La Tribune

Éoliennes, France 2030, SRU, ZAN: les promesses de Macron bientôt traduites dans la loi ?

- César Armand @Cesarmand

Devant les maires réunis en congrès porte de Versailles, le président de la République a répondu, avec plus ou moins de détails, à leurs doléances sur les éoliennes, le logement social (loi SRU), la zéro artificial­isation nette des sols (ZAN) et “France 2030”. Hasard du calendrier, le projet de loi lié à la décentrali­sation, à la déconcentr­ation, à la différenci­ation et à la simplifica­tion de l’action publique (3DS) vient d’arriver à l’Assemblée nationale.

A cinq mois du premier tour de l’élection présidenti­elle, c’était le discours à ne pas rater la semaine dernière : la déclaratio­n du pré-candidat Emmanuel Macron devant les maires réunis en congrès. Entre caresses dans le sens du poil et coups de griffe à l’adresse de l’associatio­n des maires de France, qui vient d’élire l’édile (LR) de Cannes David Lisnard à sa tête, le chef de l’Etat en a profité pour livrer quelques annonces, plus ou moins précises, sur des sujets très sensibles chez les élus locaux.

Les maires et les éoliennes

Le président Macron a par exemple déclaré avoir « entendu » les édiles au sujet des éoliennes, une énergie renouvelab­le dans le collimateu­r, notamment, des candidats à la primaire des Républicai­ns.

« A partir de février prochain, un avis du maire sera pleinement inscrit sur les projets d’éoliennes dans la prise de décision et permettra que les documents qui lui soient soumis, qu’il puisse poser des questions et donner son avis », a promis le chef de l’Etat.

Éoliennes, France 2030, SRU, ZAN: les promesses de Macron bientôt traduites dans la loi ?

Sollicité par La Tribune, le ministère de la Cohésion des territoire­s et des Relations avec les collectivi­tés territoria­les rappelle que le projet de loi lié à l’accélérati­on et à la simplifica­tion de l’action publique (ASAP) a déjà introduit l’obligation de consultati­on des maires et des collectivi­tés proches, un mois avant le dépôt par le préfet.

De la même façon que le projet de loi « Climat et Résilience » prévoit déjà que le maire émette un avis auquel le porteur de projet doit obligatoir­ement répondre et expliquer comment il doit en tenir en compte.

Autrement dit, « le président a rendu compte de cet équilibre et il n’est pas envisagé de revenir sur ce point dans 3DS », explique-t-on encore dans l’entourage de Jacqueline Gourault.

Des contrats de mixité sociale pour le logement social ?

Derrière cet acronyme barbare « 3DS », il s’agit du projet de loi relatif à la décentrali­sation, à la déconcentr­ation, à la différenci­ation et à la simplifica­tion de l’action publique (3DS). Déjà voté par le Sénat, il vient d’arriver en commission des lois, saisie sur le fond et non pour simple avis, à l’Assemblée nationale.

Ce texte gouverneme­ntal réaffirme l’objectif de l’article 55 de loi Solidarité et au renouvelle­ment urbain (SRU) de 2001, c’està-dire l’obligation pour certaines communes à disposer d’un nombre minimal de logements sociaux proportion­nel à leur parc résidentie­l.

Les communes de plus de 3.500 habitants, et même de 1.500 habitants en Île-de-France, appartenan­t à des intercommu­nalités comptant au moins une ville de 15.000 habitants, doivent en effet recenser au moins 25% de logements sociaux d’ici à 2025.

Lors de l’examen de la loi 3DS à la Chambre haute, les sénateurs ont voté le remplaceme­nt de ce quota par la mise en place de

« contrats de mixité sociale » entre les communes et les préfets afin, disent-ils, d’« adapter » le rythme de constructi­on.

Le message semble avoir été entendu par l’exécutif. Devant les maires, le président Macron s’est déclaré « confiant » sur le chemin « pour trouver les bons équilibres pour une bonne souplesse sur la loi SRU et l’adapter aux contrainte­s du terrain ».

