répété lors d'un webinair de présentati­on des dispositif­s aux entreprise­s.

Les chiffres sont pharaoniqu­es : les 107 kilomètres du futur canal Seine-Nord, ce « chainon manquant » entre Compiègne dans l'Oise et Aubencheul-au-Bac dans le Nord, nécessiter­ont de construire 60 ponts, 6 grandes écluses, 3 ponts à canaux et d'aménager 700 hectares.

6.000 EMPLOIS, 29 MÉTIERS

Le chantier va durer huit années, avec jusqu'à 6.000 emplois mobilisés à travers 29 métiers différents. Pour creuser le canal, il faudra 1.000 conducteur­s de poids lourds ou engins et ouvriers. La constructi­on des ponts et des écluses nécessiter­a 500 coffreurs, ferrailleu­rs et soudeurs. Pour rétablir les routes, 300 ouvriers de voirie seront recrutés.

Sans oublier toutes les compétence­s annexes, comme les avitailleu­rs, les grutiers, les monteurs, les topographe­s, les ingénieurs, les mécanicien­s, les ouvriers spécialisé­s en espaces verts, les écologues, ainsi que près de 300 personnels d'encadremen­t... Au-delà de la constructi­on pure et dure, il faudra assurer les emplois indirects, dans les activités du transport, du nettoyage, de la restaurati­on, de l'hébergemen­t, de la sécurité, etc.

Tout va désormais aller très vite. Les premiers travaux de voirie commencero­nt d'ici quelques semaines. Les opérations concernant des quais démarreron­t en septembre. Fin 2022, le cours de l'Oise sera détourné, ce qui marquera le top départ du creusement du canal à proprement parler.

DISPOSITIF IMPRESSION­NANT

En attendant, le dispositif destiné à mobiliser les entreprise­s régionales est impression­nant. Les plannings prévisionn­els des marchés publics sont consultabl­es à horizon de deux ans (avec mise à jour tous les trimestres). « La démarche Grands Chantiers permet un dialogue avec les entreprise­s en amont de la publicatio­n des marchés, dévoile Pierre-Yves Biet, directeur Partenaria­ts Territoire­s Europe de la SCSNE. Nous menons des actions de sourcing pour préparer, en toute connaissan­ce de cause, nos consultati­ons et nos allotissem­ents », conclut-il.

Les différente­s offres seront également relayées sur le site CCI Business (couvrant par ailleurs un périmètre bien plus large sur les opportunit­és de business régionales). Ce portail permettra surtout aux entreprise­s d'être référencée­s mais aussi d'identifier des partenaire­s potentiels, pour répondre ensemble aux marchés. Les sociétés peuvent s'inscrire dans des "communauté­s" et recevoir des notificati­ons par email.

Un guichet unique répondra aux questions des entreprise­s, avec un seul numéro de téléphone : 03 74 27 00 27. « L'enjeu est d'informer mais aussi de former les plus petites entreprise­s à la commande publique, à travers trois modules de formation, dispensés via une vingtaine de sessions par an », souligne David Brusselle, directeur général de la CCI Hauts-de-France. Cinq « matinales de la commande publique » seront organisées cette année dans les différents territoire­s des Hautsde-France et une date concernera l'ensemble de la région en fin d'année. Une première matinale, organisée en décembre dernier, a déjà permis des rencontres entre la Société du Canal et les entreprise­s.

RECRUTEMEN­TS ET CLAUSES D'INSERTION

Le chantier pose également la question cruciale du recrutemen­t pour les sociétés candidates. Pour Frédéric Danel, directeur régional de Pôle Emploi, « le dispositif Canal Emploi va répondre à trois enjeux majeurs : lister les compétence­s et préparer les profils pour que les opportunit­és d'emplois bénéficien­t aux actifs de la région, aider les entreprise­s à trouver le bon candidat au bon moment et coordonner l'ensemble des moyens (formation, embauche, logement, etc.). »

Pôle Emploi a d'ailleurs mis en place une adresse mail unique avec canal-emploi@pole-emploi.fr . « Nous aurons des référents dédiés, sensibilis­és aux particular­ités des postes et des métiers, à proximité des futurs lieux de chantier », explique Bruno Cottenet, coordinate­ur Pôle Emploi régional du Canal Seine Nord Europe. « Des ambassadeu­rs seront spécialeme­nt informés dans les équipes Pôle Emploi et chez les partenaire­s de l'emploi, afin de sensibilis­er les publics », conclut-il.

Olivier Coustenobl­e, directeur général adjoint du pôle soutien au travail au Conseil régional des Hauts-de-France a rappelé que la Région, compétente en matière de formation profession­nelle (avec un budget de 400 millions d'euros par an), « a déjà engagé 50 millions avec Pôle Emploi pour former aux futurs métiers du canal. »

AIDES FINANCIÈRE­S

Autre dispositif, Canal Solidaire vise à faciliter l'intégratio­n des clauses d'insertion par l'activité économique (CIAE). « Nous avons mis en place un coordinate­ur départemen­tal référent pour chaque marché clausé, pour aider à assurer la réalisatio­n de la condition d'exécution contractua­lisée et la rendre la plus simple possible », explique Pascale Bantegnies, représenta­nte des six conseils départemen­taux impliqués (Nord, Pas-de-Calais, Somme et Oise mais aussi Aisne et Val d'Oise).

Point d'orgue de l'accompagne­ment des futures entreprise­s candidates, des aides financière­s sont disponible­s : le conseil régional peut faciliter l'achat de matériel et des équipement­s nécessaire­s, par le biais d'avances remboursab­les (avec différé de remboursem­ent). Si l'entreprise estime ne pas avoir la surface financière suffisante, la Région peut aussi prendre une participat­ion au capital de l'entreprise, pour une durée limitée, afin d'atteindre une masse critique et ainsi lui permettre d'obtenir d'autres financemen­ts bancaires.

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