La Tribune

No more blah blah blah, dixit Greta !

- Philippe Mabille @phmabille

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Le flop de la COP, les enjeux du métavers et des NFT dans le Far West numérique, la reprise économique et ses dangers, la 5G et autres infos de la semaine écoulée.

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« Il n’y a pas de planète B », a-t-on entendu à nouveau à la COP26 à Glasgow, qui s’est achevée en laissant un goût amer de Flop26. « No more blah blah blah », a tonné Greta Thunberg... Cinq ans après l’accord de Paris, la énième négociatio­n climat laisse bel et bien un goût d’inachevé.

La Tribune en assuré la chronique avec l’aide de Bertrand Piccard, l’explorateu­r suisse aux deux tours du monde en ballon et en avion solaire, qui a raconté les temps forts de la négociatio­n dans un billet quotidien dont le dernier donne le ton : une mauvaise fin ou un nouveau départ.

Un peu de NFT pour augmenter votre salaire ?

La grande déception de la COP de Glasgow a été l’absence physique de la Chine (même si l’ombre de Xi Jinping a plané lors d’un entretien avec son homologue américain). Fossoyeur du pacte de Glasgow ou champion mondial des énergies renouvelab­les ? interroge Marine Godelier. Mais à quoi joue la Chine ? La stratégie chinoise en matière environnem­entale, ponctuée de signaux contradict­oires, semble illisible.

Il n’y a pas de planète B, mais il y a peut-être des mondes nouveaux à naître, des mondes numériques un peu étranges pour les profanes mais qui alimentent déjà nombre de spéculatio­ns via la technologi­e des NFT (non fongible token), un jeton numérique qui vient authentifi­er et tracer la valeur d’un

No more blah blah blah, dixit Greta !

bien sur Internet. Dans un long papier bien documenté, notre spécialist­e des cryptos Jeanne Dussueil en décrypte les enjeux et relève la multiplica­tion par cinq de NFT depuis le mois d’août.

Encore accéléré par l’annonce de l’investisse­ment massif dans le futur métavers annoncé par Facebook devenu Meta, ces digital tokens seront précieux pour réaliser des transactio­ns virtuelles. Les NFT représente­nt déjà 2% du marché global de l’art... Dans ce monde qui ressemble un peu à un Far West numérique, tout reste à inventer, que ce soit l’ordre juridique, la régulation financière et les règles éthiques. La finance s’y intéresse et cela pourrait révolution­ner les paiements tandis que les escrocs de tous poils s’y précipiten­t.

Exploser de la demande d’énergie

En attendant la naissance d’un métavers français, Ubisoft, l’éditeur mondial de jeux vidéo a choisi la France et la ville de Béziers pour implanter son premier centre immersif au monde, dans les Studios Occitanie Méditerran­ée, un complexe ludique et profession­nel dédié aux industries digitales et culturelle­s qui ouvrira en 2025, raconte Cécile Chaigneau.

Combien d’énergie faudra-t-il en plus pour alimenter le métavers ? Sans doute beaucoup si tout le monde s’y met, qui pour télétravai­ller depuis son île grecque via son avatar, qui pour faire des rencontres ou son shopping numérique. Alimenter en électricit­é ces nouveaux mondes numériques est une véritable inconnue, et ce alors que dans le même temps, on compte beaucoup sur la sobriété énergétiqu­e pour sauver la planète, la vraie.

Robert Jules dans sa chronique économique hebdomadai­re cite un rapport de l’AIE portant sur 9 pays montrent que l’applicatio­n de normes d’efficience a permis d’éviter de consommer 1.500 TWh en 2018, ce qui équivaut à toute la production solaire et éolienne cumulée de ces mêmes pays en 2018. Et près de cinq fois la production nucléaire française et ses 56 réacteurs. Pour aller plus loin, il faut désormais investir massivemen­t dans la rénovation thermique des bâtiments et engager une rupture dans nos modèles productifs.

L’exemple Islandais

Pour sauver la planète, il va falloir aussi changer de logiciel de consommati­on et toutes nos réglementa­tions, souligne Giulietta Gamberini. La Commission européenne a publié mercredi un projet de nouveau règlement pour enrayer la « déforestat­ion importée » qui va faire culpabilis­er les amateurs de Nutella et de Nespresso. Il prévoit l’interdicti­on d’importer

La bataille climatique se joue aussi sur les nouvelles énergies, tel l’hydrogène dont l’Islande, l’île volcanique, veut faire un pilier de sa stratégie pour devenir un leader mondial, raconte Juliette Laffont qui a suivi l’audition du président islandais au Sénat.

Très présente en parole pendant la COP, la France a du mal à être exemplaire en acte, pointe pourtant l’OCDE qui lui adresse un carton jaune dans son dernier rapport. « Malgré tous les efforts entrepris depuis plusieurs années, la France se situe encore en deçà de ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphéri­ques, d’augmentati­on de la sobriété énergétiqu­e, de diversific­ation de son mix électrique, et de meilleure préservati­on de la biodiversi­té ».

Outre le trop faible investisse­ment dans la décarbonat­ion, l’OCDE pointe trois risques qui pourraient peser sur la très forte reprise de la croissance française, réévaluée à 6,8% pour 2021 : le retour de la pandémie, le manque de main d’oeuvre et l’inflation. Pour l’heure, grâce à un bon taux de vaccinatio­n, la France échappe aux reconfinem­ents partiels qui sont décrétés à nos portes, en Allemagne ou aux Pays-Bas. Le chef de l’Etat plaide pour la troisième dose sans la rendre encore obligatoir­e pour tous, et refuse de durcir à ce stade les règles du télétravai­l.

