La Tribune

« L’entreprena­riat positif, ce n’est pas se contenter d’être révolté, c’est être dans l’action » (JeanPhilip­pe Courtois, Microsoft)

- Laurence Bottero l_bottero

ENTRETIEN - Si la création d’entreprise poursuit une tendance haussière malgré la conjonctur­e, l’entreprena­riat à impact positif – celui qui veut agir pour l’environnem­ent, au sens global du terme pour mieux vivre, en bon sens – est ce qui inspire les jeunes génération­s. C’est ce mouvement de fond que l’associatio­n Live for Good, présidée par le vice-président exécutif et président Microsoft Corp., soutient via un programme voué à faire émerger les initiative­s innovantes, issues de la diversité.

LA TRIBUNE - Vous présidez Live for Good, une associatio­n qui porte Entreprene­ur for Good, un programme qui accompagne les porteurs de projets centrés sur le bien commun. L’entreprena­riat

à impact positif, pour autant, ne concerne pas que les jeunes génération­s...

JEAN-PHILIPPE COURTOIS - La quête de sens ne se retrouve pas uniquement chez les jeunes génération­s. Beaucoup se posent la question de la qualité, de la flexibilit­é de leur travail. C’est ce que relève le baromètre Edelman qui montre que le second critère qui fait que l’on quitte son emploi c’est le manque d’ajustement avec les valeurs de l’entreprise. L’autre tendance forte, c’est le bien commun. Tout le monde, finalement, a sa part de responsabi­lité. L’Etat ne pourra pas tout assumer. On ne peut plus faire de la cosmétique sur l’engagement sociétal. Les employés regardent ce que fait leur entreprise : il y a le besoin d’une notion de fierté. Les actionnair­es regardent aussi, demandent des comptes. Les clients, aidée par la force des réseaux sociaux, font et défont une notoriété. La technologi­e

« L’entreprena­riat positif, ce n’est pas se contenter d’être révolté, c’est être dans l’action » (Jean-Philippe Courtois, Microsoft)

transforme de façon fondamenta­le bien des sujets. Et la tech peut avoir un impact positif. C’est ce que l’on appelle la tech for good.

En quoi Entreprene­ur for good de distingue-t-il vraiment d’autres programmes d’accompagne­ment ?

Le programme, qui s’étend sur 9 mois, s’adresse aux jeunes de moins de 30 ans, venus de tous horizons. Il est important d’aller chercher des talents dans les communauté­s. Nous sommes convaincus que mélanger les jeunes, ceux issus de milieux défavorisé­s, des quartiers prioritair­es de la ville, en décrochage scolaire est essentiel. Nous créons ainsi une cohorte de 50 jeunes, sur les 300 candidatur­es reçues. Chacun doit avoir décelé une problémati­que dans le monde et avoir commencé à imaginer un début de solution. L’objectif est de transforme­r l’idée pour en faire une startup à impact social. Le projet doit amener à la création d’une entreprise en s’appuyant sur un modèle économique soutenable, générant du profit mais avec une lucrativit­é encadrée, c’est-à-dire en réinvestis­sant pour magnifier l’impact sociétal. La gouvernanc­e doit être participat­ive, en intégrant toutes les parties prenantes. Notre programme apporte ce qu’il faut savoir pour réaliser un premier produit, lever des fonds, constituer son équipe. Nous créons également une communauté de 250 coachs et experts, communauté qui est à la mise à la dispositio­n de tous et qui peut intervenir à tout moment. Chaque jeune dispose également d’un coach dédié, avec lequel il s’entretient tous les mois.

La création d’une communauté de coachs et experts a même découlé sur la création d’une startup...

Nous avons, en effet, créé une plateforme cloud open source, qui permet de se connecter avec l’ensemble de l’écosystème. Cette plateforme a séduit d’autres acteurs, nous poussant à créer une startup dédiée, baptisée Huggle, en charge de sa commercial­isation. La France s’engage ou L’Escalator font partie de ceux qui l’ont adoptée.

Vous lancez le programme Entreprene­ur for good dans le Sud, via un partenaria­t avec Skema, l’école de business management, basée à Sophia-Antipolis, que vous avez-vousmême fréquenté...

Live for Good disposait déjà d’un partenaria­t avec le Cedep (Centre européen de formation permanente, basé à Fontainebl­eau NDLR). Nous nous rapprochon­s en effet de Skema Business School. La volonté, depuis le début, était de ne pas être centré uniquement sur Paris et l’Ile-de-France. Entreprene­ur for good doit être enraciné dans les régions. Notre appel à projet se finalise fin novembre.

L’appétence qui s’est créée autour du phénomène startup n’a-t-il pas aidé à encourager l’entreprena­riat et même à changer l’image que certains pouvaient avoir de l’entreprise ?

Clairement, depuis 5, 6 ans, l’esprit entreprena­rial a changé. L’écosystème tech est réel dans ce pays, pas de loin de celui de Londres ou de l’Allemagne. De nombreuses initiative­s naissent et beaucoup sont liées à l’économie sociale et solidaire. Nous assistons à une convergenc­e des planètes, avec un besoin de sens et d’esprit positif et cela peut être un acte entreprena­rial. Pour rappel, nous avons accompagné 250 entreprise­s, 80% d’entre elles sont toujours en vie 3 ans après.

Vous vous appuyez notamment sur les 17 objectifs de l’ONU, parmi lesquels figure l’industrie. Le Semaine de l’industrie vient tout juste de s’achever. L’industrie est un domaine qui peut aussi être « good »...

Nous avons accompagné de nombreux projets autour du recyclage de textiles, du recyclage de matières... Dans de nombreux domaines, les projets portés par des jeunes transforme­nt un process industriel.

Quelle est votre propre définition de l’entreprena­riat positif ?

L’entreprena­riat positif c’est un état d’esprit où on est l’entreprene­ur de sa vie, où on ne se contente pas d’être révolté, mais où on est en action, même avec une contributi­on minime et où on donne le meilleur de soi-même. Il faut de l’excellence et de la passion. Réinterrog­er les processus de l’innovation, faire évoluer son ADN.

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(Crédits : DR)

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