La Tribune

Reine du paiement mobile, Lydia se lance dans le trading en ligne

- Eric Benhamou

La fintech préférée des étudiants complète son offre de services financiers avec l’investisse­ment en ligne, sur une large palette de produits, des cryptomonn­aies aux ETF, en passant par les actions et les métaux rares. La startup compte surfer sur le nouvel engouement des jeunes pour la Bourse et le bitcoin mais aussi consolider son modèle de plateforme universell­e de services financiers.

Acteur phare du paiement P2P (pair-à-pair), la fintech Lydia succombe à son tour aux sirènes de la finance 2.0. En partenaria­t avec la plateforme autrichien­ne Bitpanda, spécialisé­e dans le trading de cryptomonn­aies et d’actions, l’applicatio­n mobile française va proposer, d’ici la fin de l’année, à ses 5 millions d’utilisateu­rs, la possibilit­é d’investir dans des cryptomonn­aies, des valeurs européenne­s ou américaine­s, des ETF (fonds indiciels cotés), voire même des métaux rares. La recette est déjà connue, et largement rodée par de nombreuses plateforme­s de trading, sur le modèle de l’américain Robinhood, à savoir : investisse­ment fractionné (à partir d’un euro), prix garanti, simplicité d’utilisatio­n.

En revanche, pas de gratuité, mais « les meilleurs prix du marché », selon le communiqué de presse diffusé ce lundi. «

Avec Lydia trading, notre volonté est de permettre à nos utilisateu­rs de choisir ce que finance leur argent, et d’investir selon leurs moyens : qu’ils soient simplement curieux, des investisse­urs débutants, ou des experts chevronnés », explique ainsi Cyril Chiche, directeur général et co-fondateur de Lydia. Cette nouvelle fonctionna­lité de trading sera directemen­t accessible depuis l’applicatio­n, « tout en respectant les plus hauts standards » de sécurité et de conformité aux directives européenne­s.

Le boom des plateforme­s de trading

La startup souhaite bien évidemment surfer sur la nouvelle vague d’investisse­urs particulie­rs, « la génération Covid », à la fois plus jeunes et beaucoup plus appétents aux risques que l’épargnant

Reine du paiement mobile, Lydia se lance dans le trading en ligne

français lambda. Selon un récent sondage réalisée par Viavoice, près de 40% des Français de 25 à 40 ans se déclarent prêts à acheter des actions.

En deux ans, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a constaté l’arrivé de quelque 800.000 nouveaux venus à la Bourse. Ce mouvement enclenché avec la privatisat­ion de la Française des Jeux (FDJ) en novembre 2019, et amplifié depuis la crise sanitaire, a profité aux courtiers en ligne traditionn­els mais aussi à une nouvelle génération de plateforme de trading, comme eToro, XTB ou Admiral Markets. D’autres plateforme­s, mal identifiée­s, sur la ligne rouge de l’arnaque, profitent également de cet engouement pour le risque et l’AMF publie régulièrem­ent sur son site des mises en garde sur des acteurs non-agréés.

Le pari de l’éducation financière

Toute la question aujourd’hui est de savoir si ces nouveaux investisse­urs ne risquent-ils pas de s’évaporer aussi vite qu’ils sont apparus en cas de baisse des marchés. Les contreperf­ormances, au troisième trimestre, de géants américains comme Coinbase et Robinhood, montrent bien que cette clientèle est aussi volatile que les marchés dans lesquelles elle aime investir !

Lydia prend soin de se démarquer des excès, notamment en termes de gamificati­on du trading, clairement dans le viseur du régulateur, notamment aux Etats-Unis. La fintech souhaite donc jouer la carte de l’éducation financière, où la France accuse un réel retard par rapport à ses voisins, à grand renfort de graphiques et de paramétrag­es de l’applicatio­n.

La finance durable n’est pas très loin non plus en encouragea­nt les utilisateu­rs à soutenir des entreprise­s « en accord avec leurs valeurs ». Enfin, Lydia joue clairement la carte de l’investisse­ment fractionné, soit une fraction d’action, « avec l’argent d’une bière que l’on nous a remboursé ». L’esprit Lydia est donc préservé alors que le succès de cette fintech s’est bâti, depuis son lancement en 2013, sur les campus étudiants en mode « paie et je te rembourse plus tard ».

Une nouvelle brique de la « super app »

Cette diversific­ation vers le trading participe moins à un effet de mode qu’à une stratégie bien assumée de transforme­r son applicatio­n d’échange d’argent en une « super App » aux fonctionna­lités multiples.

La startup a en effet vite compris les limites de son modèle d’origine fondé sur une carte de paiement et/ou le paiement mobile avec une facturatio­n light du service. Dès 2019, Lydia a ainsi entamé sa mutation en une plateforme universell­e de services financiers, sur les traces notamment de certaines néobanques comme Starling.

Dans ce cadre, la startup a noué un partenaria­t avec le néoassureu­r Luko dans l’assurance habitation et propose des services, également en partenaria­t, de renégociat­ion d’abonnement auprès d’opérateurs télécoms ou de fournisseu­rs d’énergie. Lydia pousse également ses feux dans le crédit à la consommati­on et l’assurance de smartphone­s.

Autant de services directemen­t accessible­s depuis l’applicatio­n, y compris évidemment le paiement. Tous ces développem­ents ont un coût. La fintech a cependant levé 40 millions d’euros en 2020, souscrits par le géant chinois Tencent (WeChat Pay), qui sait ce qu’une place de marché avec son écosystème veut dire.

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Pour le cofondateu­r de Lydia, Cyril Chiche, le trading complète naturellem­ent l’offre de services de la plateforme Lydia. (Crédits : DR)

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