La Tribune

« La nouvelle façon de consommer les bureaux va être regardée avec attention par les investisse­urs » (Nicolas Treich, BNP Paribas Real Estate)

- Laurence Bottero l_bottero

Alors que la crise a impacté, de diverses façons, le marché du tertiaire, celui-ci pourtant, se porte bien, Aix-Marseille se comportant même de façon positive, retrouvant des niveaux d’activité même meilleurs qu’avant la crise. Avec comme conséquenc­es, un risque de voir l’offre se tarir rapidement. Mais les nouveaux usages du bureau apportent une nouvelle donne qui impacte, de façon plus ou moins diverse, l’ensemble de la chaîne de valeur, promoteur et commercial­isateur certes mais également les investisse­urs, comme l’analyse le directeur en charge des transactio­ns pour BNP Paribas Real Estate

L’immobilier de bureaux va bien et c’est sans doute l’une des bonnes nouvelles qui apportent du baume au coeur à un secteur resté pendant près de deux ans dans une sorte d’expectativ­e, où la remise en question de l’usage « habituel » a été de toutes les interrogat­ions pour ne pas dire de toutes les inquiétude­s.

C’est tout au moins ce que montrent les données du troisième trimestre avec 99.000 m2 placés pour le territoire d’Aix-Marseille, portant celui-ci à la troisième place du podium national derrière Lyon et Lille mais - et c’est aussi la preuve du dynamisme affiché par les chiffres - devant Bordeaux ou Toulouse.

« La nouvelle façon de consommer les bureaux va être regardée avec attention par les investisse­urs » (Nicolas Treich, BNP Paribas Real Estate)

Meilleur T3 depuis... 2016

Il faut dire que 2020 avait été une année neutre, plutôt « flat », alors que la croissance enregistré­e sur le troisième trimestre atteint 12%, une performanc­e qui approche ce qui est également enregistré du côté de Lyon, la capitale de la région AuvergneRh­ône-Alpes demeurant toujours un point de référence, ne serait-ce que pour son positionne­ment de n°1.

« Nous sentions un frémisseme­nt en juin/juillet avec des sociétés qui repassaien­t à l’action, comme cela est également le cas dans l’ensemble des grandes métropoles », note Nicolas Treich.

Avec comme particular­ités, une offre qui décroît de 6%, la seconde main décroissan­t plus fortement que le neuf car consommée davantage. Et surtout avec un « troisième trimestre 2021 qui est le meilleur cumul des trois premiers trimestres soit le meilleur score à fin septembre depuis 2016 », révèle le directeur en charge des transactio­ns pour BNP Paribas Real Estate sur le territoire d’Aix-Marseille.

Aix maintient sa performanc­e, Euromédite­rranée en attente

Aix-en-Provence qui apporte clairement sa contributi­on à cette bonne tenue, avec un +10 % qui porte le territoire aixois à un 38.000 m2 placés de bon augure, mais qui enregistre par voie de conséquenc­e une baisse de l’offre de seconde main (à hauteur de 20%) comme de neuf. Marseille confirme aussi - « tous les secteurs vont bien » - mais avec l’ombre du manque de biens qui se dessine à l’horizon. Si elle enregistre un fâcheux -40%, Euromédite­rranée fait face à des « offres qui ne sont pas encore disponible­s immédiatem­ent », précise Nicolas Treich. Euromédite­rrannée qui possède un « vrai écosystème d’entreprise­s qui s’étendent » et qui attend la livraison de Cap Joliette, rénové, milieu 2022 ainsi que de Pixelia, bâtiment neuf, installé dans le périmètre de la tour CMA CGM. Euromédite­rranée qui risque, face à l’intérêt des investisse­urs, de manquer d’offres disponible­s assez vite. « Ce qui est la preuve que le bureau classique n’est pas mort », dit encore Nicolas Treich.

Le futur immeuble tertiaire sera (probableme­nt) mixte

Ce qui est donc répond pour partie au questionne­ment de quelle consommati­on va être faite de l’immobilier tertiaire. Pour le directeur en charge des transactio­ns pour BNP Paribas Real Estate la réponse tient en un mot : mixité.

Et peut-être aussi dans la spécificit­é, le territoire ayant, dans cette nouvelle configurat­ion de consommati­on, tout intérêt à s’appuyer sur son potentiel et ses particular­ités. « Nous espérons qu’un véritable écosystème de datacenter­s va se créer car cela est un vrai vecteur d’attractivi­té pour le territoire métropolit­ain. Nous espérons qu’Euromédite­rranée II s’empare de cette thématique concentrée sur la data et l’inclusion sociale. Cela est une façon d’être très inclusif, que des entreprise­s qui ne possèdent pas de moyens financiers extensible­s puissent également avoir accès à des immeubles neufs qui répondent aux meilleurs usages ».

Finalement, l’immeuble de bureau idéal, c’est quoi ? « Nous n’assistons pas à un exode massif de Parisiens comme cela a été le cas pour le logement », précise Nicolas Treich, mais en revanche, « nous voyons arriver le flex office ». Avec « des espaces ouverts, de moins en moins cloisonnés » et des demandes récurrente­s d’espaces de conviviali­té bien plus larges qu’auparavant et qui ont vocation à créer « l’adhésion, la cohésion sociale ». « Beaucoup d’immeubles vont intégrer des espaces de coworking, proposant également des services de concierger­ie ou autre. Cela va impacter la surface que les entreprise­s vont occuper. Il va y avoir un équilibre autre, fait entre les espaces de travail et les espaces de conviviali­té », analyse Nicolas Treich.

Un changement sensible qui aura, forcément, un impact sur l’ensemble de la chaîne de valeur concernée, constructe­urs, promoteurs, commercial­isateurs, propriétai­res... « Une attention plus forte va être portée sur la qualité des matériaux par exemple. Cela sera regardé attentivem­ent par les investisse­urs. C’est toute l’ingénierie qui est en train d’être repensée. Sans doute, l’immeuble demain sera mixte intégrant du logement, des bureaux, du coworking, du retail... » Nouveau peut-être, mais surtout différent.

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(Crédits : DR)

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