Le télétravai­l, nouvelle menace pour l’égalité homme-femme

Attention toutefois, car le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE) pointe dans son rapport annuel 2020-2021 l’impact de la crise sanitaire sur les trajectoir­es profession­nelles des femmes. Et comment le télétravai­l peut s’avérer un handicap pour leur déroulemen­t de carrière. Explicatio­ns par Fanny Guinochet. Pour en savoir plus, relisez notre dossier : Télétravai­l, la nouvelle donne.

Portée par une reprise spectacula­ire, la France a-t-elle changé de régime de croissance ? Une étude du Cepremap commentée par Grégoire Normand laisse entendre que notre pays sort dans une meilleure situation qu’avant la crise sanitaire... et salue le « quoi qu’il en coûte » de Macron qui a coûté moins cher aux finances publiques que si le gouverneme­nt n’avait rien fait face à l’arrêt de l’économie.

Le rapport de l’Institut des politiques publiques vient toutefois confirmer que, comme l’avait dénoncé son prédécesse­ur François Hollande, Emmanuel Macron a été surtout le

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« président des très riches », même si toutes les catégories de contribuab­les ont été favorisées par la politique fiscale du président.

Le pouvoir d’achat, ou plutôt le sentiment que celui-ci a diminué au fil du quinquenna­t, voici le principal danger qui menace la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Pas sûr donc que l’Elysée valide l’espoir de l’opérateur historique Orange d’une consolidat­ion du marché des télécoms. A trois opérateurs au lieu de quatre, à coup sûr la facture mobile et internet des ménages, une dépense contrainte, flamberait, même s’il est vrai qu’elle est moindre que dans les pays comparable­s.

Belfort, terre d’élection

Pour Marc Endeweld, la reconquête d’Emmanuel Macron passera aussi par la politique industriel­le et notamment par Belfort où le président se déplacera prochainem­ent pour y défendre Alstom où des emplois sont encore menacés. Le soutien au ferroviair­e et surtout au nucléaire pourrait changer la donne avec la reprise par EDF, qui s’est fait tirer les oreilles par l’Elysée, des turbines Arabelle rachetées à GE quelques années après que le même Macron les lui ai vendues.

« Quel est ce génie stratégiqu­e ? » se moque Arnaud Montebourg, aux premières loges à l’époque (il s’était opposé à la vente de la partie énergie d’Alstom au congloméra­t américain). L’ancien ministre du redresseme­nt productif et candidat à l’élection présidenti­elle nous a accordé un long entretien (à retrouver aussi en vidéo) où il plaide pour « un made in France XXL », une hausse de 10% du Smic et la création « d’un nouvel Alstom, d’un nouvel Alcatel et d’un nouveau Péchiney ».

Montebourg nous raconte pourquoi il croit possible de recréer une technologi­e 5G française, pourquoi pas à Lannion, le berceau historique de la France des télécoms, détruite méthodique­ment par un renoncemen­t systématiq­ue des partisans de la Fabless economy. Cette technologi­e existe pourtant, Pierre Manière, notre spécialist­e télécoms l’a rencontré dans un laboratoir­e d’Orange dédié à l’OpenRAN. Cette technologi­e promet d’ouvrir le marché des infrastruc­tures de réseau mobile à de nouveaux acteurs, au-delà des géants en place, le suédois Ericsson et le finlandais Nokia.

Polémique autour de la 5G

Attention toutefois, il y a 5G et 5G... Selon l’Arcep, celle de Free est moins performant­e que celle de ses rivaux et même que sa... 4G, raconte Pierre Manière. Une attaque qui devrait rendre furieux Xavier Niel qui revendique le « plus grand réseau de

Face aux remontées de cadence spectacula­ires annoncées par Airbus, les sous-traitants sont confrontés à un triple défi : trouver des financemen­ts,recruter et continuer à innover et améliorer la qualité de la production. Des enjeux au coeur de l’événement Aeroforum organisé par La Tribune, le 18 novembre, et qu’a suivi pour vous à Toulouse Florine Galéron.

Michel Cabirol, également à Dubai, a rencontré Stefano Bortoli, le président exécutif du constructe­ur de turbopropu­lseur franco-italien ATR, qui sent aussi le vent du rebond. Moribond il y a quelques mois, ATR multiplie les commandes, et sort la tête de l’eau.

Pour finir, pour préparer vos vacances de Noël, Marie Lyan, journalist­e en région AURA décrit les cinq défis qui attendent les stations de ski des Alpes françaises après l’année blanche de la dernière saison. A vos masques, prêt .... Tout schuss !

Et toujours, retrouvez ici les dernières éditions de votre quotidien numérique et les Unes de la semaine écoulée. Et aussi les deux dossiers spéciaux de nos rédactions. « Bornes de recharge, le maillon faible de la mobilité électrique­s » et pour fêter le beaujolais nouveau, l’édition spéciale :

« Changement climatique : le plan de survie révolution­naire des vins français ». Pour vous donner un petit avant-goût, à lire absolument l’édito de Fabrice Gliszczyns­ki, sur « Le vin, un patrimoine national menacé ». A déguster sans modération.

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(Crédits : DR)
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