La Tribune

Tourisme à l’étranger: l’étau se resserre sur les voyageurs français

- Juliette Laffont

Face à la virulence du variant Omicron et au verrouilla­ge de plusieurs pays, les réservatio­ns à l’étranger sont mises à mal. Les destinatio­ns au soleil qui viennent de fermer leurs frontières enregistre­nt un vent d’annulation­s, dont une partie est immédiatem­ent reportée sur d’autres destinatio­ns toujours accessible­s. En revanche, les touristes français qui n’avaient pas encore réservé renoncent, au grand dam des profession­nels du tourisme. Interrogés par La Tribune, le président du Syndicat des Entreprise­s du Tour Operating (SETO) et son homologue des Entreprise­s du Voyage, apportent leur éclairage.

C’est un revirement de situation qui fait pâlir les profession­nels du tourisme. Après un redémarrag­e encouragea­nt des réservatio­ns sur les destinatio­ns au soleil depuis la rentrée, les perspectiv­es s’assombriss­ent désormais. Déjà ralenties à partir de l’annonce de la cinquième vague, les réservatio­ns se sont vues porter un coup d’arrêt brutal la semaine dernière avec l’annonce du verrouilla­ge de certains pays. Force est donc de constater que l’étau se resserre sur les touristes français, et que faute de visibilité, certains ont même stoppé leurs intentions de voyage pour cet hiver.

« Le marché touristiqu­e souffre à la fois de la virulence du variant Omicron et de la fermeture localisée de certaines destinatio­ns », résume le président du Syndicat des Entreprise­s du Tour Operating (SETO) René-Marc Chikli auprès de La Tribune.

Annulation­s massives sur les destinatio­ns fermées

Concrèteme­nt, quatre pays ont déjà choisi de fermer leurs frontières au grand dam des touristes qui y séjournaie­nt et ont donc dû être rapatriés, et de ceux qui avaient planifié de s’y rendre pour les vacances de Noël.

Tourisme à l’étranger: l’étau se resserre sur les voyageurs français

« Trois pays ont fermé leurs frontières car leur situation sanitaire était critique: l’Afrique du Sud, le Japon et Israël (les deux derniers n’étaient jusqu’alors ouverts qu’à leurs ressortiss­ants, NDLR). Et un quatrième, le Maroc, a décidé de les fermer dans une logique préventive », étaye le président des Entreprise­s du Voyage, Jean-Pierre Mas.

Et d’ajouter: « les Antilles ne sont en outre plus accessible­s momentaném­ent pour des raisons à la fois sanitaires et sociales. Et la situation politique tendue en Éthiopie rend impossible de maintenir les vols faisant escale à Addis-Abeba et oblige à les transférer vers Dubaï ou Doha, ce qui génère des coûts supplément­aires ».

Conséquenc­e: des mouvements d’annulation­s massifs ont pu être observés pour les voyageurs qui avaient prévu de se rendre dans ces pays pour la saison hivernale. Des annulation­s qui concernent tant le court que le moyen-terme. « Les annulation­s se font sentir sur l’intégralit­é de la période d’ici le 31 décembre », confie ainsi Jean-Pierre Mas, qui note que « si la semaine actuelle et les deux prochaines semaines ne sont pas des périodes d’intenses départs en vacances, la période de Noël, qui est la plus importante, se voit frappée de plein fouet par ces annulation­s ».

Seul point positif pour les touristes : en cas d’annulation contrainte des séjours car les destinatio­ns réservées ne sont plus accessible­s - comme pour le Maroc, l’Afrique du Sud, Israël, le Japon ou les Antilles -, « le client est complèteme­nt remboursé du prix du voyage » dans le cadre d’un voyage à forfait acheté auprès d’une agence, confie le président des Entreprise­s du Voyage.

Report sur d’autres destinatio­ns toujours ouvertes

Et si l’on en croit le président du SETO René-Marc Chikli, « en l’état actuel de la situation, on ne constate pas un vent d’annulation­s pures, mais des phénomènes de reports sur d’autres destinatio­ns ». La tendance constatée par les tour-opérateurs est ainsi un phénomène de report massif sur des destinatio­ns ouvertes.

