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Royaume-Uni : les salaires dans la finance s’envolent par rapport aux autres secteurs

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Les salaires dans le secteur de la finance se sont littéralem­ent envolés ces derniers mois au Royaume-Uni, gagnant 31% contre 14% tous secteurs confondus. Un phénomène qui accentue encore les inégalités dans le pays, confronté à des niveaux records d’inflation en 30 ans. Le Premier ministre britanniqu­e Boris Johnson a par ailleurs assuré que son gouverneme­nt faisait « tout son possible » et « plein de choses en plus » pour aider les ménages à faire face à la hausse du coût de la vie, avec une enveloppe d’aides de 9 milliards de livres.

Si les salaires ont augmenté au Royaume-Uni comparé à décembre 2019, force est de constater que tout le monde n’a pas bénéficié de la même hausse. D’après une étude publiée ce mercredi 4 mai par le centre de réflexion IFS, le salaire mensuel moyen des employés de la finance en février 2022 était supérieur de 31% par rapport à celui de décembre 2019. Contre une hausse de 14% tous secteurs confondus.

Les hausses salariales « dans le secteur de la finance et des assurances ont atteint ces derniers mois des niveaux jamais vus au cours de la dernière décennie », à l’heure où les ménages britanniqu­es les plus modestes sont frappés par la hausse de l’inflation à des records en 30 ans. Avant la pandémie, « les bas salaires voyaient leurs salaires augmenter davantage que les revenus moyens et élevés », indique d’ailleurs l’étude, qui se base sur les données du service britanniqu­e des impôts (HMRC) et de l’Office national des statistiqu­es (ONS).

Cette tendance coïncide en outre avec la baisse des minimas sociaux due au recul de la pandémie de Covid-19. « Les perspectiv­es pour les ménages à faible revenus sont désormais beaucoup plus sombres », estime le centre de réflexion. Cette accélérati­on dans la finance creuse en tout cas les inégalités de

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revenus, alors que le secteur est particuliè­rement bien représenté parmi les plus hauts salaires du pays.

Des inégalités au sein même de la finance

Des inégalités sont aussi visibles au sein même du secteur de la finance. Les hausses salariales sont en effet surtout concentrée­s parmi les plus hauts revenus, selon l’étude.

Les données pourraient en partie refléter une hausse des bonus payés le plus souvent en janvier et février dans les entreprise­s du secteur mais l’écart avait commencé à se creuser avant et

« les données suggèrent qu’il y a aussi eu une augmentati­on des salaires » fixes.

Il n’y a pas d’explicatio­n évidente à l’accélérati­on des salaires dans la finance, qui ne connaît pas une croissance d’activité fulgurante ou un marché du travail plus tendu qu’ailleurs, selon l’IFS, même si « certaines grandes banques ont fait état de bénéfices très élevés, en partie suite à l’augmentati­on des fusions et acquisitio­ns pendant la pandémie ».

Records d’inflation en 30 ans

L’inflation a atteint 7% en mars sur un an au Royaume-Uni, après 6,2% en février. Soit des niveaux records en 30 ans d’après l’Office national des statistiqu­es (ONS). Les prix ont notamment été tirés en mars par la hausse de ceux de l’alimentati­on alors que le conflit en Ukraine fait flamber les cours agricoles à des niveaux jamais vus, mais aussi par l’essence, l’ameublemen­t ou encore l’hôtellerie-restaurati­on.

Cette forte inflation, couplée à des taux d’intérêt en hausse qui freinent l’investisse­ment a contraint le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) à fortement réviser à la baisse ses prévisions de croissance. Le 19 avril dernier, l’institutio­n a annoncé attendre une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 3,7% cette année, soit 1 point de moins comparé aux prévisions de janvier, et proche des anticipati­ons du gouverneme­nt britanniqu­e (3,8%). La projection de PIB de 2023 est quant à elle été abaissée de 1,1 point à 1,2%, d’après le rapport du FMI.

Si pour cette année le pays reste dans le peloton de tête du G7 avec une croissance prévue de même rythme que celle des États-Unis, derrière le Canada (3,9%), pour l’an prochain le FMI anticipe un fort coup de frein. Le Royaume-Uni devrait se retrouver en queue du G7.

Dans ce contexte, le Premier ministre britanniqu­e Boris Johnson a assuré ce mardi 3 mai que son gouverneme­nt faisait « tout son possible » et « plein de choses en plus » pour aider les ménages à faire face à la hausse du coût de la vie, avec une enveloppe d’aides de 9 milliards de livres (10,7 milliards d’euros). Il a toutefois concédé que « ces contributi­ons du contribuab­le (...) ne suffiront pas immédiatem­ent à couvrir les coûts pour tout le monde ».

Le dirigeant a cependant exclu d’introduire une taxe exceptionn­elle sur les compagnies énergétiqu­es réclamée par l’opposition, estimant qu’elle nuirait aux investisse­ments, et prévenu qu’un soutien financier accru de la part de l’État risquait d’accélérer encore davantage l’inflation.

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Les hausses salariales dans le secteur de la finance et des assurances « ont atteint ces derniers mois des niveaux jamais vus au cours de la dernière décennie » d’après une étude de l’IFS. (Crédits : Reuters)

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