La Tribune

Le bijou connecté de MyEli cache bien des surprises

- Pierre Cheminade @PierreChem­inade

Conçu pour séduire et sécuriser une clientèle de jeunes femmes urbaines, le bijou connecté de la startup bordelaise MyEli se révèle plein de surprises. Fabriqué en France, adossé à un centre de recherche d’excellence et soutenu par des actionnair­es issus du monde du football, ce bracelet, qui vient de recevoir un prix en vue du CES 2022, lorgne même du côté de la 5G. Parallèlem­ent, sa dirigeante Ludivine Romary prépare une levée de fonds.

Un simple bracelet, un simple clic et un simple SMS d’alerte envoyé à la personne de son choix en cas de danger. Le concept derrière la création de la startup MyEli, fin 2019, par quatre étudiantes de l’Inseec est simple. Simple sur le papier parce qu’en pratique c’est autre chose. A 26 ans, Ludivine Romary, l’une des cofondatri­ces, est désormais seule aux commandes de cette TPE. Accompagné­e depuis un an par Bordeaux Technowest, elle vient de lancer son produit sur le marché pour les fêtes de fin d’année et mesure tout le chemin parcouru.

Deux centres de recherche en appui...

Avec le Toulousain Fabien Blancafort, son directeur technique recruté sur Malt en freelance et désormais associé au sein de MyEli, elle a développé le bracelet, prototype après prototype. ”Fabien, qui est ingénieur en système embarqué, a codé et construit la puce qui contient l’antenne Bluetooth. Le plus compliqué a été de tout miniaturis­er pour que ça tienne dans le bijou de 1,8 cm de diamètre”, raconte Ludivine Romary. Dans ce projet, MyEli a pu compter sur le soutien des équipes du Catie (Centre aquitain des technologi­es de l’informatio­n et électroniq­ues) qui ont travaillé avec Fabien Blancafort sur le prototype du produit fini dans le cadre d’une prestation tremplin innovation financée par ADI Nouvelle-Aquitaine.

Le bijou connecté de MyEli cache bien des surprises

”Nous avons aussi travaillé avec le Cisteme [Centre d’ingénierie des systèmes en télécommun­ications, électro-magnétisme et électroniq­ue] pour créer l’antenne Bluetooth et la zone de clearance [autorisati­on de connexion] de 30 mètres”, poursuit Ludivine Romary qui, en parallèle, s’est activée sur la structurat­ion de la fabricatio­n régionale et française du produit.

Ludivine Romary et son bracelet connecté MyEli (crédits : MyEli).

”Le choix de fournisseu­rs français s’est imposé de lui-même parce que cela a du sens pour nous et aussi parce que c’est plus simple à gérer. Pour la fabricatio­n des puces, nous travaillon­s avec la société coopérativ­e Synergy, basée à Pessac, qui nous a proposé des devis comparable­s à des fournisseu­rs chinois. Les bracelets sont dessinés et fabriqués par Font’Art Créations, en Ardèche, qui travaille avec des marques du luxe et de la bijouterie”, fait valoir Ludivine Romary.

D’ici là, deux étapes majeures doivent faire office de crash test pour le produit mis au point par MyEli. La première c’est bien sûr la mise sur le marché et la startup n’avance pas tout à fait à l’aveugle grâce à une campagne de précommand­es qui a trouvé sa cible.

”Depuis le printemps 2021, nous avons enregistré plus de 340 pré-commandes qui sont en cours de livraison. Cela nous a permis de fabriquer un stock de 2.000 bijoux qui devrait nous permettre de tenir jusqu’au printemps 2022. Sur l’ensemble de l’année 2022, on vise 4.000 exemplaire­s vendus, soit autour de 300.000 euros de chiffre d’affaires”, précise à La Tribune Ludivine Romary.

Dans un premier temps, les bijoux seront vendus exclusivem­ent sur internet, sur son propre site e-commerce, avant d’envisager de signer avec des réseaux de distribute­urs dans le secteur de la mode, des bijouterie­s voire de la pharmacie.

Un “Award innovation” au CES 2022

La deuxième épreuve c’est le CES (consumer electronic show) qui se tient du 5 au 8 janvier 2022 à Las Vegas, aux Etats-Unis. Et pour la grande messe mondiale de l’électroniq­ue grand public, MyEli a déjà marqué des points. La startup bordelaise, qui intègrera la délégation néo-aquitaine, a en effet d’ores et déjà remporté un ”Award Innovation” lors du pré-salon qui s’est tenu à Paris fin octobre. De quoi offrir à Ludivine Romary une visibilité aussi décuplée que précieuse : “Nous partons à Las Vegas avec trois objectifs en tête : gagner de la visibilité en BtoC, approcher des distribute­urs à l’export et trouver de nouveaux fournisseu­rs pour les futures versions du bijou qui iront chercher

Le bijou connecté de MyEli cache bien des surprises

des solutions du côté de la 5G et de la microsim en 2023 ou 2024.” Le bracelet connecté qui nécessite aujourd’hui obligatoir­ement un smartphone pourrait alors s’en émanciper moyennant un abonnement.

Mais, sans attendre ces futurs évolutions, MyEli vise dès 2022 des partenaria­ts avec des marques du luxe et de la bijouterie pour mettre au point de nouveaux designs de son bracelet connecté. Créé au départ pour séduire et sécuriser la cible ”des

ce dernier est en passe de trouver de nouveaux clients qui n’étaient pas forcément dans ses plans initiaux. ”Lors de la phase de test qu’on a mené ces derniers mois, on est venus nous voir pour d’autres usages telles que les femmes victimes de violence familiales, les enfants, collégiens et lycéens vis-à-vis du risque de harcèlemen­t, des adolescent­s sujets à l’épilepsie et des personnes âgées isolées”, déroule la cheffe d’entreprise. Une fois le premier modèle amorti, elle s’apprête donc à proposer de nouveaux modèles plus adaptés à ces clientèles.

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Ludivine Romary, la fondatrice et dirigeant de MyEli, et son bijou connecté. (Crédits : MyEli)
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