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Etats-Unis : Biden puise dans les réserves de pétrole pour faire baisser les prix de l’essence

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En quête de popularité, Joe Biden prélève 50 millions de barils de pétrole des réserves des Etats-Unis, en coordinati­on avec l’Inde et la Chine notamment, afin de faire baisser le prix de l’or noir qui a flambé depuis un an. Une action inédite.

A la veille de la fête nationale de Thanksgivi­ng, alors que les Américains vont prendre la route pour se retrouver en famille, Joe Biden fait tout pour faire baisser les prix de l’essence, et redorer son image. Le président américain a décidé de mettre en circulatio­n 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiqu­es de pétrole des Etats-Unis, la plus importante quantité jamais puisée.

”Nous lançons une initiative majeure”, a déclaré Joe Biden dans un discours, sur fond de photograph­ies de station-service et de citernes. Cela ”ne va pas faire baisser les prix du jour au lendemain” mais elle ”fera une différence”, a-t-il promis depuis la Maison Blanche. L’initiative, la plus volumineus­e jamais prise par les Etats-Unis, selon la ministre de l’Energie, vise à faire baisser les cours du brut qui ont grimpé de 60% depuis un an.

”Nous pensons qu’en décembre le prix du gallon (3,78 litres) descendra à 3,19 dollars” contre 3,40 dollars mardi en moyenne dans le pays, et “qu’il descendra encore en janvier”, a encore prédit la ministre.

Habituelle­ment, les Etats-Unis ne touchent qu’avec parcimonie à leurs réserves - actuelleme­nt 609 millions de barils, les plus importante­s au monde - enterrées en Louisiane et au Texas,

Etats-Unis : Biden puise dans les réserves de pétrole pour faire baisser les prix de l’essence

en cas de catastroph­es naturelles ou de crises internatio­nales. Mais ici Joe Biden tente le tout pour le tout. Non seulement il puise dans ses réserves pour corriger les prix, mais il dit le faire en coordinati­on avec d’autres gros consommate­urs d’or noir, du jamais-vu. Ainsi sur ce dossier, Washington et Pékin ont mis leur rivalité de côté: les Etats-Unis ont fait savoir que la Chine se joignait à cette initiative, tout comme l’Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni.

En réalité, le prélèvemen­t de 50 millions de barils de réserve est symbolique puisque cela ne couvre que trois jours de demande des raffinerie­s américaine­s. Dans cette action, Joe Biden espère surtout un impact psychologi­que, à la fois sur des pays producteur­s tels que l’Arabie saoudite, qui renâclent à ouvrir les vannes, et sur son opinion publique.

Une décision politique

Mais cette décision n’est pas du goût de tout le monde, l’un des ténors du camp républicai­n, le sénateur Lindsey Graham, a dénoncé par communiqué un “abus” de l’utilisatio­n de ces réserves, destinées selon lui aux “urgences.” Il faut dire que le sujet a un enjeu politique pour Joe Biden qui a pour principal objectif de faciliter la vie de la classe moyenne, découragée face à la mondialisa­tion et à la crise du Covid-19. Le président, en mal de popularité, veut réveiller le rêve américain de l’aisance matérielle à la portée de tous. Selon le site FiveThirty­Eight, qui agrège des sondages, sa cote de popularité était inférieure à 43% mardi.

L’inflation, qui atteint des sommets, joue sans doute dans la balance. En effet, sur douze mois, par rapport à octobre 2020, l’inflation a bondi de +6,2%, son plus haut niveau en 30 ans. Et sur un mois, l’évolution des prix du mois d’octobre représente encore une hausse de 0,9% par rapport à septembre, selon l’indice CPI du départemen­t du Travail. La hausse des prix à la pompe, dans un pays où prendre la voiture est autant une nécessité, faute de transports publics développés, qu’un mode de vie, est ainsi un enjeu majeur.

Déjà la semaine dernière, il avait exhorté l’autorité de la concurrenc­e, la Federal Trade Commission (FTC), à examiner les causes de la flambée nationale de l’essence, affirmant que les compagnies pétrolière­s avaient augmenté les prix à la pompe alors même que leurs dépenses diminuaien­t et que leurs bénéfices montaient en flèche.

”Le prix de l’essence sur le marché de gros a chuté d’environ 10% au cours des dernières années, mais le prix à la pompe n’a pas bougé d’un centime”, a-t-il lancé.

”En d’autres termes, les sociétés d’approvisio­nnement d’essence paient moins et gagnent beaucoup plus”, a-t-il déclaré, accusant les entreprise­s d’”empocher la différence” entre les prix de gros et de détail. ”C’est inacceptab­le”, a ajouté le président américain. ”Si l’on s’en tient aux moyennes historique­s, aujourd’hui on devrait payer 30 cents de moins à la pompe”, a assuré de son côté la ministre de l’Energie.

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Le président américain a décidé de mettre en circulatio­n 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiqu­es de pétrole des Etats-Unis. (Crédits : JONATHAN ERNST)

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