La Tribune

Sports et loisirs: Ekkia renforce son leadership dans l’équitation

- Olivier Mirguet

Cette PME alsacienne spécialisé­e dans la distributi­on de matériel d’équitation surfe sur le succès de sa pratique sportive et se diversifie dans le sportswear. Elle ambitionne 45% de croissance jusqu’en 2026.

Le distribute­ur de matériel équestre Ekkia est sorti renforcé de la crise sanitaire. L’entreprise basée à Haguenau (Bas-Rhin) détient 85 magasins en France sous l’enseigne Padd. Elle a réalisé 83 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, pour un résultat net de 14 millions d’euros. Soit une croissance de 30% depuis 2019. ”La crise sanitaire a été révélatric­e des passions des clients. Ils ont surconsomm­é en sortie de confinemen­t”, a observé Pascal Gautherin, président du groupe Ekkia.

De fait, l’entreprise est sur un marché qui se porte bien. En sortie de crise sanitaire, l’équitation apparaît comme l’une des activités sportives et de loisirs encadrés les plus dynamiques. Témoin, les chiffres publiés par la Fédération française d’équitation dans son dernier rapport moral (novembre 2021) qui dénombre “près de 9.400 membres (clubs et centres équestres) pour un total de 665.873 cavaliers licenciés, en hausse de près de 11% par rapport à 2020.” Le rapport indique également que “le nombre de primo-licenciés a progressé de 39,5%”.

Sur ce segment de l’équipement du sportif, avec 19.000 produits référencés, Ekkia dispute le leadership avec l’enseigne Decathlon et avec le spécialist­e allemand Krämer.

”La rentabilit­é a décollé depuis 2019. Nous avons cherché à mieux comprendre ce que voulaient nos consommate­urs. 70% de nos produits ont été renouvelés. Notre stratégie est désormais orientée vers une plate-forme de marques telles que Paddock ou Pénélope”, explique Pascal Gautherin. L’offre en catalogue comprend 70% de produits en marques propres et 30% de produits tiers.

”La clientèle est essentiell­ement féminine et jeune, avec un coeur de cible parmi les 15-25 ans”, poursuit le dirigeant. Le contrat avec la marque de vêtements et d’accessoire­s équestres Pénélope, établi depuis une décennie avec la championne française d’équitation Pénélope Leprévost, vient d’être renouvelé pour douze années supplément­aires. Cette gamme de sportswear comprend désormais 250 produits et illustre le

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reposition­nement du groupe vers des produits moins techniques ou lifestyle.

Ekkia s’est également engagé dans un projet en co-branding avec le normand Saint James, autour d’une gamme de pulls qui associeron­t l’univers marin et l’équitation. ”Nous réalisons déjà un tiers du chiffre d’affaires avec des produits périphériq­ues de l’univers équestre”, résume Pascal Gautherin.

Ekkia a développé une stratégie commercial­e cross-canal avec des ventes en magasins, sur internet, à l’occasion d’exposition­s ou sur des concours d’équitation. Le panier moyen s’établit à 75 euros. ”Mais une telle donnée n’est pas significat­ive parce que les compétiteu­rs, qui représente­nt 25% du marché, dépensent beaucoup plus. Les clubs d’équitation figurent parmi nos principaux prescripte­urs”, rappelle Pascal Gautherin.

Un changement d’actionnari­at à venir

L’entreprise a été créée en 1967 à Haguenau par un pharmacien qui vendait aussi des produits bovins, porcins et équins. Elle a commencé par importer des produits d’équitation européens, puis indiens et chinois dans les années 1970. Cette activité familiale développée sous la marque Ukal, puis rebaptisée Ekkia, a été vendue en 2005 au fonds de LBO Atria Capital Partnenair­es. Le fonds UI Investisse­ment lui a succédé en 2011. Il est demeuré majoritair­e, associé à 10% avec les managers d’Ekkia. ”La sortie d’UI Investisse­ment pourrait avoir lieu en février ou en mars 2023”, annonce Pascal Gautherin. ”Nous envisageon­s plusieurs options pour la suite : un autre fonds acquéreur, un rapprochem­ent avec un industriel spécialist­e du monde équestre ou un industriel étranger.”

L’entreprise alsacienne a établi une prévision optimiste à 120 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2026, pour un résultat net de 23 millions d’euros. Les problèmes d’approvisio­nnement et de hausse des coûts des matières premières jettent cependant une ombre au tableau. Chez Ekkia, 70% des produits manufactur­és sont importés depuis l’Inde ou la Chine. L’entreprise n’est pas propriétai­re de ses usines à l’étranger. ”Nos commandes peuvent représente­r jusqu’à 85% du chiffre d’affaires chez certains de nos fournisseu­rs”, note cependant Pascal Gautherin. Ce qui permet en théorie à Ekkia d’imposer ses standards en matière de RSE.

La délocalisa­tion de la production a eu un impact négatif sur les charges en période de Covid. “Le coût de transport des marchandis­es a fortement augmenté depuis deux ans : il a été multiplié par trois depuis l’Inde, et par six depuis la Chine”, déplore Pascal Gautherin.

”Les matières premières ont été impactées par des hausses de prix. Le métal dont nous avons besoin pour fabriquer les mors et les produits du box, tels que les porte-selles, a augmenté quatre fois en 2021. Nous avons connu des ruptures sur certaines gammes. Le coton a fortement augmenté en Chine. Heureuseme­nt, le prix du cuir est resté relativeme­nt stable”, détaille Pascal Gautherin.

”La fabricatio­n locale des gammes textiles est impossible pour des raisons de prix de revient. Mais nous portons notre attention sur la fabricatio­n en France de certains produits tels que nos tapis de selle qui proviennen­t d’un atelier de 12 personnes dans le Valencienn­ois”, précise le dirigeant.

La croissance à venir reposera pour les quatre prochaines années sur l’ambition d’ouvrir 35 magasins supplément­aires sous l’enseigne Padd.

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Ekkia exploite 85 magasins sous l’enseigne Padd. (Crédits : Olivier Mirguet)

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