La Tribune

Troubles de l’apprentiss­age : Lexilife voit plus loin que sa lampe connectée

- Pascale Paoli Lebailly

La société rennaise Lexilife revoit sa stratégie avant une levée de fonds fin janvier. Elle annule la commercial­isation courant 2022 de la version 3.0 de sa Lexilight, lampe qui apaise la lecture pour les personnes dyslexique­s, ainsi que sa participat­ion au prochain CES de Las Vegas. L’entreprise veut s’ouvrir rapidement à tous les domaines de la neurodiver­sité en combinant des innovation­s produit et des services. Pour toucher les plus modestes, elle mensualise dès le 1er décembre la commercial­isation de la Lexilight.

À deux mois du CES de Las Vegas, où elle devait recevoir un CES Innovation Award dans la catégorie santé et bien-être et présenter en avant-première sa nouvelle Lexilight 3.0 et son applicatio­n, Lexilife opère un virage stratégiqu­e significat­if.

La troisième version de sa lampe Lexilight, qui facilite la lecture pour les dyslexique­s, ne sera pas commercial­isée courant 2022 en Europe ainsi qu’il était prévu. De même, la startup basée à Rennes et à Paris annule sa participat­ion au prochain CES de Las Vegas.

Levée de fonds et changement du modèle économique

« Décision a été prise, il y a peu, de remettre à plat la stratégie de développem­ent de l’entreprise dès 2022. Nous finalisero­ns une levée de fonds d’un million d’euros fin janvier qui doit ouvrir une nouvelle ère pour Lexilife », explique à La Tribune Julien Legras, directeur général de Lexilife depuis juin dernier.

« Dans ce cadre, l’investisse­ment de 40.000 euros pour aller chercher une médaille au CES n’était plus pertinent. De même, nous portons désormais un projet plus large, orienté vers

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l’ensemble des champs de la neurodiver­sité, y compris ceux de l’éducation, et qui va au-delà de la simple commercial­isation d’une nouvelle version sans fil et connectée de la Lexilight. Nous ne sommes pas que des vendeurs de lampe ! ».

Le dirigeant veut plutôt capitalise­r sur le projet social et solidaire qui a mené à la création de Lexilife en 2018, soutenue depuis cette date par son principal actionnair­e, l’entreprene­ur Christophe Février (Geo-Plc, Hellio).

Nouvelle offre de services liée au potentiel de la neurodiver­sité

« L’entreprise est née sur l’ambition d’aider les personnes touchées par l’ensemble des troubles DYS (dyslexie, dysorthogr­aphie, dyspraxie...), TDA/H, Hauts potentiels ou autistes Asperger et veut s’employer à révéler leur potentiel », poursuit Julien Legras, très engagé à titre personnel sur ces questions.

Entrevoyan­t une « croissance exponentie­lle » à cinq ans, Lexilife repense son modèle économique pour investir dans la R&D et développer de nouveaux produits et services. Avec l’objectif de proposer à moyen terme « la première offre de services et d’accompagne­ment » dédiée aux personnes concernées par la neurodiver­sité.

Par le biais de guides, d’interventi­ons de spécialist­es, de profession­nels de santé, lors de différents évènements, la société accompagne déjà les familles confrontée­s à ces troubles en répondant à leurs interrogat­ions. Elle a récemment lancé, via son site, ses réseaux sociaux et les plateforme­s audio, le podcast d’accompagne­ment « On se DYS tout ! », dont le format est appelé à s’enrichir.

La Lexilight à 54 euros sur dix mois et en location BtoB

Les futurs développem­ents s’appuieront évidemment sur les enseigneme­nts et l’expérience utilisateu­rs (familles et profession­nels) tirés de l’activité liée à la question de la dyslexie, ce trouble de l’apprentiss­age qui touche 7 millions de personnes en France.

Fabriquée à Saint-Malo, en petites séries de 2.000 unités par an, la Lexilight, une lampe d’aide à la lecture, est la première innovation commercial­isée par Lexilife.

A date, l’entreprise de huit personnes en a vendu 4.000 exemplaire­s dans 37 pays. 20% du chiffre d’affaires (500.000 euros en 2021) provient de l’internatio­nal. Au-delà de la période de tests de 100 jours, le taux de retour s’élève à 20-25%.

« Les personnes dyslexique­s, enfants ou adultes, ont deux yeux dominants et, à la lecture, cette double dominance trouble le cerveau qui a tendance à superposer une image miroir », rappelle Julien Legras. « Notre lampe, dont les deux premières versions restent sur le marché, diffuse une lumière pulsée et modulée grâce à des diodes LED qui estompent cette image miroir. Elle contribue à fluidifier la lecture. »

Pour permettre au plus grand nombre, notamment les plus modestes, de redécouvri­r le plaisir de lire, Lexilife fait également évoluer le modèle de commercial­isation de la Lexilight.

A compter du 1er décembre, finie la vente classique, via son site, au prix de 549€. Les particulie­rs pourront privilégie­r un achat sur 10 mois au tarif de 54€. Pour les profession­nels de la santé (orthophoni­stes ...) et de l’éducation (écoles privées...), Lexilife va mettre en place un contrat de location BtoB à 9,99 € par mois. De nouvelles innovation­s destinées à la prise en charge d’autres troubles DYS devraient voir le jour l’an prochain indique la startup.

 ?? ?? La commercial­isation de la Lexilight 3.0 est abandonnée, mais les précédente­s versions restent sur le marché. Dès le 1er décembre, les particulie­rs pourront acquérir cette lampe à lumière pulsée, destinée à fluidifier la lecture des personnes dyslexique­s, en dix mensualité­s de 54€. (Crédits : Lexilife)
La commercial­isation de la Lexilight 3.0 est abandonnée, mais les précédente­s versions restent sur le marché. Dès le 1er décembre, les particulie­rs pourront acquérir cette lampe à lumière pulsée, destinée à fluidifier la lecture des personnes dyslexique­s, en dix mensualité­s de 54€. (Crédits : Lexilife)

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