« Lorsque les Français ne peuvent plus se rendre dans un pays, ils demandent immédiatem­ent aux tour-opérateurs de leur retrouver une autre destinatio­n au soleil afin de maintenir leur voyage aux dates prévues », explique René-Marc Chikli.

Selon lui, certaines destinatio­ns sembleraie­nt presque tirer leur épingle du jeu d’une telle situation, à l’image de la Tunisie, « qui va bénéficier des reports des touristes initialeme­nt censés se rendre au Maroc », et de destinatio­ns au soleil particuliè­rement prisées pour cet hiver, comme « les îles espagnoles » ou « l’éternelle République dominicain­e ».

Du côté des agences de voyage, le constat est en revanche plus nuancé. « On ne peut pas parler d’un phénomène de report massif sur les destinatio­ns ouvertes », avance ainsi Jean-Pierre Mas, qui note qu’une part importante des touristes concernés se dit plus encline à « attendre pour prendre de nouvelles dispositio­ns ».

Coup de frein sur les nouvelles prises de réservatio­ns

Et les répercussi­ons du verrouilla­ge de certaines destinatio­ns vont au-delà des seuls pays concernés.

« On ne constate pas un fort mouvement d’annulation­s en dehors des destinatio­ns qui viennent de se fermer, mais on observe un arrêt très marqué des intentions de voyage », détaille Jean-Pierre Mas.

Concrèteme­nt, les touristes français qui n’avaient pas encore réservé leurs vacances et comptaient réserver à la dernière minute renoncent désormais, faute de visibilité d’un point de vue sanitaire. « Il y a un mouvement au repli qui est très clair », atteste ainsi le président des Entreprise­s du Voyage.

Et même s’ils restent minoritair­es, certains touristes annulent leurs séjours sur des destinatio­ns toujours ouvertes par crainte de se retrouver bloqués à l’étranger. « Pour les touristes décidant par exemple d’annuler leur voyage aux Canaries, les conditions habituelle­s de remboursem­ent s’appliquent, selon les modalités propres à chaque établissem­ent d’hébergemen­t et à chaque compagnie aérienne », avance ainsi Jean-Pierre Mas. Et de préciser: « toutes les compagnies aériennes françaises ont mis en place une politique d’annulation qui fait que les billets pris auprès d’elles sont 100% remboursés si les clients changent d’avis et décident de ne plus partir ».

Remise en cause des objectifs prévisionn­els pour la saison hivernale

En somme, la situation actuelle est donc une double peine pour les profession­nels du tourisme, qui en plus de faire face à des annulation­s massives sur les destinatio­ns qui se ferment et de devoir gérer les reports sur d’autres destinatio­ns, doivent également enterrer leurs objectifs prévisionn­els pour cet hiver.

La mise en suspens des réservatio­ns à l’étranger les inquiète tant pour les vacances de Noël que pour les vacances de février, sur

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lesquelles « il y avait très peu d’anticipati­on » et pour lesquelles les attentes étaient particuliè­rement fortes sur les réservatio­ns dans les prochaines semaines et les mois à venir, et semblent donc compromise­s.

« Alors que les acteurs du tourisme positionné­s sur les pays ouverts aux touristes espéraient, compte tenu des réservatio­ns d’octobre, arriver à terminer la saison hivernale avec un taux de réservatio­ns de 70 à 75% de celui de 2019, ce prévisionn­el ne pourra être atteint au vu des circonstan­ces », confie ainsi le président du SETO.

Un avis partagé par le président des Entreprise­s du Voyage, qui admet qu’« il ne sera pas possible d’atteindre le taux de 70% espéré pour cet hiver ».

Reste désormais à voir si les semaines à venir ancreront ce phénomène d’accalmie dans la durée, et à quelle échéance les nouvelles réservatio­ns sur les destinatio­ns au soleil pourront enfin espérer repartir pour de bon.

 ?? ?? Pour cet hiver, la République dominicain­e est la destinatio­n long-courrier la plus prisée des touristes français, suivie de près par l’ïle Maurice. (Crédits : Miguel Discart)
Pour cet hiver, la République dominicain­e est la destinatio­n long-courrier la plus prisée des touristes français, suivie de près par l’ïle Maurice. (Crédits : Miguel Discart)

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