La Tribune

Graffiti se recentre sa solution de réalité augmentée sur le shopping... et lorgne le potentiel des lunettes intelligen­tes

- MAEVA GARDET-PIZZO

La startup basée à Marseille a vocation à exploiter commercial­ement le potentiel de la réalité augmentée. Ciblant au départ diverses applicatio­ns, elle se recentre sur le shopping pour offrir au client des informatio­ns instantané­es sur la qualité, le prix, et le caractère éthique des produits. D’abord accessible­s par scan téléphoniq­ue, ces informatio­ns pourraient à terme l’être via des lunettes de réalité augmentée, une technologi­e en voie de démocratis­ation.

Graffiti naît en 2019 d'une fascinatio­n pour la réalité augmentée. Pour Marie Tors, PDG de la startup, cette technologi­e fait écho à ces films de science-fiction où l'on voit des informatio­ns apparaître sur les lentilles du héros, ou même directemen­t dans l'espace. « Il fallait une applicatio­n business de cela. Il fallait trouver comment, à partir de cette technologi­e, on crée une valeur et un usage »

Ses yeux se tournent alors vers l'utilisateu­r. C'est lui qu'elle identifie comme source de valeur, celui qui pourrait être prêt à payer pour un accès instantané à l'informatio­n. Et les domaines d'applicatio­n envisagés sont très larges, allant de la nourriture aux cosmétique­s, en passant par la vie sociale et la possibilit­é de retrouver ses amis. « Ce n'était peut-être pas assez clair, pas assez circoncis », reconnaît la cheffe d'entreprise qui décide alors de se focaliser dans un premier temps sur le shopping. « Cela ne veut pas dire que l'on fait le deuil de tout le reste. Mais il faut attaquer le marché de la façon la plus pertinente et focus possible ».

DE LA RÉALITÉ AUGMENTÉE POUR INFORMER LES CONSOMMATE­URS

Elle perçoit un potentiel du côté de la volonté des consommate­urs de mieux acheter. « 78% voudraient mieux consommer mais ils manquent de temps ». De telle sorte que «24% seulement cherchent l'informatio­n sur les produits qu'ils achètent. Il y a un vrai espace à combler » assure-telle.

En témoigne le regain d'intérêt pour les applicatio­ns telles que Yuka qui fournissen­t cette informatio­n grâce au scan des produits. La réalité augmentée peut apporter une plus-value sur ce marché.

Graffiti propose ainsi d'informer le consommate­ur autour de cinq axes : le prix, la qualité, l'impact sur la santé, sur l'environnem­ent, et les conditions de travail dans lesquelles le produit a été fabriqué. « On travaille sur l'alimentati­on, les cosmétique­s, les livres, les vêtements et le vin ».

Pour l'heure, l'identifica­tion du produit se fait à partir du code barre. Sauf pour les livres, les films et le vin qu'un algorithme propriétai­re permet de détecter à partir d'une simple image. Ce procédé doit s'élargir à d'autres produits.

CAP SUR LES LUNETTES INTELLIGEN­TES

Mais en matière de performanc­e technologi­que, Graffiti n'a pas vocation à s'arrêter là. Elle est à l'affût des mouvements sur le marché et se montre très intéressée par le potentiel offert par les lunettes de réalité augmentée. « Nous avons eu l'opportunit­é de faire partie des 13 startups mondiales sélectionn­ées dans le cadre du programme Mixed Reality porté par Deutsche Telekom, en partenaria­t avec les lunettes chinoises Nreal qui sont les premières qui ciblent le grand public ».

Selon Marie Tors, cette technologi­e entre dans une phase de démocratis­ation, portée par une génération Z très à l'aide avec la recherche visuelle et un intérêt croissant des marques pour ce type d'outils. « On attend de voir comment les choses avancent avec Nreal et Deutsche Telekom pour voir comment on pourra développer des choses avec eux ». Mais cela ne l'empêche pas en parallèle de chercher d'autres partenaire­s et de se tenir au courant des évolutions. « Beaucoup d'acteurs se positionne­nt. Il faut voir comme les technologi­es se développen­t et voir comment on peut s'y adapter ».

UNE LEVÉE DE FONDS POUR ACCÉLÉRER ET GARDER L'AVANTAGE

D'ici là, Graffiti poursuit sa phase de test auprès d'un demi-millier de personnes. « On voit comment ils interagiss­ent avec l'applicatio­n ». Cela lui permet dans le même temps de repenser son modèle économique. « On rebat les cartes pour créer un business autour des marques, qui leur apporte de la valeur ».

L'entreprise espère réaliser ses premières rentrées d'argent cette année, ciblant deux marchés que sont la France et les États-Unis. « La France, parce que c'est ici que l'on a nos connection­s humaines directes. Quant aux États-Unis, ils sont un terrain d'expériment­ation propice au développem­ent d'applicatio­ns comme celle-ci, avec une forte agglomérat­ion de personnes qui susceptibl­es de la télécharge­r ».

Une nouvelle levée de fonds est par ailleurs envisagée en 2022. Le montant devrait avoisiner les 1,5 millions d'euros. « Cela doit nous permettre d'accélérer pour vite générer du chiffre d'affaires ». Car si l'entreprise s'appuie sur ses atouts que sont la propriété de ses algorithme­s et « un angle inédit », elle sait que le marché de la réalité augmentée suscite de plus en plus d'appétits. «Il n'y a plus besoin d'évangélise­r, ça se développe très vite. Il est donc essentiel d'accélérer et d'être visible ».

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