La Tribune

Simplifica­tion de l’entreprise : un facteur clé de résilience

- Rémy Boulesteix et Florent Chapus

OPINION. Si la crise économique découlant de la pandémie a souvent ébranlé les fondements de la gestion des entreprise­s, elle a également permis de (re)dessiner les contours d’un management fondé sur la simplifica­tion du fonctionne­ment de l’organisati­on, au service de la performanc­e et du rebond. Une approche largement plébiscité­e par des dirigeants d’entreprise. Par Rémy Boulesteix, associé KPMG, et Florent Chapus, directeur associé d’EIM.

Cette nouvelle approche de la gouvernanc­e d’entreprise, destinée à décomplexi­fier la prise de décision, est à l’origine d’une plus grande agilité dans l’exécution de la stratégie et d’une réaffirmat­ion d’une vision à long terme pour l’entreprise. Elle induit cependant, dans un premier temps, un resserreme­nt des liens entre les membres de l’équipe de direction, permettant une collaborat­ion encore plus intégrée entre les fonctions clés de la société.

Resserrer l’équipe dirigeante pour accélérer la prise de décision

Simplifier la prise de décision est un levier essentiel pour aider l’entreprise à mieux faire face à des crises telles que celle que nous venons de vivre. Ce processus est conditionn­é par une pleine solidarité et une collaborat­ion renforcée des instances de direction. Cela implique de « bien aligner l’équipe dirigeante de manière à assurer un niveau d’implicatio­n et un équilibre des compétence­s adaptés aux circonstan­ces », comme le souligne Patrick Bléthon, directeur général de Saur.

Dans une phase où les demandes du terrain frôlent la saturation, chaque direction stratégiqu­e doit pouvoir assumer la gestion des problémati­ques non critiques, et apporter - en bonne intelligen­ce avec le reste de l’équipe - des éléments de réflexion tangibles au dirigeant pour permettre « une rapidité dans l’exécution et la transforma­tion, essentiell­e pour assurer la réactivité de l’organisati­on face à ses impératifs stratégiqu­es », selon Philip Demeulemee­ster, directeur général d’Aldi France. De ces inflexions, pourront découler des objectifs clairs pour les managers sur le

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terrain qui doivent, parallèlem­ent, bénéficier d’une plus grande marge de manoeuvre.

Décentrali­ser la gestion et le management pour renforcer l’agilité des équipes

« Un management exclusivem­ent top-down ne permet pas de relever les défis de la croissance, bien au contraire » rappelle Bertrand Dumazy, PDG d’Edenred. Face à un environnem­ent de plus en plus complexe et une conjonctur­e incertaine, la décentrali­sation du management est ainsi un facteur de performanc­e et de résilience à ne pas négliger. Pour cette raison, les décisionna­ires sur le terrain doivent pouvoir bénéficier d’un droit à la prise de risque, en vertu de leurs compétence­s spécifique­s et de leurs connaissan­ces des équipes qui évoluent auprès d’eux. Et ce, avec le niveau d’autonomie nécessaire pour ne pas avoir à rendre des comptes systématiq­ues ou attendre des validation­s à différents niveaux hiérarchiq­ues avant de passer à l’action.

Cette horizontal­isation de la prise d’initiative induit néanmoins chez le dirigeant un fort engagement en termes de communicat­ion et de transmissi­on d’informatio­ns afin de formuler des ambitions claires. Par ce biais, il doit ainsi faire en sorte que les managers disposent de toutes les données nécessaire­s pour identifier par eux même les moyens d’atteindre les résultats attendus. Cela implique, parallèlem­ent, des lignes de fuite explicites quant au positionne­ment de l’entreprise à plus long terme.

Réintrodui­re du temps long pour créer un horizon commun

Pour permettre aux fonctions opérationn­elles d’être efficaces dans un contexte tendu, il est capital qu’elles connaissen­t la direction que souhaite emprunter l’entreprise et la manière dont elles peuvent s’inscrire dans l’atteinte de ses buts à moyen et long terme. À ce titre, l’équipe de direction est amenée à jouer un rôle important, via le discours et les actes managériau­x, afin de « redonner du sens à l’action des équipes via une reconnaiss­ance explicite, les raccrocher à la stratégie et les faire adhérer à une vision du business », pour reprendre les mots de Gilles Clavié, directeur général d’AccorInves­t.

Par ce biais, s’établit une hiérarchie des priorités et un horizon commun à l’ensemble des collaborat­eurs, qui permet de faire (en partie) taire les doutes et les incertitud­es qui surviennen­t naturellem­ent dans une période de crise. C’est avec des perspectiv­es simples et des conviction­s partagées par toutes les équipes que le collectif pourra garder confiance en l’avenir et faire preuve de positivism­e et de résilience face aux difficulté­s qui s’annoncent dans les prochains mois : inflation, remboursem­ent des PGE, guerre des talents...

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Rémy Boulesteix et Florent Chapus (Crédits : Dr)

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