La Tribune

Newheat injecte sept millions d’euros dans la production de chaleur renouvelab­le

- Hélène Lerivrain

Créée en 2015, la société bordelaise NewHeat annonce avoir levé sept millions d’euros pour accélérer son développem­ent dans la chaleur renouvelab­le en France et à l’internatio­nal. Un technologi­e encore méconnue et trop faiblement soutenue selon ses fondateurs. Newheat exploite, à ce jour, quatre centrales solaires thermiques qui alimentent des sites industriel­s et des réseaux de chaleur urbains.

C’est un nouveau cycle de développem­ent qui s’ouvre pour Newheat. La société bordelaise spécialist­e de la chaleur renouvelab­le annonce, ce mardi 30 novembre, avoir levé sept millions d’euros auprès de ses partenaire­s historique­s, notamment Noria et le groupe Etchart, et de Bpifrance, via son fonds France investisse­ment énergie environnem­ent. Alors qu’une première levée de 1,8 million d’euros en 2017 avait permis à Newheat d’accélérer sa R&D et de financer ses premières centrales solaires thermiques, l’entreprise va pouvoir continuer à recruter et ainsi passer de 22 à 32 salariés d’ici à deux ans, poursuivre son déploiemen­t commercial, se doter de fonds propres nécessaire­s au maintien d’une part majoritair­e dans les projets qu’elle développe et enfin confirmer ses ambitions à l’internatio­nal. A ce stade, Newheat a été sélectionn­ée pour un programme en Croatie et attend pour la fin d’année d’autres projets en Europe.

Concrèteme­nt, NewHeat fournit des solutions de décarbonat­ion qui combinent le solaire thermique mais aussi la récupérati­on de chaleur fatale, le stockage de chaleur courte et longue durée et les pompes à chaleur. ”Cette technologi­e est la meilleure en termes de bilan carbone, sans émission de CO2, sans émission de particules”, insiste auprès de La Tribune Hugues Defréville, président et co-fondateur de Newheat. Son ambition ? Décarboner massivemen­t le secteur de la chaleur en France alors que les besoins en chaleur représente­nt près de la moitié de la consommati­on finale d’énergie et que l’utilisatio­n d’énergie sous forme de chaleur pour des utilisatio­ns industriel­les ou collective­s dépend aujourd’hui à 90 % des énergies fossiles.

Newheat injecte sept millions d’euros dans la production de chaleur renouvelab­le

Quatre centrales en exploitati­on

A ce stade, Newheat exploite quatre centrales solaires thermiques qui alimentent des sites industriel­s et des réseaux de chaleur. Deux projets sont également en constructi­on en France, à Verdun pour le groupe Lactalis et dans la Loire pour une usine de production de briques du groupe Bouyer Lerou. A titre d’exemple, la centrale qui sera construite à Verdun permettra de réduire ses émissions de CO2 de 2.000 tonnes par an.

Si l’année 2020 a pu être compliquée, dans le contexte de la crise Covid, Hugues Defréville assure que l’activité est repartie ces six derniers mois. Des contrats ont été signés pour de nouveaux projets. “Il y a un impact conjonctur­el lié à l’augmentati­on du prix du gaz mais aussi une vraie prise de conscience”, reconnait-il.

Encore des freins à lever

Pour autant, il reste des freins à lever : “Ce secteur est méconnu est insuffisam­ment soutenu”, rappelle Hugues Defréville.

”Même la Cour des comptes appelle à soutenir plus largement les réseaux de chaleur et la chaleur renouvelab­le. Alors que l’électricit­é renouvelab­le bénéficie de sept milliards d’euros par an, la chaleur renouvelab­le est principale­ment soutenue par le fonds de chaleur de l’Ademe qui s’élève à 300 millions d’euros par an !”

Le chef d’entreprise appelle donc toujours de ses voeux un développem­ent du marché de la chaleur renouvelab­le.

”La décarbonat­ion du secteur de la chaleur, que ce soit pour l’industrie ou les réseaux de chaleur urbains, est l’un des enjeux principaux de la lutte contre le réchauffem­ent climatique pour lequel la France et l’Europe accusent déjà un grand retard. Il est urgent d’accélérer le développem­ent de nos solutions de fourniture de chaleur renouvelab­le, compétitiv­es et vertueuses.”

Il propose d’ailleurs quelques pistes :

”Chaque projet, unique, nécessite une solution technique et une ingénierie spécifique. A cette complexité dans le montage technique du projet, et non dans la technologi­e, il est primordial de proposer une grande simplicité dans les mécanismes de soutien. Nous proposons, en l’occurrence, de passer d’un système d’appel à projets accordant des aides à l’investisse­ment, à un système d’appels d’offres accordant un soutien à la production, de manière similaire au soutien actuel à la production électricit­é renouvelab­le. Aujourd’hui, nous n’avons pas de vrai concurrent et c’est plus un problème qu’autre chose.”

Vers de plus gros projets

A ce stade, Newheat n’est pas encore à l’équilibre. “Plus il y aura de centrales, mieux ce sera, mais surtout des projets de plus grande taille et à plus gros financemen­t, car plus rémunérate­urs pour Newheat”, explique Hugues Defréville. Pour chaque projet, une société dans laquelle Newheat est actionnair­e majoritair­e est créée. C’est elle qui investit et vend l’énergie pendant un certain nombre d’années. “Newheat vend des prestation­s de constructi­on et de maintenanc­e à ses filiales. Ce sont ces flux financiers qui paient les salaires de Newheat et permettent de rembourser les investisse­urs.”

Hugues Defréville rappelle d’ailleurs qu’en septembre 2020, il avait réussi à financer un portefeuil­le de cinq centrales solaires thermiques représenta­nt 28 MWth pour 15 millions d’euros d’investisse­ment global. Cette opération de financemen­t comportait la mise en place d’un financemen­t bancaire d’un montant de 13 millions d’euros auprès de Triodos Bank et Crédit Coopératif. Déjà une étape importante. ”Nous avons eu un vrai coup de tampon de bancabilit­é”, relève Hugues Defréville.

 ?? ?? La centrale de Narbonne, qui alimente un réseau de chaleur, a été inaugurée en septembre 2021. (Crédits : Newheat)
La centrale de Narbonne, qui alimente un réseau de chaleur, a été inaugurée en septembre 2021. (Crédits : Newheat)

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