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Son plan agricole 100% bio ayant échoué, le Sri Lanka autorise à nouveau le glyphosate

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Pour éviter de sombrer dans une grave crise économique, le Sri Lanka s’est résolu à abandonner son projet d’agricultur­e intégralem­ent biologique. Il a autorisé le recours aux produits agrochimiq­ues dont l’herbicide controvers­é, le glyphosate.

Le Sri Lanka a levé mercredi l’interdicti­on qui frappait le glyphosate, un herbicide controvers­é via un bulletin gouverneme­ntal. Le week-end dernier, les autorités avaient déjà autorisé le recours aux produits agrochimiq­ues, ayant abandonné le projet de devenir le premier pays au monde pratiquant une agricultur­e exclusivem­ent biologique.

Le président Gotabaya Rajapaksa avait interdit à cet effet les importatio­ns de produits agrochimiq­ues en mai. Mais les propriétai­res de plantation­s avaient averti qu’ils risquaient de subir de mauvaises récoltes et un chômage énorme, arguant en outre que l’exportatio­n de thé était la principale source de revenus en devises de l’île. Le bureau de Gotabaya Rajapaksa a admis que l’interdicti­on des importatio­ns avait entraîné l’abandon d’environ un tiers des terres agricoles du Sri Lanka cette saison.

Cette politique, a priori vertueuse écologique­ment, a été mise en place alors que l’économie de l’île s’écroulait, durement touchée par la pandémie de Covid-19.

Son plan agricole 100% bio ayant échoué, le Sri Lanka autorise à nouveau le glyphosate

Pénurie de devises

En 2015, le pays avait complèteme­nt interdit l’utilisatio­n du glyphosate, avant d’accorder une exemption, trois ans plus tard, à la seule industrie du thé. Le Sri Lanka, en proie à une grave crise économique, est confronté à des pénuries de devises, de produits alimentair­es, de pétrole brut entre autres produits essentiels. Il subit en outre la perte de recettes liées au tourisme mais également la diminution des envois de fonds des compatriot­es travaillan­t à l’étranger.

Les perspectiv­es économique­s du Sri Lanka restent atones sous le poids de la pandémie. ”Nous avons révisé à la baisse nos prévisions de croissance pour 2021 à 3,3% contre 3,8%, suite à une augmentati­on des cas de coronaviru­s en juillet-août, qui s’est maintenant calmée. Les finances publiques du Sri Lanka restent également une faiblesse majeure du crédit. Le ratio de la dette publique brute au PIB devrait continuer d’augmenter par rapport à notre référence, atteignant 113 % d’ici 2023, contre environ 101 % fin 2020. Le déficit budgétaire devrait également se creuser à 12,1 % du PIB d’ici 2023 contre 11,1 % du PIB en 2020”, indiquait le mois dernier Sagarika Chandra, analyste chez FitchRatin­gs.

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Depuis son lancement par la société américaine agrochimiq­ue Monsanto en 1974, le glyphosate, ingrédient actif de l’herbicide Roundup, a été largement utilisé dans à travers le monde pour les cultures vivrières, les pelouses publiques et même les forêts.

De nombreuses procédures contre le Roundup aux Etats-Unis

Le Roundup est classé ”cancérogèn­e probable” par le Centre internatio­nal de recherche sur le cancer (CIRC), une émanation de l’OMS. Bayer réfute de son côté cette caractéris­ation. Depuis le rachat en 2018 de Monsanto, Bayer affronte une salve de procédures aux Etats-Unis liées au Roundup.

Le géant allemand de la chimie a annoncé cet été qu’il allait enregistre­r une provision supplément­aire d’un montant brut de 4,5 milliards de dollars pour affronter les conséquenc­es potentiell­es de poursuites liées au glyphosate devant les tribunaux américains. Bayer a signé en 2020 un accord de plus de 10 milliards de dollars pour mettre fin à quelque 125.000 plaintes. Mais un juge américain a rejeté en mai dernier une partie de ce plan, qui aurait limité le coût des futures réclamatio­ns en recours collectif.

(avec AFP)

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Les propriétai­res de plantation­s avaient averti qu’avec l’interdicti­on de pesticides et herbicides, ils risquaient de subir de mauvaises récoltes et un chômage énorme, arguant en outre que l’exportatio­n de thé était la principale source de revenus en devises de l’île. (Crédits : Reuters)

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