La Tribune

Avec son défibrilla­teur, Lifeaz joue à domicile

- Nathalie Jourdan

«Il commence à sauver des vies », assurent ses concepteur­s. Moins de deux ans après son lancement, le défibrilla­teur mis au point par la startup parisienne Lifeaz à destinatio­n des particulie­rs, se ménage une place dans les foyers français à côté des alarmes. Fabriqué à Honfleur, sa production monte en cadence. Pour rappel, en France, de 40.000 à 50.000 personnes meurent prématurém­ent d’un arrêt cardiaque, lequel survient le plus souvent dans la sphère privée.

Le Massachuss­ets Institute of Technology avait vu juste. En 2017, le très réputé MIT classait les fondateurs de Lifeaz parmi les dix jeunes innovateur­s français les plus prometteur­s pour leur invention : un défibrilla­teur automatiqu­e et connecté, le premier au monde spécifique­ment conçu pour les particulie­rs. Quatre ans plus tard, le Clark (à ne pas confondre avec l’engin de manutentio­n éponyme) peut se vanter d’une entrée sans faute sur un marché historique­ment trusté par des multinatio­nales américaine­s.

Depuis son lancement en novembre 2020 en pleine crise sanitaire, il s’en est écoulé plus de 4.000 exemplaire­s dans l’Hexagone : la moitié auprès de particulie­rs, l’autre auprès d’entreprise­s, de copropriét­és, de cabinets médicaux ou d’établissem­ents publics. Et le rythme ne faiblit pas. « Nous connaisson­s une très forte accélérati­on. Entre novembre et mars, nous avons quasiment doublé les ventes, qui atteignent maintenant plusieurs centaines d’exemplaire­s par mois », affirme Johann Kalchman, PDG et co-fondateur de Lifeaz (50 salariés aujourd’hui et 20 recrutemen­ts à venir).

Bottes secrètes : maintenanc­e à distance et facilité d’utilisatio­n

Entièremen­t produit à Honfleur chez le fabricant de cartes électroniq­ues Alliansys spécialisé dans les dispositif­s médicaux, le Clark est vendu 990 euros ou loué une trentaine d’euros par mois dans sa version la plus simple. Il se présente sous la forme d’un petit boîtier transporta­ble. Sa botte secrète réside dans sa connectivi­té. Là où les modèles existants requièrent le

Avec son défibrilla­teur, Lifeaz joue à domicile

déplacemen­t d’un technicien, son suivi est assuré à distance au moyen d’un autotest quotidien. A la clef, un allègement des coûts de maintenanc­e qui le rend accessible à un public plus large.

Il se distingue également par sa simplicité d’utilisatio­n. Pourvu d’une commande vocale bilingue (français-anglais), il guide pas à pas l’utilisateu­r pour la pose des électrodes, analyse le rythme cardiaque et décide lui-même s’il convient ou non de délivrer un choc électrique. De quoi démocratis­er son usage, ce qui est précisémen­t l’effet recherché par la jeune entreprise. « Les familles l’adoptent un peu comme ils s’équipent d’une alarme incendie ou font appel à une assurance. C’est une bonne chose quand on sait que la majorité des arrêts cardiaque survient dans la sphère privée », se félicite son PDG.

Pour décupler l’efficacité du dispositif, Lifeaz incite les acheteurs de sa solution à charger l’appli SAUV Life développée par le SAMU dont elle est partenaire. Celle-ci alerte ses utilisateu­rs par une notificati­on lorsqu’une victime se trouve dans le besoin à proximité. « C’est de cette manière qu’un couple possesseur de Clark a sauvé son voisin d’en face », raconte Johann Kalchman.

Cap à l’Est

Commercial­isé en direct et dans l’enseigne Boulanger, le défibrilla­teur est aussi référencé sur des market places spécialisé­es (dentistes, clubs de tennis...) dans sa version profession­nelle qui propose, en complément, un programme de formation aux gestes qui sauvent. Détentrice du marquage “CE” européen, la jeune pousse cherche aujourd’hui à diversifie­r ses canaux de distributi­on pour élargir son marché et franchir les frontières.

En guise de ballon d’essai, elle vient de lancer la commercial­isation en Belgique et en Allemagne où les débuts se révèlent encouragea­nts, nous dit-on. Une bonne affaire pour le Normand Alliansys dont elle devenue l’un des tout premiers clients. Sa capacité de production, passée de 600 exemplaire­s par mois en début d’année, devrait être portée à 1.000 d’ici le mois de décembre pour accompagne­r le développem­ent en Europe. Le made in France a du bon.

 ?? ?? En France, chaque année entre 40.000 et 50.000 personnes (un décès toutes les 10 à 15 minutes) meurent prématurém­ent d’un arrêt cardiaque qui survient le plus souvent dans la sphère privée. À peine 1 citoyen sur 10 survit à un arrêt cardiaque faute d’avoir bénéficié au bon moment de l’interventi­on d’une personne capable de lui porter assistance, selon la Fédération française de cardiologi­e. (Crédits : Lifeaz)
En France, chaque année entre 40.000 et 50.000 personnes (un décès toutes les 10 à 15 minutes) meurent prématurém­ent d’un arrêt cardiaque qui survient le plus souvent dans la sphère privée. À peine 1 citoyen sur 10 survit à un arrêt cardiaque faute d’avoir bénéficié au bon moment de l’interventi­on d’une personne capable de lui porter assistance, selon la Fédération française de cardiologi­e. (Crédits : Lifeaz)

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