La Tribune

« Touche pas à ma pote ! »

- Alexandra Borchio-Fontimp* l_bottero

Malgré un Grenelle des violences conjugales, les violences faites aux femmes sont en augmentati­on. Ce qui exige de continuer la prévention sur le terrain, de faire appel aussi à de nouveaux dispositif­s technologi­ques pour continuer à déconstrui­re les stéréotype­s. *Par Alexandra Borchio-Fontimp, sénatrice des Alpes-Maritimes, conseillèr­e départemen­tale des Alpes-Maritimes.

101, voilà le nombre de femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier 2021. La cellule familiale n’est nullement épargnée par la montée des faits de violence qui gangrènent notre société. Face à ce constat des plus effarant, les violences faites aux femmes ne peuvent demeurer ensevelies plus longtemps sous l’indifféren­ce collective. Rien ne justifie le recours à la violence, rien ne justifie de faire voler en éclats la vie de celles dont la parole se libère.

Si les violences existent et ont malheureus­ement toujours existé, on ne peut que se désoler de voir que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Loin de nous résigner, ce constat doit nous animer et continuer de nous insurger sans discontinu­ité. Toutes et tous, sans exception.

Alors que 87% des victimes de violences conjugales sont des femmes, il est scandaleux d’entendre le ministère de l’Intérieur nous annoncer une augmentati­on de 10% des violences conjugales. Faut-il rappeler qu’elles ont concerné 159.400 personnes tous sexes confondus en 2020 ?

Des budgets en deça des besoins pratiques

Lever la main, rabaisser ou encore humilier continuell­ement celle qu’on prétend aimer, avec qui l’on partage - par choix - son quotidien, sont des actes qui ne doivent plus bénéficier d’aucune excuse. A notre époque en tout cas, cela ne devrait plus jamais être excusé, et encore moins banalisé.

En effet, si je félicite évidemment les avancées du Grenelle des violences conjugales, lancé le 3 septembre 2019, je sais que les budgets alloués sont bien en deçà des attentes et des besoins pratiques surtout.

Les peines prononcées sont souvent si insignifia­ntes qu’elles en deviennent parfois douloureus­es pour les victimes. Comment arriver à convaincre que les choses avanceront plus vite, et

« Touche pas à ma pote ! »

mieux, lorsque les faits de violence contre les femmes mènent presque toujours à la récidive.

Qui peut oublier l’assassinat début mai de Chahinez Daoud, brulée vive par son mari, en pleine rue, alors que celui-ci avait déjà été condamné à de la prison pour des faits de violence ?

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(Crédits : DR)

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