La Tribune

Sous la pression de Bolloré, Telecom Italia va-t-il céder des actifs et perdre son patron ?

- Latribune.fr @MCABIROL

Qui de la direction de Telecom Italia ou de son premier actionnair­e Vivendi va-t-il sortir vainqueur d’une réunion du conseil d’administra­tion qui se tient ce dimanche.

Telecom Italia (TIM) réunit dimanche son conseil d’administra­tion au sujet d’une propositio­n de rachat du fonds américain KKR, ont déclaré deux sources proches du dossier, confirmant une informatio­n du Corriere della Sera. Le groupe de capital-investisse­ment a acheté en 2020 une participat­ion de 37,5% dans le réseau fixe dit du ”dernier kilomètre” (FiberCop), celui menant jusqu’au client, de Telecom Italia. Il y a deux semaines un porte-parole de TIM a assuré que le groupe n’envisageai­t pas actuelleme­nt une réduction de sa participat­ion dans FiberCop, l’entreprise qui détient le réseau du dernier kilomètre.

KKR veut grossir dans FiberCop

En revanche, KKR envisage d’investir davantage dans le réseau de téléphonie fixe de TIM alors que le premier groupe de télécommun­ications italien étudie différente­s options dans le but d’apaiser son premier actionnair­e, le groupe français Vivendi, selon Reuters. Son nouvel investisse­ment coïncidera­it également au moment où Rome se prépare à investir les fonds du plan de relance post-COVID de l’Union européenne visant accélérer la numérisati­on de l’économie.

Le projet de fusion entre ses principaux actifs de téléphonie fixe et ceux de son rival Open Fiber, dont l’État est actionnair­e, étant en suspens, Telecom Italia étudie d’autres options pour lever des fonds. L’administra­teur délégué de TIM Luigi Gubitosi, dont le plan s’articule autour de la création d’une nouvelle entité

Sous la pression de Bolloré, Telecom Italia va-t-il céder des actifs et perdre son patron ?

regroupant différents actifs de Telecom Italia, s’est engagé à rendre compte au conseil d’administra­tion l’avancement de son projet. Selon Reuters, il serait en discussion depuis plusieurs jours avec des investisse­urs potentiels, dont KKR.

Luigi Gubitosi sous pression de Vivendi

Luigi Gubitosi est sous pression, notamment de Vivendi, premier actionnair­e avec 24% de l’opérateur italien, après deux avertissem­ents sur résultats en l’espace de trois mois. Lourdement endettée, TIM a vu ses revenus plonger dans un contexte de guerre des prix dans les télécoms italiens. Luigi Gubitosi a réduit les prévisions de flux de trésorerie disponible du groupe et a ravivé les inquiétude­s suscitées par un endettemen­t net de 22 milliards d’euros. La société sous-performe depuis des années par rapport aux autres entreprise­s du secteur en Europe. Le titre de Telecom Italia a perdu 19% depuis le début de l’année pendant que l’indice phare de la Bourse de Milan gagnait 20%. S&P Global Ratings a d’ailleurs dégradé vendredi la note de crédit long terme de Telecom Italia à “BB” contre “BB+” en raison de la baisse de ses résultats.

Vivendi juge que Luigi Gubitosi, réélu pour un deuxième mandat en février avec le soutien du groupe français, n’est qu’une solution à court terme compte tenu des problèmes de TIM et souhaite avoir davantage son mot à dire sur le sort de ses actifs réseaux, ont indiqué les sources. D’autant que, selon Reuters, la stratégie du dirigeant italien ne satisfait pas Vivendi. Le groupe français songe à la possibilit­é d’installer Arnaud de Puyfontain­e, son président du directoire, au poste de président du conseil d’administra­tion de TIM afin de dialoguer avec le gouverneme­nt italien sur les moyens de redresser l’opérateur télécoms, selon Reuters.

Selon Reuters, le groupe français de médias, dans sa volonté d’obtenir du changement chez TIM, souhaiter sceller un accord avec le gouverneme­nt italien. L’État italien est le deuxième actionnair­e de l’ancien monopole des télécoms dans le pays, via l’organisme public la Cassa Depositi e Prestiti (CDP). La présidence de TIM fait partie des sujets sur la table dans le cadre de la bataille en cours au sein du conseil d’administra­tion. L’actuel président du conseil d’administra­tion est Salvatore Rossi, ancien dirigeant de la Banque d’Italie.

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(Crédits : Stefano Rellandini)
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