La Tribune

Interpol, épisode 3 : début de fumée blanche en vue, sur un dossier qui réunit désormais Métropole et Région

- Marie Lyan @Mary_Lyan

C’est une nouvelle étape franchie en quelques jours pour un dossier majeur de la scène lyonnaise, mais aussi, au sein des relations cultivées entre deux institutio­ns de premier plan. Après l’amorce d’un bras de fer qui se dessinait entre la métropole écologiste et le Ministère de l’Intérieur, un nouveau courrier, signé conjointem­ent entre le Grand Lyon et la Région Auvergne RhôneAlpes, donne le ton de l’apaisement, concernant l’avenir du siège mondial d’Interpol dans la capitale des Gaules. Mais il ne comprend pas encore expresséme­nt la Ville de Lyon...

Un courrier pas encore à triple, mais à double en-tête, et qui marque déjà en soi une petite révolution sur la scène lyonnaise, pour les observateu­rs de ce dossier.

Alors qu’Interpol tient actuelleme­nt son assemblée générale du 23 au 25 novembre à Istanbul (Turquie) et qui visera à élire son nouveau président, le Grand Lyon, conduit par l’écologiste Bruno Bernard et la Région Auvergne Rhône-Alpes, menée par le président LR Laurent Wauquiez, ont su manifestem­ent trouver un terrain d’entente. Mais également, un moment pour se rencontrer, concernant le très stratégiqu­e dossier du siège mondial d’Interpol à Lyon.

On se souvient qu’à ce sujet, la passe d’armes se situait, il y a quelques jours, en premier lieu entre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et les exécutifs écologiste­s de la ville et métropole de Lyon, Grégory Doucet et Bruno Bernard, qui avaient eu l’occasion d’exposer leurs désaccords, concernant la demande “expresse” de financemen­t, émanant de l’Etat, pour le

Interpol, épisode 3 : début de fumée blanche en vue, sur un dossier qui réunit désormais Métropole et Région

projet d’extension du siège mondial d’Interpol, basé depuis 1989 à Lyon.

Après un premier courrier adressé au ministère de l’Intérieur, et où le président EELV de la Métropole de Lyon rappelait la nature de ses positions sur ce dossier, et des prises de position du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, c’est finalement une nouvelle missive, cette fois co-signée par Bruno Bernard et Laurent Wauquiez ce mardi 23 novembre, qui se destine désormais au plus haut sommet de l’Etat.

C’est-à-dire cette fois le ministère de l’Intérieur toujours, avec en copie, le Premier ministre Jean Castex qui avait montré son intérêt pour ce dossier, mais également plus localement, leur représenta­nt officiel au sein du territoire, le préfet de Région Pascal Mailhos.

Et cette fois, la position des deux élus locaux EELV et LR, qui demeuraien­t en outre particuliè­rement distants depuis l’investitur­e des exécutifs écologiste­s en juillet 2020 -Bruno Bernard et Grégory Doucet ayant tous les deux lancé des appels du pied à Laurent Wauquiez-, se veut pour la première fois commune, et ce, de manière officielle.

Une collaborat­ion affichée désormais

« Aux côtés de l’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Métropole de Lyon ont toujours su collaborer pour concrét iser des projets d’envergure internatio­nale et stratégiqu­es pour nos territoire­s », explique ce courrier conjoint, prenant en exemple les dossiers des futures implantati­ons de l’académie de formation de l’Organisati­on Mondiale de la Santé, ou encore le nouveau bâtiment du CIRC.

Evoquant désormais noir sur blanc leur souhait « qu’lnterpol conserve son siège mondial à Lyon », les deux élus se disent « prêts à discuter et à trouver, ensemble, des solutions opérationn­elles à ce projet que l’État porte ». Avec toutefois, une limite conjointe : que l’Etat français s’engage lui-même et de manière « claire », « au-delà d’un effet d’annonce recherché lors de la prochaine Assemblée Générale d’lnterpol les 23-24-25 novembre prochains ».

Cette missive mentionne également la tenue effective d’une réunion entre les acteurs locaux de ce dossier, en urgence le 11 novembre dernier aux côtés du Préfet de Région.

Des réserves partagées sur la présidence de l’outil

Une occasion cependant d’évoquer les réserves conjointes qui demeurent, car cette rencontre « n’aurait pas permis d’apporter les éclairages pourtant légitimes et demandés depuis de nombreuses années par les collectivi­tés territoria­les sollicitée­s », à savoir notamment : « la clarificat­ion des détails du projet d’extension, la confirmati­on d’une participat­ion de l’État au financemen­t au moins équivalent­e à celle affichée en 2018 à hauteur de 32,5 millions d’euros, et le pilotage assumé du dossier au niveau des services déconcentr­és de l’État ».

C’est également ensemble que la Région et la Métropole souhaitent également appeler l’Etat français à la « vigilance » sur la future présidence d’lnterpol, où candidate cette semaine un haut responsabl­e policier des Émirats Arabes Unis, le général Nasser Ahmed Nasser Al-Raisi, faisant l’objet de plaintes pour des actes de tortures.

Depuis ce mardi et jusqu’à jeudi soir, une assemblée générale de l’organe de coopératio­n policière est ouverte à Istanbul (Turquie) et doit notamment décider du prochain président de l’institutio­n, dans une gouvernanc­e bicéphale où la direction générale est quant à elle assurée par l’allemand Jürgen Stock.

Bruno Bernard et Laurent Wauquiez affirment ainsi qu’une « candidatur­e entachée de plaintes poserait un vrai risque au fond, et pourrait délégitime­r I’institutio­n et son accueil dans notre démocratie ».

Pour autant, ce courrier n’est pas consigné par le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, qui a répété à plusieurs reprises sont souhait d’entendre une position claire de l’Etat en matière de financemen­t sur ce dossier, ainsi que ses réserves toujours fortes concernant la présidence de l’organe de coopératio­n policière à venir.

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(Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l’économie)

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