La Tribune

Fonderie SAM : Bruno Le Maire juge qu’il n’y a « pas d’offre crédible » pour la reprise

- Florine Galéron avec AFP @florinegal­eron

Au lendemain du refus de Renault de soutenir le projet de reprise de la fonderie aveyronnai­se SAM, le ministre de l’Économie a estimé ce matin qu’il n’y avait pas d’offre “vraiment solide” pour assurer la pérennité du site qui emploie 350 salariés à Decazevill­e (Aveyron). En Occitanie, “c’est le choc et la sidération” face à une décision “qui condamne l’usine et ses activités” d’après la présidente de Région.

Après un dernier espoir de reprise, c’est la douche froide pour la fonderie SAM dans l’Aveyron. “On s’est battu comme pour chaque site industriel” et “s’il y avait aujourd’hui une offre de reprise qui soit vraiment solide (...) nous l’aurions imposée d’une manière ou d’une autre, ça n’est pas le cas”, a assuré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur Franceinfo, au lendemain du refus de Renault de soutenir le projet de reprise de la fonderie aveyronnai­se, qui emploie 350 salariés.

Le constructe­ur automobile, auquel le tribunal de commerce de Toulouse avait donné jusqu’à mercredi pour se prononcer, a jugé que le projet de reprise examiné “ne présente pas les conditions de pérennité et de sécurité nécessaire­s”.

”Le tribunal décidera vendredi (d’une éventuelle liquidatio­n judiciaire). Moi ce que j’attends de Renault, comme actionnair­e de Renault, c’est un comporteme­nt exemplaire vis-à-vis des salariés, parce que pour le bassin d’emploi de Decazevill­e c’est dur, pour les salariés de la SAM, c’est extrêmemen­t dur, ajoute Bruno Le Maire. Cela veut dire des reclasseme­nts, ça veut dire

Fonderie SAM : Bruno Le Maire juge qu’il n’y a « pas d’offre crédible » pour la reprise

de l’accompagne­ment, ça veut dire de la formation, ça veut dire que Renault qui a des dizaines d’autres sites de production doit accompagne­r chaque salarié pour qu’il retrouve un emploi et une porte de sortie qui soit digne.”

Renault avait assuré mardi soir qu’il poursuivra­it ”le dialogue avec les salariés de SAM afin de leur proposer des solutions alternativ­es d’emploi au sein du Renault Group”.

Reprise en 2017 par le groupe chinois Jinjiang, la Société aveyronnai­se de métallurgi­e (SAM), installée à Viviez sur les hauteurs de Decazevill­e, avait été placée en redresseme­nt judiciaire le 10 décembre 2019, puis, le 16 septembre dernier, en liquidatio­n judiciaire avec prolongati­on d’activité jusqu’au 10 décembre.

Une offre qui avait relancé un espoir de reprise

Pourtant, les salariés pensaient ces dernières semaines avoir trouvé un potentiel sauveur en la personne de Patrick Bellity. Après l’échec de la reprise par le groupe espagnol CIE, le propriétai­re de la fonderie orléanaise Sifa et président du groupe Alty détenteur de ce site avait en effet, fait état, début novembre, de son intérêt pour le site aveyronnai­s. Une annonce qui a totalement relancé le dossier ces derniers jours.

L’entreprene­ur souhaitait ainsi créer des synergies avec sa première fonderie et la SAM, spécialisé­e dans la production de pièces en aluminium pour moteur automobile. Après une première tentative de reprise avant l’été dans laquelle Patrick Bellity proposait la reprise de 265 salariés et le maintien du bureau d’études, le dirigeant avait reçu, lors de sa seconde tentative, le soutien de l’État, par le biais de Bercy. Le ministère a fait savoir qu’il était prêt à le soutenir à hauteur de 4,5 millions d’euros sous forme de prêt et 1 million d’euros via des subvention­s, dans le cadre de France Relance.

Mais pour que son offre tienne la route, il fallait que le constructe­ur automobile, dernier client, s’engage sur ”un plan de charge défini” avant mercredi, selon la région Occitanie. ”Je suis écoeuré. Quelle meilleure garantie pouvais-je avoir que l’Etat et la Région?”, a réagi Patrick Bellity mardi soir déplorant les ”milliards” offerts par l’État au groupe Renault sans contrepart­ie.

”Abandon de la SAM par Renault”

Sa présidente Carole Delga n’a pas caché sa colère après “l’abandon de la SAM par Renault”.

”La réponse apportée par Renault est irresponsa­ble et destructri­ce : elle condamne l’usine et ses activités. Syndicats, élus locaux, acteurs économique­s, nous redoutions ce scénario, malgré un engagement financier exceptionn­el de la Région et de l’Etat pour permettre le maintien de l’usine et des emplois. Je partage le choc et l’indignatio­n des salariés, et au-delà, de toute la population”, a déclaré l’élue qui compte se rendre lundi prochain sur le site pour “rencontrer les représenta­nts syndicaux, les salariés et leurs familles ainsi que les élus locaux”.

L’annonce est en effet un vrai choc à Decazevill­e, petite commune de 6.000 habitants où la fonderie représenta­it le principal employeur mais plus globalemen­t pour le départemen­t de l’Aveyron déjà bien secoué par le feuilleton Bosch.

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En dépit du soutien de l’Etat et de la région, l’offre de reprise de SAM n’est pas jugée crédible par Bercy. Le tribunal de commerce pourrait décider de la liquidatio­n judiciaire de l’entreprise vendredi. (Crédits : Pierrick Merlet)
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