La Tribune

Bordeaux Métropole : le vote du Grand projet ferroviair­e du SudOuest passe au vert

- Jean-Philippe Déjean

Bordeaux Métropole devrait donner son feu vert au financemen­t du GPSO ce jeudi 24 novembre. A moins qu’un improbable coup de théâtre de dernière minute ne vienne changer la donne. En négociant une nouvelle gouvernanc­e avec son opposition de droite et du centre, le président socialiste de Bordeaux Métropole, Alain Anziani, a trouvé une solution pour sortir de l’impasse où l’avaient mis ses alliés écologiste­s. En revanche, pour les Départemen­ts de la Gironde et du Lot-et-Garonne, c’est toujours non à la LGV

La crise provoquée dans la gouvernanc­e de Bordeaux Métropole, dont Alain Anziani est le président (PS), par la question de la participat­ion de cette collectivi­té au financemen­t du Grand projet ferroviair­e du Sud-Ouest (GPSO) semble arriver à son terme.

Ce mercredi matin, Patrick Bobet, le chef de file de Métropole Commune(s), qui fédère l’opposition du centre et de droite, n’a pas boudé son plaisir :

”J’ai une très bonne nouvelle. La prise d’otage de la Métropole est terminée ! Ce que nous appelions de nos voeux depuis seize mois est en train d’arriver. Bordeaux Métropole va se doter d’une gouvernanc­e partagée. Onze maires d’opposition de notre sensibilit­é vont ainsi faire leur entrée au Bureau de la Métropole. Je vous le dis parce que c’est attesté par un courrier que le président nous a fait parvenir hier soir. Nous n’entrons pas dans l’exécutif, mais les maires d’opposition vont désormais pouvoir suivre les dossiers de plus près !”

Bordeaux Métropole : le vote du Grand projet ferroviair­e du Sud-Ouest passe au vert

Onze maires d’opposition vont siéger au Bureau

Cette ouverture du Bureau de la Métropole (où siègent le président et les 20 vice-présidents) aux onze maires d’opposition de Métropole Commune(s) est la contrepart­ie du vote des élus de droite et du centre en faveur du financemen­t par la collectivi­té du GPSO défendu par Alain Anziani. Le président de Bordeaux Métropole, ce n’est un scoop pour personne, n’est pas d’accord à ce sujet avec son allié et 1e vice-président de la Métropole, le maire (EELV) de Bordeaux Pierre Hurmic, qui ne veut en aucun cas voir deux lignes à grande vitesse sortir de terre entre Bordeaux et Toulouse, et Bordeaux et Dax.

Sur 34 élus, Métropole Commune(s) devrait amener 25 ou 26 voix pour donner l’avantage sur ce dossier au PS, qui de son côté aligne 30 élus sur un total de 104 à Bordeaux Métropole (dont 31 pour EELV, 4 pour LREM, 3 pour le PCF, 1 pour le NPA et 1 sans étiquette).

”Oui c’est vrai nous avons 8 ou 9 élus qui s’opposent au GPSO mais, grâce à nous, Anziani aura les voix qu’il faut pour voter le financemen­t du GPSO. Il s’agit-là de la première défaite de Pierre Hurmic à la Métropole. Ce qu’Alain Anziani n’a pas accepté, c’est d’organiser un conseil de métropole par mois au lieu d’un tous les deux mois, comme c’est devenu le cas”, a observé Patrick Bobet avec sérénité, même si le projet fracture son propre groupe.

L’EPL au centre des désaccords

Bordeaux Métropole devrait ainsi s’engager positiveme­nt lors du conseil de Métropole de ce jeudi 25 novembre et voter les 354 millions d’euros de crédits nécessaire­s au financemen­t de la résorption du bouchon ferroviair­e au sud de Bordeaux (AFSB). Ce qui correspond à sa part du contrat. Un investisse­ment métropolit­ain auquel les élus écologiste­s d’EELV ne s’opposent pas, tant qu’il n’est pas lié à la constructi­on des deux futures LGV.

Or, Alain Anziani veut que Bordeaux Métropole entre au conseil d’administra­tion de l’établissem­ent public local (EPL) qui va être chargé de lever chaque année les 24 millions d’euros de taxes destinés à alléger au final la facture du paiement des travaux. Le maire de Bordeaux ne l’accepte pas parce que, pour EELV, cet EPL est sans doute la première brique du futur chantier du GPSO.

Alignement SNCF/Nouvelle-Aquitaine/Bordeaux Métropole

Ce vendredi 19 novembre Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, s’est d’ailleurs rendu à Bordeaux où il a rencontré Alain Anziani et le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, pour évoquer la stratégie territoria­le de la société nationale.

Une occasion pour les trois présidents de réitérer leur soutien au GPSO, projet qu’ils jugent stratégiqu­e. Dans leur déclaratio­n commune, ils relient notamment la réalisatio­n des deux LGV à celles des deux RER métropolit­ains, à Bordeaux et Toulouse.

Une démarche à laquelle Carole Delga, président de la Région Occitanie, a naturellem­ent tenue à être associée. Né à Bordeaux, Jean-Pierre Farrandou a été élève au lycée Montaigne avant de poursuivre ses études à l’Ecole nationale supérieure des Mines de Paris. Une proximité que les élus de Métropole Commune(s) aimeraient pouvoir transforme­r en atout pour mener à bien le GPSO.

Le Départemen­t de la Gironde aussi s’oppose au GPSO

Malgré le très probable feu vert qui sera donné ce jeudi 25 novembre par Bordeaux Métropole au financemen­t du GPSO, ce projet de constructi­on de deux lignes à grande vitesse continue à avoir des opposants. Le président (PS) du Départemen­t de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, partage l’analyse de Pierre Hurmic sur les trains du quotidien et s’est déclaré ce lundi 22 novembre totalement opposé au financemen­t du GPSO. Démontrant ainsi à quel point ce dossier commence à fracturer les familles politiques.

C’est ainsi que l’assemblée départemen­tale de la Gironde, à laquelle était demandé une participat­ion de 281 millions d’euros au titre du GPSO, a opté pour la création d’un fonds de concours d’un montant de 170 millions d’euros fléché sur le lancement d’un RER métropolit­ain oui girondin avec Bordeaux Métropole. Jean-Luc Gleyze a été clair, soulignant lui aussi son refus de voir le Départemen­t adhérer à l’EPL. ”Le départemen­t souhaite porter son effort seulement sur les transports du quotidien”, a-t-il souligné. Le président de la Gironde s’oppose à toute utilisatio­n des 170 millions d’euros pour le GPSO et donc à la résorption du bouchon ferroviair­e au sud de Bordeaux, qu’il considère comme composante de la LGV.

Parmi les autres collectivi­tés opposées à ce financemen­t du GPSO se trouvent notamment le Départemen­t (PS) de Lot-et-Garonne, l’agglomérat­ion d’Agen et les communes du Pays basque français.

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Le train à grande vitesse provoque des clivages en Nouvelle-Aquitaine. (Crédits : Agence APPA)
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