La Tribune

Le Parlement européen adopte la nouvelle PAC qui doit “verdir” l’agricultur­e communauta­ire

- Latribune.fr @GiuGamberi­ni

Les Etats membres doivent désormais donner leur aval formel à la réforme de la politique agricole commune, qui doit mobiliser 387 milliards d’euros entre 2023 et 2027. Censée “verdir” l’agricultur­e européenne, elle est toutefois jugée insuffisan­te par les écologiste­s et une partie de la gauche.

Après plus de trois ans de négociatio­ns difficiles, la nouvelle politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne (Ue), destinée à entrer en vigueur à partir de 2023, a finalement été adoptée par le Parlement européen. Les eurodéputé­s, réunis en session plénière à Strasbourg, ont approuvé mardi 23 janvier les trois textes régissant cette politique, qui représente environ un tiers du budget pluriannue­l de l’Ue. Ils étaient issus d’un accord conclu en juin avec les 27 Etats membres, qui doivent désormais donner leur aval formel.

La nouvelle PAC sera dotée d’un budget de 387 milliards d’euros jusqu’en 2027, dont 270 milliards d’aides directes aux agriculteu­rs. Une enveloppe globale en légère baisse dont la France reste le principal pays bénéficiai­re.

25% des aides directes consacrées aux “écorégimes”

Censée ”verdir” l’agricultur­e européenne, la réforme prévoit que les Etats membres consacrent 25% des aides directes aux agriculteu­rs participan­t à des programmes particuliè­rement ambitieux en matière environnem­entale: des “écorégimes” que chaque pays devra définir dans le cadre de son “plan

Le Parlement européen adopte la nouvelle PAC qui doit “verdir” l’agricultur­e communauta­ire

stratégiqu­e national” (PSN). Globalemen­t, 78% en moyenne des aides de la PAC seront conditionn­és au respect de critères de verdisseme­nt, contre environ 30% aujourd’hui.

Au moins 10% des paiements directs devront en outre être redistribu­és aux petites et moyennes exploitati­ons, et les États devront employer au moins 3% du budget au soutien des jeunes agriculteu­rs, contre 2% aujourd’hui. Une ”réserve de crise” permanente d’au moins 450 millions d’euros est instituée en cas d’instabilit­é des prix. Des sanctions sont prévues pour les agriculteu­rs ne respectant pas le droit du travail.

Une renational­isation?

Les écologiste­s et une partie de la gauche ont toutefois voté contre cette nouvelle PAC, qu’ils ne considèren­t pas à la hauteur des objectifs environnem­entaux de l’UE inclus dans le “Pacte vert” de la Commission européenne : une réduction de moitié des pesticides et de 20% des engrais, 25 % des terres cultivées en bio... Les critères de verdisseme­nt ne sont pas jugés suffisants, et les “écorégimes” pas assez bien définis, d’autant plus qu’on ne sait toujours pas sur quels fondements la Commission les analysera et approuvera.

Les PSN que chaque pays doit présenter avant la fin de l’année pour obtenir une grande partie des fonds de la PAC, détaillant leur usage, devront être ”cohérents” avec la législatio­n découlant du “Pacte vert”. Bruxelles contrôlera régulièrem­ent l’atteinte des résultats escomptés, et pourra même suspendre le versement de fonds si un PSN échoue. Mais la plus grande marge de manoeuvre accordée aux États membres fait craindre une fragmentat­ion.

”L’alignement de la PAC sur les engagement­s environnem­entaux et climatique­s de l’Union européenne va se faire via les plans stratégiqu­es nationaux : cela revient, ni plus ni moins, qu’à renational­iser la PAC et à mettre les normes et les agricultur­es européenne­s en concurrenc­e entre elles”, dénonce Éric Andrieu, vice-président socialiste du groupe S&D.

En France, fin octobre, le premier jet de PSN présenté par le gouverneme­nt a été jugé par l’Autorité environnem­entale comme inadapté face au défi de la transition agro-écologique française. En juin, la Cour des comptes a pour sa part relevé dans un rapport spécial qu’au cours de la période 2014-2020, les 100 milliards d’euros de financemen­ts de la PAC consacrés à l’action pour le climat ont eu une faible incidence sur ces émissions.

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La réforme prévoit que les Etats membres consacrent 25% des aides directes aux agriculteu­rs participan­t à des programmes particuliè­rement ambitieux en matière environnem­entale: des “écorégimes” que chaque pays devra définir dans le cadre de son “plan stratégiqu­e national” (PSN). (Crédits : STEPHANE MAHE)
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