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Report de cotisation­s patronales : le gouverneme­nt accorde un délai pouvant aller jusqu’à 5 ans

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Les entreprise­s les plus sévèrement touchées pourront régler leur ardoise liée aux cotisation­s sociales patronales dans un délai prolongé. Ce report devrait impacter les comptes de l’Urssaf, déjà dans le rouge, alors que les recettes fiscales dues par les entreprise­s à l’Etat ne bénéficien­t pas de ce nouveau prolongeme­nt.

Le gouverneme­nt a annoncé la fin du “quoi qu’il en coûte”, mais certains dispositif­s mettront quelques mois, voire quelques années pour réellement s’estomper. Alors que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et la ministre du Travail Elisabeth Borne ont mis fin début novembre au dispositif ”coûts fixes”, après avoir prolongé jusqu’à la fin de l’année 2022 celui des prêts garantis par l’Etat (mais avec un remboursem­ent pour les premiers souscripte­urs à partir de mars 2022), l’exécutif a annoncé hier une nouvelle rallonge des délais de remboursem­ent des reports de charges accordés aux entreprise­s les plus touchées par la crise sanitaire. Ce délai pourrait s’étendre jusqu’à 5 ans pour certains types d’entreprise­s.

Pour rappel, cette mesure de report de charges a été instaurée, à partir de mars 2020, dans le cadre de la large panoplie d’aides aux entreprise­s proposée par le gouverneme­nt suite à la crise sanitaire et économique liée au Covid-19. Le périmètre précis de cette annonce concerne les montant dus en cotisation­s sociales patronales pour les sociétés ”qui ont fait l’objet de fermetures” et pour celles “des territoire­s d’outre-mer”, a expliqué hier Olivier Dussopt, le ministre délégué aux Comptes Publics.

Un dispositif qui concerne les principale­s créances de cotisation­s des entreprise­s

En clair, il s’agit principale­ment d’une mesure à destinatio­n des indépendan­ts. Le périmètre de l’assiette est toutefois raboté : les entreprise­s bénéficiai­res des reports de charges seront tout de même obligées de payer leur ardoise fiscale à l’État.

Report de cotisation­s patronales : le gouverneme­nt accorde un délai pouvant aller jusqu’à 5 ans

Les entreprise­s de ces secteurs (événementi­el, tourisme, etc.) pourront en faire la demande auprès de l’administra­tion fiscale, chargée de proposer à celles qui en ont besoin des plan d’apurement de leur dette sociale.

C’est un nouvel assoupliss­ement des règles de remboursem­ent décidé par le gouverneme­nt. Les PME et les très petites entreprise­s (TPE) ont déjà la possibilit­é d’étaler jusqu’à 36 mois, au lieu de 6 mois en temps normal, le remboursem­ent des reports de charges dont elles ont bénéficié pendant la crise.

Au total, selon les derniers chiffres communiqué­s par l’Etat, le montant total des créances devraient s’élever, pour l’ensemble des entreprise­s, et l’ensemble de l’assiette, à environ un peu moins de 30 milliards d’euros.

Fin août, le report des échéances fiscales s’élevait - pour l’ensemble des acteurs économique­s concernés - à 3,58 milliards d’euros. Quant aux montants à recouvrer au titre des cotisation­s et contributi­ons sociales, ils étaient de l’ordre, au 14 juin 2021, à 21,4 milliards d’euros sur l’ensemble des champs (régime général, Agirc-Arrco, régimes agricoles), dont 11,6 milliards d’euros sur le seul champ du régime général (recouvreme­nt Acoss).Il s’agit notamment ici des prélèvemen­t liés à la sécurité sociale, ceux de la retraite complément­aire et de l’assurance chômage.

Toutefois, la tendance est clairement à l’apurement de ces dettes sociales pour les entreprise­s. En effet, entre mars 2020 et mars 2021, environ 50 milliards d’euros de reports ont été accordés. Ils ont donc été apurés à hauteur d’environ 60 %.

Selon le même rapport de France Stratégie, les activités spécialisé­es, scientifiq­ues et techniques, le commerce et l’industrie manufactur­ière concentren­t près de la moitié des montants de cotisation­s sociales restant dus, respective­ment 20 %, 15 % et 13 %. Trois secteurs, l’hébergemen­t-restaurati­on, les transports et entreposag­e et la constructi­on concentren­t au total 30 % des montants restant dus.

L’Urssaf, un bilan dans le rouge

Au titre des cotisation­s patronales (fonds national d’aide au logement, versement transport (VT) et Contributi­on solidarité autonomie (CSA), le montant dû est de 3 milliards d’euros. Si l’on prend en compte les exonératio­ns décidées par le gouverneme­nt, le montant aurait dû atteindre 5,4 milliards. Mais l’exécutif a apporté une aide au paiement d’un montant de 2,4 milliards d’euros, c’est-à-dire, il a tout simplement délaisser ces créances.

Cette nouvelle mesure proposée par le gouverneme­nt ne devrait pas arranger le bilan financier de l’Ursaff. Selon le dernier bilan d’activité de l’organisme, son passif s’élevait à 87,8 milliards d’euros au 31 décembre 2020, contre 47,80 milliards un an plutôt.

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(Crédits : Reuters)

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