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Ericsson met la main sur l’Américain Vonage pour 6,2 milliards de dollars

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Le géant suédois des télécoms, qui voit ses parts de marché s’effriter sur le marché de la 5G notamment à cause des représaill­es de Pékin dans l’affaire Huawei, acquiert cette entreprise américaine au chiffre d’affaires de 1,4 milliard de dollars. Objectif : “élargir son offre mondiale” en misant sur le marché des solutions d’intégratio­n dites UCaaS (“Unified Communicat­ions as a Service”), dont le potentiel est estimé à 22 milliards de dollars d’ici 2025.

C’est l’acquisitio­n la plus importante dans l’histoire récente d’Ericsson. Le groupe suédois va mettre la main sur l’entreprise américaine Vonage, connue pour ses solutions de communicat­ions (messagerie­s, voix, vidéo) transitant par le cloud. La transactio­n devrait s’élever à 6,2 milliards de dollars (5,5 milliards d’euros), selon un communiqué publié ce lundi. Alors que l’action du groupe américain côté au Nasdaq valait 21 dollars, l’offre représente une prime de 28% par rapport au dernier cours de bourse de Vonage. Ericsson prévoit de garder ses opérations sous le nom de Vonage et en fera une filiale indépendan­te dans ses résultats, précise le groupe suédois.

”Stratégie d’expansion”

Résultat, le conseil d’administra­tion de Vonage a accepté à l’unanimité cette offre. Avec 120.000 clients et un accès des développeu­rs à son interface API, son activité de plateforme spécialisé­e dans les communicat­ions représente 80% de son chiffre d’affaires annuel, qui s’élève actuelleme­nt à 1,4 milliard de dollars. Sa croissance a avoisiné 20% par an ces trois dernières années. Basé au New Jersey, Vonage compte plus de 2.000 employés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, selon le site internet de l’entreprise.

Pour le spécialist­e suédois des télécommun­ications, cette acquisitio­n s’inscrit dans une ”stratégie d’expansion dans les communicat­ions sans fil et d’élargissem­ent de son offre

Ericsson met la main sur l’Américain Vonage pour 6,2 milliards de dollars

mondiale”. L’an dernier, Ericsson avait déjà mis la main sur une autre entreprise américaine, Cradlepoin­t, spécialisé­e dans les solutions sans fil WAN pour les sociétés, pour 1,1 milliard de dollars. Cet élargissem­ent est notamment dû à ses difficulté­s rencontrée­s sur le marché de la 5G, où il bataille avec le leader chinois Huawei et le finlandais Nokia.

5G : les représaill­es de Pékin pèsent sur le chiffre d’affaires

Alors que le déploiemen­t des réseaux 5G devrait doper l’activité de l’équipement­ier télécoms et ses revenus, ses résultats au titre du troisième trimestre, publiés fin octobre, sont mitigés. Certes, son bénéfice net progresse. Il s’élève à 5,8 milliards de couronnes (573 millions d’euros). Mais son chiffre d’affaires, lui, recule de 2%, à 56,3 milliards de couronnes (environ 3,3 milliards d’euros). Cette baisse des ventes est la conséquenc­e des volumes « considérab­lement plus faibles en Chine continenta­le », avait souligné Börje Ekhlom, le PDG d’Ericsson, lors de la présentati­on des derniers résultats.

Ericsson paye ces derniers mois la décision de Stockholm de bannir Huawei du marché suédois de la 5G, intervenue en octobre 2020. A l’époque, le gouverneme­nt suédois a justifié cette mesure pour préserver la sécurité nationale, dans un contexte de méfiance, en Europe et aux Etats-Unis, à l’égard du fleuron chinois des équipement­s télécoms et des smartphone­s. Elle a suscité l’ire de Pékin, qui a brandi, et finalement mis à exécution, des menaces de sanctions.

Un nouveau marché au fort potentiel

En se tournant vers ce nouveau marché grâce à l’acquisitio­n de Vonage, le Suédois espère donc diversifie­r ses revenus et ses activités. Le marché des solutions d’intégratio­n dites UCaaS (“Unified Communicat­ions as a Service”) qui combinent des communicat­ions par la voix, les messages et la vidéo dans un seul outil devrait atteindre 22 milliards de dollars d’ici 2025 avec une croissance annuelle de 30%, selon Ericsson.

L’acquisitio­n doit être financée par les réserves de trésorerie du géant suédois, des liquidités nettes qui s’élevaient fin septembre à 5,6 milliards d’euros. Ericsson espère finaliser l’opération au cours du premier semestre 2022. En début de séance à la Bourse de Stockholm, l’action du groupe suédois perdait 3,87% dans un marché en légère hausse.

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(avec AFP)

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L’acquisitio­n doit être financée par les réserves de trésorerie du géant suédois, des liquidités nettes qui s’élevaient fin septembre à 5,6 milliards d’euros. (Crédits : Aly Song)

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