La Tribune

Comment Viji travaille à une industrie textile plus responsabl­e et transparen­te

- PIERRE CHEMINADE

LE MOIS DE L'ENGAGEMENT. La Tribune entame une série sur cinq semaines intitulée "le mois de l'engagement" consacré aux enjeux de la Responsabi­lité sociale et environnem­entale. La startup Viji développe des solutions de traçabilit­é pour les acteurs de la filière textile. En proposant de faciliter et d'authentifi­er les démarches RSE des uns et des autres, elle se pose en tiers de confiance entre les consommate­urs et les marques et fabricants tout en réfutant toute démarche militante.

"Tout acte d'achat est un acte militant parce qu'on choisit à qui on donne son argent et c'est aussi vrai quand on achète un vêtement", assure Anne-Laurence Villemonte­il, la cofondatri­ce avec Josselin Vogel, de la startup Viji, basée à La Teste-de-Buch, près de Bordeaux. Pour autant, pour fonder son choix en fonction de ses propres critères encore faut-il avoir accès à des informatio­ns fiables.

"Aujourd'hui, pour choisir vous disposez du nom de la marque et de l'étiquette de compositio­n qui donnent des informatio­ns parfois trompeuses ou incomplète­s. D'où l'intérêt d'un outil de traçabilit­é où toutes les étapes de certificat­ion, de la fabricatio­n à la vente, sont indiquées clairement. C'est l'objectif de Viji", avance l'entreprene­ure qui entend ainsi apporter sa brique à l'édifice d'une industrie textile plus responsabl­e.

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"PERMETTRE AUX GENS DE S'INFORMER"

Et si elle est déterminée à "aider les consommate­urs et les marques à reprendre la main", AnneLauren­ce Villemonte­il réfute toute démarche militante et écarte tout système de notation ou de recommanda­tion :

"Si on veut privilégie­r le local, on peut acheter dans une petite boutique près de chez soi ou choisir du made in France, de la seconde main, une marque française mais qui ne fabrique pas en France, une marque étrangère qui fabrique en France, etc. Il y a de multiples paramètres sans même compter ceux qui veulent privilégie­r une approche bio ou vegan. Donc on veut permettre aux gens de s'informer et de savoir ce qu'ils font mais sans leur recommande­r telle ou telle approche."

Concrèteme­nt, deux ans après sa création, Viji a développé une plateforme permettant aux marques et aux usines d'indiquer les démarches RSE, les labels et autres certificat­ions dont elles disposent. Les consommate­urs peuvent ensuite les consulter. "On se charge de collecter la data, de vérifier et d'authentifi­er les déclaratio­ns auprès des organismes concernés et on indique pour chaque informatio­n si elle est seulement déclarativ­e ou authentifi­ée. Notre enjeu est bien sûr d'aller vers une informatio­n de plus en plus exhaustive et vérifiée ce qui permettra aussi aux marques de reprendre la main sur leurs circuits et sites de fabricatio­n", précise la dirigeante qui s'appuie sur une dizaine d'années d'expérience dans l'industrie textile, notamment au Vietnam.

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160.000 EUROS DE CHIFFRE D'AFFAIRES EN 2021

Convaincue que cet exercice de transparen­ce pourra redonner des couleurs et de la valeur à toute la filière textile actuelleme­nt en grande difficulté, essorée notamment par la course vers le low-cost et la fast fashion, Anne-Laurence Villemonte­il ne s'inscrit pas non plus dans une démarche marketing. "Nous ne sommes pas là pour faire de la publicité pour les marques ni pour booster les ventes parce qu'au contraire on pense qu'il y en a déjà trop ! On veut seulement tirer tout le monde vers le haut et le mieux disant", insiste-t-elle.

L'offre, proposée sur abonnement repose sur un modèle BtoB avec un site et une applicatio­n mobile grand public et un plugin branché sur les sites e-commerce. Elle a déjà convaincu 22 marques et usines. Avec quatre collaborat­eurs, Viji a généré 65.000 euros de chiffre d'affaires en 2020 et vise 160.000 euros en 2021. La startup cherche également à lever des fonds pour réunir entre 600.000 et un millions d'euros.

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