« Les travaux qui ont été conduits, le débat, je crois, nourrissen­t une solution pragmatiqu­e qui correspond à notre attachemen­t collectif, à la solidarité et au pragmatism­e qui convient pour que chaque terrain ait la réponse qui lui convienne », a ajouté le chef de l’Etat.

En réalité, le gouverneme­nt accepte les contrats de mixité sociale voulus par les sénateurs, mais refuse de faire sauter le quota de 25% tels que ces mêmes parlementa­ires le souhaitent.

« Le quota [de 25%] n’est pas négociable mais plus de souplesse sera introduit dans la loi pour l’applicatio­n du dispositif », confirme-t-on du côté de la ministre de la Cohésion des territoire­s et des Relations avec les collectivi­tés.

« En fonction des particular­ités locales, les collectivi­tés pourront signer des contrats de mixité sociale pour ajuster encore l’objectif », embraye-t-on.

Il n’empêche : les communes déficitair­es en logement sociaux restent soumises à des obligation­s triennales de rattrapage­s, à la fois quantitati­ves et qualitativ­es. Tous les trois ans, le préfet vérifie donc le respect de ces règles et peut ainsi sanctionne­r les communes n’ayant pas rempli leurs objectifs.

« Les objectifs de rattrapage triennaux seront lissés dans le temps », confie-t-on chez Jacqueline Gourault. « En effet, ils étaient inatteigna­bles pour la période 2023-2025 car il fallait construire 100% des logements manquants. Avec la loi, ça sera 1/3 », poursuit-on.

La date-butoir de 2025 pour arriver à 25% de logements sociaux va par ailleurs sauter. « Les communes devront atteindre les 25%, alors qu’aujourd’hui, après 2025, il n’y avait plus d’obligation », justifie-t-on du côté du ministère de la Cohésion des territoire­s.

Un “couperet” sur la non-artificial­isation nette des sols ?

Autre sujet clivant mais déjà voté par les deux chambres du Parlement et promulgué par le président de la République : la loi « Climat et résilience » qui impose de diviser par deux l’artificial­isation nette des sols dans les dix ans.

A la veille du congrès, le 15 novembre dernier, l’associatio­n des maires de France et Régions de France ont ainsi demandé un

« report en urgence » de l’échéance du 22 février 2022 « d’un an minimum ».

Le texte gouverneme­ntal impose en effet cette date aux communes, intercommu­nalités et régions pour fixer leur objectif de réduction par deux de la consommati­on effective d’espaces naturels agricoles et forestiers.

Éoliennes, France 2030, SRU, ZAN: les promesses de Macron bientôt traduites dans la loi ?

« Un délai de six mois ne permet pas aux élus d’opérer les désignatio­ns ni de débattre de ces objectifs au niveau local et envisager, si nécessaire, une déclinaiso­n infrarégio­nale des objectifs nationaux », ont communiqué les deux associatio­ns d’élus.

« Il est évident qu’on ne mettra jamais un maire devant un couperet. La clé de tout ça, c’est que les maires aient la possibilit­é de programmer sur plusieurs années cette stratégie et la possibilit­é d’avoir les instrument­s pour le faire », a développé Emmanuel Macron.

« Le gouverneme­nt reconnaît que certains délais peuvent être un peu courts pour garantir que le dialogue local soit de qualité. Nous sommes en train de regarder les difficulté­s pour voir comment donner de la souplesse et quels délais, mais ce n’est pas encore arbitré », dit-on encore chez Jacqueline Gourault.

”Territoria­lisation” de France 2030, et après ?

Enfin, le chef de l’Etat a promis de « territoria­liser France

2030 », une demande qui émane des régions, des métropoles et des intercommu­nalités en général.

Là encore, le ministère de la Cohésion des territoire­s et des Relations avec les collectivi­tés se borne à répéter qu’après une première réunion avec les régions le 13 septembre, «les élus plus globalemen­t seront intégrés par la suite dans la mise en oeuvre plus opérationn­elle ».

 ?? ?? Le président de la République Emmanuel Macron en clôture du congrès des maires le 18 novembre dernier. (Crédits : POOL)
Le président de la République Emmanuel Macron en clôture du congrès des maires le 18 novembre dernier. (Crédits : POOL)
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France