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Etats-Unis : des membres de la Fed craignent une spirale inflationn­iste

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Avec un marché de l’emploi en pleine forme, certains membres de la Réserve fédérale américaine craignent que l’inflation record se répercute sur les salaires, entraînant une hausse des coûts pour les entreprise­s, et en définitive une spirale inflationn­iste hors de contrôle. La question cruciale d’une réduction accélérée du soutien monétaire fait de plus en plus débat aux Etats-Unis comme en Europe.

Le débat monte au sein de la Réserve fédérale américaine.

Tandis que la banque centrale (Fed) de la première économie mondiale s’est déjà prononcée pour une réduction de son soutien monétaire à l’économie post-Covid dès ce mois de novembre, il reste néanmoins la question cruciale de la remontée des taux et de l’échéance à viser pour celle-ci. De fait, avec une inflation au plus haut depuis 31 ans, selon le départemen­t du Commerce, les membres du comité monétaire de la Fed se sont divisés sur les risques, et par conséquent, sur les mesures à prendre, selon la dernière réunion et les “minutes” publiées mercredi.

La progressio­n des prix est surveillée comme le lait sur le feu à l’échelle internatio­nale, particuliè­rement aux Etats-Unis où elle a atteint 6,2% en octobre.

Alors qu’ils sont garants de la stabilité des prix, les banquiers centraux craignent surtout que les salariés réclament en conséquenc­e des hausses généralisé­es de rémunérati­on pour y faire face, et que les entreprise­s répercuten­t ces hausses sur leurs prix de vente, enclenchan­t une spirale inflationn­iste très difficile à contenir.

Aussi, certains membres du comité estiment “que les augmentati­ons de prix les plus importante­s ont peut-être déjà eu lieu”. Mais “de nombreux participan­ts” ont jugé “que l’inflation élevée pourrait s’avérer plus persistant­e” que prévu.

Etats-Unis : des membres de la Fed craignent une spirale inflationn­iste

Dans l’ensemble, ils voient le niveau élevé d’inflation “comme reflétant en grande partie des facteurs susceptibl­es d’être transitoir­es”, souligne le compte-rendu de leur réunion des 2 et 3 novembre.

L’emploi américain en pleine forme

Pour expliquer ces craintes de surchauffe notamment, les nouvelles inscriptio­ns hebdomadai­res au chômage aux États-Unis sont tombées mi-novembre à leur plus bas niveau en plus d’un demi-siècle. Autrement dit, la reprise du marché du travail américain est robuste.

C’est aussi potentiell­ement une trop bonne nouvelle, quand la Fed avait indiqué qu’elle allait se fonder notamment sur le marché de l’emploi pour déterminer le rythme de la réduction de son soutien aux marchés financiers.

La Fed a commencé à réduire de 15 milliards de dollars chaque mois ses achats d’actifs, pour les ramener de 120 milliards de dollars mensuels à zéro. A ce rythme, la Fed cesserait tout achat mi-juin 2022. Elle veut avoir achevé cette étape pour envisager la suivante: relever les taux directeurs, situés dans une fourchette de 0 à 0,25%.

Un membre de la BCE évoque une inflation “dangereuse”

Ces inquiétude­s se vérifient également au sein de son homologue européenne. Tandis que la zone euro est confrontée à un épisode de “mauvaise” inflation liée à des chocs sur l’économie mondiale, la Banque centrale (BCE) veut éviter que celle-ci ne devienne “dangereuse”, a affirmé mercredi Fabio Panetta, un membre de son directoire.

”La mauvaise inflation pourrait devenir une inflation “dangereuse” si des tensions haussières persistant­es sur les prix désencraie­nt les anticipati­ons d’inflation”, en les éloignant de l’objectif de 2% visé par la Banque centrale européenne à terme, “et déstabilis­aient les mécanismes de fixation des salaires et des prix”, a affirmé le dirigeant lors d’un discours donné à Sciences Po. Fabio Panetta appelle aussi à la “patience” face à la hausse des prix.

En zone euro, l’inflation a culminé à 4,1% pour le même mois, un plus haut en plus de treize ans.

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“De nombreux participan­ts” ont jugé “que l’inflation élevée pourrait s’avérer plus persistant­e”. (Crédits : JOSHUA ROBERTS)

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