La Tribune

Acteur de la cyclologis­tique, LeLien veut participer au nouveau mode de « consommati­on » des villes

- Laurence Bottero l_bottero

Installée à Nice, la PME s’est spécialisé­e dès 2010 dans la livraison à vélo, s’adressant autant au segment BtoB que BtoC. Revendiqua­nt plus de 60.000 courses réalisées, elle évolue certes désormais dans un contexte favorable à ce type de mobilité et de logistique mais il n’en demeure pas moins un défi de visibilité et de compréhens­ion des enjeux de la filière comme d’aménagemen­t des centres-villes.

C’est ce que l’on appelle un momentum. Si la crise a probableme­nt joué de son effet accélérate­ur, le transport de colis en vélo a pris sa place dans le paysage urbain ces dernières années. Au point de faire bondir la vente des vélos-cargos, ces vélos équipés d’une remorque, de 354% en 2020. Mais il ne faut pas confondre. La cyclologis­tique, soit la livraison de colis par deux-roues non motorisés, n’est pas tout à fait la même activité que celle de la livraison de repas à domicile ou sur son lieu de travail, boostée par les diverses plateforme­s. La différence peut paraître subtile, mais pour les profession­nels, elle est essentiell­e.

Mi-services, mi-logistique

A Nice, Le Lien fait partie de ces entreprise­s qui participen­t à la constituti­on d’une filière cyclologis­tique tricolore. C’est en 2010 que la PME qui emploie aujourd’hui 15 personnes, s’installe sur un marché... inexistant ou presque. Ainsi que le raconte son fondateur et dirigeant, Maxime Le Nocher, ce sont plutôt des réactions dubitative­s qu’il essuie lors de ses premières opérations de prospectio­n. Les premières livraisons s’effectuent. Quatre le premier mois, avant de monter crescendo. Douze ans après sa création LeLien revendique plus de 60.000 livraisons

Acteur de la cyclologis­tique, LeLien veut participer au nouveau mode de « consommati­on » des villes

effectuées, à Nice principale­ment où l’entreprise réalise la majorité de son activité, à Cannes aussi où elle est installée depuis 4 ans et à Antibes.

Avec d’autres entreprise­s spécialisé­es en livraison de colis à vélo, des synergies se créent, comme avec le Maillon Vert à Marseille ou La Flèche, à Aix-en-Provence, permettant, parfois, d’augmenter le nombre de salariés. « Nous tentons de travailler entre compagnies de livraison à vélo », indique Maxime Le Nocher.

Si donc la crise et plus largement l’émergence des plateforme­s de livraison de repas à domicile ont mis en avant l’usage de la livraison à vélo, Maxime Le Nocher tient particuliè­rement à ce que les deux activités ne soient pas considérée­s de la même façon. D’abord parce que la cyclologis­tique « est un vrai métier, où la notion de services est extrêmemen­t importante. On peut livrer une clé USB à un profession­nel comme un aliment à une personne isolée. Il faut conserver la notion de services. De même, la livraison à vélo oblige à avoir un vrai processus logistique. Nous transporto­ns de petits objets mais nous transporto­ns aussi des palettes. 2 à 3 tonnes de marchandis­es transitent par le Port de Nice et arrivent dans notre entrepôt », explique Maxime Le Nocher, qui vient du secteur de la restaurati­on gastronomi­que et qui, finalement, applique les us acquis dans son premier métier.

En 2008, LeLien s’est doté d’une applicatio­n, où il est possible de réserver sa course. Si elle ne représente que 5% à 10% du chiffre d’affaires (compris entre 550.000 euros et 650.000 euros), elle joue aussi un facteur de réassuranc­e, dans un monde digitalisé.

Repenser l’aménagemen­t des villes

LeLien qui a des projets de développem­ent, et c’est évidemment lié à la nouvelle façon de « consommer » la ville et surtout son centre-ville. D’abord parce que la livraison à vélo appartient à la mobilité douce. La PME niçoise affiche plus de 100 tonnes de CO2 économisés. De façon plus générale, un vélo-cargo équipé d’une caisse de 1.500 litres émet 85% de CO2 en moins qu’un véhicule thermique de même capacité. Et ce mode de livraison doux est aussi encouragé par le gouverneme­nt, qui a dédié un plan national à la filière. Qui, outre des dispositif­s d’aide au financemen­t ou à l’activité, veut pousser les grands groupes - qui traitent plus de 90% des colis en France - à orienter une partie de leurs flux vers le vélo. Mais si les mentalités et les usages évoluent positiveme­nt, il faut que l’aménagemen­t urbain suive le même mouvement. Les villes se réappropri­ent leur coeur, mais encore faut-il que tout soit fait et bien fait pour permettre la fluidité des livraisons, comme des places de livraison identifiée­s et des locaux idoines. Un point que soulève Maxime Nocher. Autre facteur favorisant mais reste à définir comment, l’instaurati­on des ZFE, ces zones à faible émission, devraient clairement donner encore plus de visibilité à la filière cyclo-logistique.

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(Crédits : DR)

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