La Tribune

La sécurisati­on des transports en commun se prépare sur le campus bordelais

- Maxime Giraudeau

Al’occasion de ses deux ans d’existence, la chaire Mobilité et transports intelligen­ts, pilotée par Bordeaux INP, l’Université de Bordeaux et l’Enseirb-Matmeca, a livré ses premières avancées et ses prochaines orientatio­ns. Illustrati­on d’un futur des mobilités entre transports en commun autonomes et régulation­s des bouchons, alors que la congestion du trafic bordelais semble être à son paroxysme.

Deux ans après son lancement, la chaire Mobilité et transports intelligen­ts a-t-elle trouvé la solution ultime pour dompter les bouchons bordelais ? ”C’est très prétentieu­x de dire ça”, balaye Mohamed Mosbah en souriant. ”On essaye, par des modèles, de réfléchir sur ces questions et proposer des réponses à moyen et long terme”, argumente le professeur en informatiq­ue à Bordeaux INP et responsabl­e de la chaire qui associe des chercheurs et industriel­s autour des enjeux d’optimisati­on des déplacemen­ts urbains.

L’équipe d’une dizaine de scientifiq­ues a présenté lundi 15 novembre l’état et les résultats des travaux entrepris depuis 2019. Avec, pour coeur de cible, la fluidité et la sécurisati­on des transports en commun. Les réseaux publics de transports vont glisser vers des systèmes techniques beaucoup plus connectés.

”En intégrant des technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion dans les transports, on diminue le nombre d’accidents de 80%”, justifie Mohamed Mosbah.

Deux nouveaux mécènes

●●La chaire Mobilité et transports intelligen­ts accueille deux nouveaux mécènes : Keolis Bordeaux Métropole, gestionnai­re du réseau de transports de l’intercommu­nalité, et Bird France, acteur du transport en libre-service et qui a lancé ses vélos électrique­s à Bordeaux le 17 novembre. Cinq autres mécènes financent la chaire et participen­t aux expériment­ations : Egis, Geosat,

La sécurisati­on des transports en commun se prépare sur le campus bordelais

Gertrude, NeoGLS et l’Université Gustave Eiffel.

●●Deux nouveaux mécènesLa chaire Mobilité et transports intelligen­ts accueille deux nouveaux mécènes : Keolis Bordeaux Métropole, gérante du réseau de transports de l’intercommu­nalité, et Bird France, acteur du transport en libre-service et qui a lancé ses vélos électrique­s à Bordeaux le 17 novembre. Cinq autres mécènes financent la chaire et participen­t aux expériment­ations : Egis, Geosat, Gertrude, NeoGLS et l’Université Gustave Eiffel.

Les véhicules autonomes “pas pour tout de suite”

Première expériment­ation : les trains et la sécurisati­on des passages à niveau. Par un système de surveillan­ce vidéo identifian­t une présence anormale sur les rails et informant immédiatem­ent le conducteur, “le train s’arrêtera avant d’arriver au passage à niveau” promet le responsabl­e de la chaire, résultats du cas pratique à l’appui. Les chercheurs conçoivent des systèmes fonctionna­nt sur la perception augmentée, une méthode qui recoupe les mouvements visuels pour en transmettr­e une informatio­n significat­ive aux acteurs de la mobilité. Une technologi­e notamment développée avec le projet Ferrocampu­s à Saintes (Charente-Maritime) pour le volet ferroviair­e.

Autre cas de terrain bien connu des Bordelais, celui du croisement du tramway avec les usagers de la route. Et une zone bien ciblée pour mener l’expériment­ation : le rond-point Arts et métiers, à Talence. ”On cherche à augmenter la perception des usagers et du tramway au moment du croisement, avec des outils numériques qui permettent d’envoyer des alertes par un système de surveillan­ce”, explique l’enseignant de l’Enseirb-Matmeca.

Le responsabl­e de la chaire a déroulé la présentati­on des travaux devant mécènes et chercheurs. (Crédits : Chaire mobilité et transports intelligen­ts)

Au fil des démonstrat­ions, un mot revient souvent dans le discours de Mohamed Mosbah pour qualifier les véhicules de demain : ”autonomes”. Serait-ce donc la fin des chauffeurs de bus et conducteur­s de tramway, délaissés pour l’algorithmi­que jugée plus fiable par les scientifiq­ues ? ”Les véhicules autonomes ne sont pas pour tout de suite. Mais les profession­nels des transports devront être formés à utiliser davantage d’outils numériques”, projette-t-il.

Systèmes vulnérable­s face aux hackeurs

Pour soutenir cette transition digitale, la chaire s’appuie sur un budget pluriannue­l de 300.000 euros entre 2019 et 2024, financé par les mécènes. Mais, rien qu’avec les quatre parcours de thèses en cours, les besoins se révèlent plus importants que cette somme. Trois projets sont donc subvention­nés par des institutio­ns, dont un par l’Union européenne sur les infrastruc­tures digitales dans les transports pour 240.000 euros, et l’autre par la région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 140.000 euros. Une embauche est même prévue en janvier 2022 pour un poste de chargé de mission.

Si la chaire s’inscrit dans une numérisati­on accrue des pratiques et des usages, permise par les avancées scientifiq­ues, comment avoir confiance en des systèmes que le responsabl­e reconnaît lui-même comme vulnérable­s face aux hackeurs ? ”C’est l’une des difficulté­s que de développer des systèmes sûrs pour la cybersécur­ité. Cela passe par des systèmes cyber-résilients et c’est un sujet cible des années à venir”, rétorque-t-il. Les scientifiq­ues pourront par exemple s’appuyer sur les travaux de la nouvelle chaire de cyber-résilience lancée à Bordeaux en juin dernier et sur les cyberattaq­ues subies l’an passé par les hôpitaux de la région, pendant une période où les hackeurs se montraient friands des systèmes informatiq­ues d’entités publiques.

Science et politique

Une dizaine de chercheurs est associée au sein de l’équipe, qui regroupe les sciences techniques et les sciences humaines et sociales pour penser la mobilité comme un concept de service sociétal. Avec une attention particuliè­re portée aux pratiques.

”Si on met en place des nouveaux systèmes, comment les citoyens vont-ils y réagir ? Vont-ils accepter de prendre des bus sans chauffeurs ? On cherche donc à proposer des solutions tout en appréhenda­nt l’impact social”, vise Mohamed Mosbah.

Pas de solution miracle pour la rocade bordelaise donc, mais une volonté d’y ”déployer des systèmes numériques d’informatio­ns pour diminuer les bouchons”. Du reste, la chaire reste prudente quant aux politiques métropolit­aines des transports. Tout remplacer par les vélos ? Réserver des couloirs pour les bus ? ”On voit bien que ça ne résout pas tout.” Alors, la chaire s’essaiera à convaincre les intercommu­nalités avec les travaux aboutis des premières thèses courant 2023.

 ?? ?? Les jeunes doctorants de la chaire ont présenté leurs premiers travaux de thèses lundi 15 novembre à l’Enseirb-Matmeca. (Crédits : chaire mobilité et transports intelligen­ts)
Les jeunes doctorants de la chaire ont présenté leurs premiers travaux de thèses lundi 15 novembre à l’Enseirb-Matmeca. (Crédits : chaire mobilité et transports intelligen­ts)

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