La Tribune

Régionales : Alain Rousset repart en campagne en Nouvelle-Aquitaine

- PIERRE CHEMINADE

"Oui, je repars !" Président du conseil régional d'Aquitaine puis de NouvelleAq­uitaine depuis 1998, un record de longévité, le socialiste Alain Rousset officialis­e sa candidatur­e à un 5e mandat. Dans une campagne qui s'annonce serrée, il met en avant sa connaissan­ce du territoire, son bilan et ...

"Oui, je repars !" Président du conseil régional d'Aquitaine puis de Nouvelle-Aquitaine depuis 1998, un record de longévité, le socialiste Alain Rousset officialis­e sa candidatur­e à un 5e mandat. Dans une campagne qui s'annonce serrée, il met en avant sa connaissan­ce du territoire, son bilan et son choix de prioriser l'emploi et l'économie, sans oublier la transition écologique.

Souvenez-vous, c'était en 1998. La France allait être championne du monde de football pour la 1ere fois et le socialiste Alain Rousset, 47 ans, arrachait la région Aquitaine à la droite en remportant l'élection régionale au 3e tour. 23 ans plus tard, le président du conseil régional, qui englobe la Nouvelle-Aquitaine depuis 2016, a officialis­é ce 20 avril 2021 sa candidatur­e à un 5e mandat. Quelques jours après Geneviève Darrieusec­q, la ministre-candidate des partis centristes, Alain Rousset a choisi les locaux d'Héméra à Bordeaux Ravezies pour confirmer une candidatur­e qui ne faisait plus aucun doute depuis plusieurs mois.

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"Ce n'est pas banal d'être accueilli par une entreprise privée quand on lance une campagne électorale et qu'on est à gauche... C'est symbolique de l'engagement qui est le mien depuis longtemps maintenant", a glissé le candidat avant de confirmer : "Oui, je repars si les habitantes et habitants de Nouvelle-Aquitaine veulent bien me faire de nouveau confiance. [...] J'ai quand même 70 balais mais la passion est là, totale et entière, et l'expérience aussi !"

Avec le slogan "les talents de nos territoire­s, l'union de nos énergies", la liste emmenée par Alain Rousset réunira des socialiste­s, des communiste­s, des représenta­nts de Place publique et d'autres de la société civile. En revanche, les alliés écologiste­s mèneront leur propre liste au premier tour avec Nicolas Thierry en tête de liste. Une configurat­ion qui - selon des sondages réalisés il y a déjà plusieurs mois - placerait au coude à coude les socialiste­s, les écologiste­s, les centristes de Geneviève Darrieusse­cq et l'extrême droite d'Edwige Diaz, tandis que l'alliance de la droite de Nicolas Florian serait située un cran en-dessous. "Je ne crois pas au risque Front national dans la région. S'agissant du second tour, j'aime bien les fonctionne­ments à l'Allemande avec des coalitions autour de projets partagés entre la gauche, les Verts, le PC... Mais, oui c'est le groupe qui arrivera en tête qui définira la politique de la Région", estime Alain Rousset.

PRIORITÉ À L'EMPLOI

Entouré de Wiame Benyachou, dirigeante de l'Atelier Remue-Ménage, de Bixente Etcheçahar­reta, président de l'associatio­n Des Territoire­s aux Grandes Ecoles, Martin Palisse, directeur du Sirque, et de Rémi Justinien, élu PS de Charente-Maritime et délégué de l'associatio­n MER (matières, énergies rochelaise­s), Alain Rousset a décliné son amour de la région et vanté son bilan. Il a ainsi égrené les nombreux projets de développem­ent économique portés, aidés ou accompagné­s par le conseil régional ces dernières années : le projet Ferrocampu­s à Saintes, Neurocampu­s à Bordeaux, les chantiers ferroviair­es, le groupe de travail sur la relocalisa­tion des médicament­s, l'accompagne­ment d'entreprise­s telles qu'Alsapan, Catalent ou encore Treefrog Therapeuti­cs.

"Est-ce que j'ai encore des idées et des projets dans ma besace ? Mille fois oui !", lance le président sortant, qui entend se faire réélire sur son bilan et peut notamment compter sur le soutien affiché par 1.200 personnali­tés locales.

"J'ai des priorités, notamment sur l'entreprise et l'emploi et sur l'égalité des chances. Cela suppose de faire des choix et d'y mettre les moyens au lieu de saupoudrer pour financer des salles des fêtes, des ronds-points et des bouts de routes [...] L'emploi c'est aujourd'hui la priorité des Français et des Néo-Aquitains", met en avant l'élu socialiste qui se targue "d'une relation de confiance avec le monde économique et celui de la recherche".

JARDIN ET TRANSITION­S

Mais Alain Rousset n'oublie pas de cultiver un discours écologiste en mettant en avant la feuille de route Neo Terra votée par le conseil régional mi-2019. Sa campagne mettra l'accent sur les transition­s écologique et énergétiqu­e, économique et industriel­le, numérique, territoria­le et humaine. Celui a défendu pendant 18 ans la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, inaugurée en 2017, porte désormais son prolongeme­nt au Sud vers l'Espagne : "Il faut aller jusqu'à l'Espagne, c'est ce que l'Europe attend de nous avec une 2e voie ferroviair­e pour éviter les 10.000 camions quotidiens qui polluent notre région et détruisent son environnem­ent", assure Alain Rousset.

Et le président du conseil régional de filer la métaphore : "Je suis d'abord un jardinier parce que préserver le cadre de vie c'est un des défis majeurs de notre Région et parce que j'aime semer, tailler, planter, prendre soin de la terre, regarder pousser et cueillir les fruits de tout ça." Attaqué par ses adversaire­s sur sa pratique centralisa­trice du pouvoir et visé par une enquête du parquet national financier sur le déroulemen­t de la campagne de 2015, Alain Rousset veut esquiver "des attaques personnell­es" et préfère parler projets. "Que mes adversaire­s viennent m'attaquer sur mon bilan, qu'ils viennent me dire que tel ou tel projet est une connerie et qu'il ne fallait pas le faire ! Là on pourra discuter du fond... mais j'attends encore les idées de toutes parts", réplique le président sortant.

"UN MODÈLE AQUITAIN"

Quant aux critiques de Geneviève Darrieusse­cq sur sa longévité - "plus un élu dure longtemps, moins il échange, moins il écoute. Il faut une alternance et du sang neuf" - Alain Rousset y répond vertement : "Geneviève Darrieusse­cq a disparu du territoire depuis cinq ans. Connaît-elle le territoire ? Connaît-elle le lycée de Felletin, les entreprise­s de La Courtine ? A-t-elle eu l'idée de faire une école vétérinair­e à Limoges ? Qu'est-ce qui n'a pas été fait sur le plan économique ? Nous avons créé 36% de l'emploi industriel net de France en 2019 (*). Mais nous n'avons jamais réussi à faire remonter dans les débats parisiens qu'il y avait un modèle économique, industriel et technologi­que aquitain qui suppose de la confiance, des aides aux entreprise­s et beaucoup d'argent pour créer des PME et des ETI, à l'Allemande Je veux être réélu sur mon bilan !"

(*) Selon Alain Rousset, cette estimation provient directemen­t du cabinet de la ministre de l'Industrie. Selon l'Insee, avec 3.100 créations nettes d'emplois industriel­s en 2019, la région Nouvelle-Aquitaine pèse 29 % des 10.700 créations nettes d'emplois industriel­s enregistré­es au niveau national la même année.

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