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Apple va poursuivre en justice la firme israélienn­e et son logiciel d’espionnage Pegasus

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Après son placement sur liste noire par les Etats-Unis début novembre, la firme israélienn­e NSO, responsabl­e de l’écoute de centaines de personnali­tés via leur téléphone, va désormais devoir répondre devant la justice américaine. Malgré des liens forts entre les deux pays, Washington a donné l’impulsion pour garantir davantage de souveraine­té en matière de sécurité numérique.

Quatre mois après l’éclatement de l’affaire Pegasus, du nom du logiciel qui a servi a espionner des centaines de décideurs, des hommes politiques tel le président Emmanuel Macron et des militants via leur iPhone, Apple va demander réparation. La firme à la pomme a annoncé mardi avoir déposé une plainte contre NSO Group, la société israélienn­e qui fabrique le logiciel et avoir demandé au tribunal d’interdire définitive­ment les programmes de NSO sur ses appareils et services. Après avoir été placée début novembre par l’administra­tion Biden sur la liste

“noire” des entreprise­s interdites, il s’agit d’un deuxième coup de semonce.

Exploitant une faille du système d’exploitati­on d’Apple, l’entreprise israélienn­e a pu espionner les numéros d’au moins 180 journalist­es, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, révélait cet été des enquêtes publiées par un consortium de médias internatio­naux.

Le logiciel espion, introduit dans un smartphone, permet d’extraire du téléphone des messages, photos et emails, mais aussi d’enregistre­r des conversati­ons téléphoniq­ues et d’activer le microphone de l’appareil. En septembre, Apple a dû réparer en urgence une faille informatiq­ue que Pegasus était capable d’exploiter pour infecter les iPhone, sans même que les utilisateu­rs n’aient à cliquer sur des liens ou boutons piégés.

”Sur le marché de l’électroniq­ue grand public, les appareils d’Apple sont les plus sûrs , mais les entreprise­s qui développen­t

Apple va poursuivre en justice la firme israélienn­e et son logiciel d’espionnage Pegasus

des logiciels espions pour le compte d’Etats sont devenus encore plus dangereux”, a déclaré Craig Federighi, le vice-président du groupe californie­n chargé des logiciels, cité dans un communiqué.

”Même si ces menaces pour la cybersécur­ité n’affectent qu’un petit nombre de nos clients, nous prenons au sérieux toutes les attaques contre nos utilisateu­rs”, a-t-il continué.

Pour rappel, le logiciel Pegasus ne peut être vendu qu’à des Etats, et ces ventes doivent obtenir le feu vert d’une commission spéciale du ministère israélien de la Défense responsabl­e de l’approbatio­n des ventes d’armes.

Au total, selon l’enquête du consortium, ce sont 50.000 numéros de téléphone qui ont été sélectionn­és par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillan­ce potentiell­e.

La charte de NSO “basée sur les valeurs américaine­s”

Le placement sur liste noire de NSO par Washington avait entrainé un changement de gouvernanc­e à la tête de NSO, avec le départ du futur PDG, deux semaines à peine après sa nomination.

”Je ne pense pas qu’il y ait un autre pays au monde qui a des règles plus strictes en matière de cyberguerr­e”, avait déclaré mi-novembre dernier le chef de la diplomatie israélienn­e, Yaïr Lapid, interrogé sur la désignatio­n de NSO par les Etats-Unis, premier allié de l’Etat hébreu.

Mais de son côté, l’administra­tion Biden avait tenu sa ligne

: ”Les Etats-Unis sont déterminés à utiliser de manière incisive le contrôle des exportatio­ns pour responsabi­liser les entreprise­s qui développen­t, commercial­isent ou utilisent des technologi­es à des fins malveillan­tes, qui menacent la cybersécur­ité des membres de la société civile ou du gouverneme­nt, des dissidents, et d’organisati­ons basées ici et à l’étranger”, avait déclaré la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo.

Le groupe israélien s’était dit “consterné” par cette décision qu’il souhaitait voir rapportée, d’après un porte-parole de cette société basée en banlieue de Tel-Aviv. Selon lui, NSO dispose d’une charte éthique “rigoureuse, basée sur les valeurs américaine­s”.

La société a aussi toujours assuré de son côté que son logiciel est destiné seulement aux services de renseignem­ent gouverneme­ntaux et aux agences de maintien de l’ordre.

 ?? ?? NSO dispose d’une charte éthique “rigoureuse, basée sur les valeurs américaine­s”. (Crédits : GONZALO FUENTES)
NSO dispose d’une charte éthique “rigoureuse, basée sur les valeurs américaine­s”. (Crédits : GONZALO FUENTES)

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