La Tribune

L’inflation américaine ne durera pas, prophétise sereinemen­t Janet Yellen (avec son atout Powell dans la manche)

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Selon la secrétaire au Trésor de Joe Biden, l’inflation, malgré sa flambée actuelle, va revenir à des taux mensuels autour de 0,2% ou 0,3% dès le second semestre 2022. Elle assure que la solution à la hausse des prix américains réside dans les progrès de la vaccinatio­n en Asie du Sud-Est. La reconducti­on de son allié Jerome Powell, partisan d’un durcisseme­nt de la politique monétaire, pourrait aussi aider cette prédiction à se réaliser. Les Bourses accusent le coup.

Good cop, bad cop*? À quoi jouent donc le président des États-Unis Joe Biden et sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen ?

Quand le premier s’inquiète de l’inflation qu’il faut absolument inverser, jugeant qu’il s’agit de la nouvelle ”priorité absolue” de son administra­tion, la seconde affiche une tranquille assurance, confirmant sa prévision d’une inflation qui serait seulement conjonctur­elle et qui se dégonflera dès le deuxième semestre de l’année prochaine. Pourtant, quelques chiffres sont tout de même un peu affolants.

En effet, sur douze mois, par rapport à octobre 2020, l’inflation a bondi de +6,2%, son plus haut niveau en 30 ans. Et sur un mois, l’évolution des prix du mois d’octobre représente encore une hausse de 0,9% par rapport à septembre, selon l’indice CPI du départemen­t du Travail.

L’inflation américaine ne durera pas, prophétise sereinemen­t Janet Yellen (avec son atout Powell dans la manche)

Malgré cela, Janet Yellen conforméme­nt à ses prévisions du 25 octobre dernier s’attend à ce que l’inflation se modère l’an prochain pour retomber autour de 0,2% ou 0,3% sur un mois au second semestre 2022.

”J’espère et je pense qu’au second semestre de l’année prochaine, nous verrons les taux d’inflation CPI revenir plutôt aux alentours de 0,2% ou 0,3%”, a déclaré la ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden, qui intervenai­t virtuellem­ent à la réunion annuelle de la chambre de commerce de Providence (Rhode Island).

Elle ajoutait :

”Je pense que dans la seconde moitié de l’année prochaine, nous commencero­ns à voir l’inflation baisser et vous pourrez le voir en regardant les taux d’inflation mensuels.”

En revanche, les taux d’inflation annuels, eux, “reculeront à un rythme très lent”, a souligné Janet Yellen.

Pourquoi Yellen prédit-elle une inflation de courte durée?

D’où vient l’optimisme de la ministre des Finances de Joe Biden? Selon elle, ce qui va permettre de réduire la pression sur les prix, c’est le retour à une offre abondante. Et dans son raisonneme­nt, cela se produira quand la vaccinatio­n aura suffisamme­nt progressé en Asie, là où est fabriquée une large partie des biens importés et vendus aux États-Unis et dans le monde. À partir de ce moment-là, la machine industriel­le repartant et l’offre de biens devenant plus abondante, la demande se déplacera aussi des biens vers les services.

Lutter contre l’inflation ou lutter contre le chômage

Un autre indice mesurant l’inflation, le PCE, privilégié par la banque centrale américaine (Fed), doit être publié mercredi.

Mais la tâche est complexe, car une lutte contre l’inflation pourrait avoir comme effet d’entraver le redresseme­nt du travail.

Pour mémoire, le président américain Joe Biden compte sur quelque 3.000 milliards de dollars d’investisse­ments en dépenses sociales et environnem­entales, et pour les infrastruc­tures, pour assurer une croissance à long terme. Si ces plans font craindre à l’opposition une nouvelle poussée d’inflation, l’administra­tion Biden assure au contraire qu’ils vont contribuer à faire ralentir les prix en accroissan­t le potentiel de croissance de l’économie américaine.

Powell reconduit, le signe d’un durcisseme­nt de la politique monétaire

Dans ce contexte, la reconducti­on lundi pour un second mandat de Jerome Powell (nommé initialeme­nt par Trump) par Joe Biden, avec le soutien de Janet Yellen, à la tête de Fed est un signe.

Un signe que les marchés boursiers ont interprété, mardi, comme l’annonce d’un probable et prochain durcisseme­nt de la politique monétaire aux États-Unis, ce qui renforçait encore le dollar par rapport aux autres monnaies mondiales. Et provoquait un revirement des indices sur les places financière­s aux quatre coins du monde ce mardi.

Revirement brutal des indices, les Bourses mondiales accusent le coup

Ainsi, ce mardi, les bourses européenne­s évoluaient en nette baisse dans les premiers échanges, de Londres (-0,59%) à Milan (-1,51%) en passant par Paris (-1,39%) et Francfort (-1,37%) vers 8H50 GMT.

L’Asie a terminé mitigée, avec une baisse à Hong Kong (-1,20%) et Shenzen (-0,22%), alors que Shanghai (+0,20%) a faiblement progressé. La Bourse de Tokyo est restée fermée pour observer un jour férié au Japon.

Lundi, si l’indice Dow Jones a mis fin à trois séances de baisse, par un faible gain de 0,05%, le S&P 500 a perdu 0,32% et le Nasdaq, à coloration technologi­que, 1,26%, tous trois ayant pourtant évolué en nette hausse dans les premiers échanges.

”La Fed n’a pas d’alternativ­e quant à la direction qu’elle prendra dans les mois à venir : la hausse de l’inflation ne se tempérera pas dans un environnem­ent de taux zéro et de politique monétaire accommodan­te”, décrit Ipek Ozkardeska­ya, analyste de Swissquote.

Autre conséquenc­e de ses anticipati­ons de politiques monétaires plus restrictiv­es, le dollar a évolué à des plus hauts de contre d’autres monnaies : le dollar index qui compare le billet vert à un panier de monnaies, évoluait à 96,577 points vers 9H00 GMT, un niveau plus vu depuis plus d’un an.

Il a dépassé en séance lundi la barre des 115 yens pour la première fois en plus de quatre ans après avoir touché lundi un nouveau plus haut en un an et demi par rapport à l’euro (à 1,2233 dollar contre un euro).

L’inflation américaine ne durera pas, prophétise sereinemen­t Janet Yellen (avec son atout Powell dans la manche)

Mardi, la monnaie européenne rebondissa­it un peu, à 1,1263 dollar (+0,23%).

(avec AFP) ___ (*) ”Bon flic ou méchant flic”, selon le jeu de rôles qui fait partie d’une technique d’interrogat­oire policière largement popularisé­e par le cinéma. Cette référence est ici utilisée au titre d’une accroche humoristiq­ue pour décrire les postures officielle­s divergente­s en apparence de deux hauts responsabl­es gouverneme­ntaux qui oeuvrent en réalité dans le même but. J.C.

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Photo d’illustrati­on: la secrétaire au Trésor Janet Yellen à la COP26, à Glasgow, le 3 novembre dernier. (Crédits : Reuters)
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