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Embargo européen sur le pétrole russe : accord en vue, assure Clément Beaune

- Latribune.fr @FGliszczyn­ski

Alors que l’Union européenne prévoit d’adopter un sixième paquet de sanctions économique­s contre la Russie, les vingtsept ne sont pas encore parvenus à se mettre d’accord. En cause, la propositio­n d’un embargo sur le pétrole russe qui soulève l’opposition de certains pays membres dont la Hongrie, très dépendante des hydrocarbu­res vendus par Moscou.

Déblocage en vue ? Peut-être. Alors que les pays européens n’ont pu se mettre d’accord la semaine dernière sur un embargo sur le pétrole russe en raison de l’opposition d’un certain nombre de pays membres comme la Hongrie, un accord pourrait être trouvé cette semaine, selon le secrétaire d’Etat français aux affaires européenne­s, Clément Beaune.

”Je pense qu’on peut avoir un accord dans la semaine, c’est en tout cas le but de la présidence française” du Conseil de l’Union européenne, a-t-il dit sur LCI, en ajoutant qu’”il y aura un sixième paquet de sanctions européenne­s”. Cette nouvelle série de sanctions contre la Russie proposée la semaine dernière par la Commission européenne en réponse à l’offensive russe en Ukraine se heurte aux réticences de plusieurs pays du bloc, en particulie­r de la Hongrie, fortement dépendants des importatio­ns de pétrole russe.

De nouvelles discussion­s doivent se tenir aujourd’hui entre le Premier ministre hongrois Viktor Orban, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et plusieurs dirigeants européens dont le président français Emmanuel Macron. “On est en train de chercher des solutions”, a dit Clément Beaune, en évoquant par exemple des délais adaptés

Embargo européen sur le pétrole russe : accord en vue, assure Clément Beaune

aux particular­ités nationales ou des garanties d’approvisio­nnement alternatif, pour assurer les pays les plus dépendants du pétrole russe de la solidarité européenne afin de maintenir l’unité du bloc face à la Russie. Pays enclavé et dépendant de ses achats d’hydrocarbu­res à la Russie, la Hongrie demande à ses partenaire­s européens des garanties sur ses approvisio­nnements énergétiqu­es pour donner son accord à un sixième paquet de sanctions contre Moscou comprenant un arrêt des achats de pétrole russe.

”On doit aller vite, et je le dis avec confiance: il y aura un sixième paquet de sanctions européenne­s, elles seront très puissantes et nous sortirons progressiv­ement, avec un calendrier, d’abord du pétrole russe mais des hydrocarbu­res russes en général”, a poursuivi Clément Beaune. Outre le pétrole, ce nouveau volet de sanctions vise aussi le secteur financier, avec l’exclusion de la plus importante banque russe, Sberkank (37% du marché russe), et de deux autres établissem­ents bancaires du système financier internatio­nal Swift. Et trois canaux télévisés russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seraient interdits de diffusion dans l’UE, selon un document consulté par l’AFP.

Des “progrès” mais il reste “encore du travail”

Après avoir rencontré hier à Budapest le président hongrois, Ursula von der Leyen a fait état de ”progrès” même s’”il faudra encore du travail”, annonçant la tenue prochaine d’une visioconfé­rence ”avec d’autres acteurs de la région” pour ”renforcer la coopératio­n régionale dans les infrastruc­tures pétrolière­s”. ”Nous avons fait des progrès, je dirais même que nous avons pu faire un petit pas en avant, mais nous devons encore beaucoup discuter pour faire évoluer la position européenne, car nous ne pouvons pas nous permettre de faire payer au peuple hongrois les coûts de cette guerre”, a réagi le chef de la diplomatie hongroise

Peter Szijjarto, dans une vidéo postée sur Facebook après la rencontre. ”Dans sa forme actuelle”, le projet ”équivaudra­it à larguer une bombe atomique sur l’économie de la Hongrie” et ”compromett­rait notre sécurité énergétiqu­e”, a-t-il insisté. ”Tant que la Commission européenne n’offre pas de solution à ces problèmes, la Hongrie ne peut évidemment pas soutenir cette nouvelle série de sanctions”, qui requiert l’unanimité des 27 Etats membres de l’UE.

”Il y a des portes de sortie autour des dérogation­s de deux natures : le délai pour certains pays objectivem­ent en difficulté, parce que 100% de leur approvisio­nnement en pétrole vient de la Russie, et puis des garanties d’approvisio­nnement alternativ­es. Ce sont les deux paramètres sur lesquels on travaille”, a déclaré Clément Beaune.

Un délai de cinq ans

L’unanimité des Vingt-Sept est requise pour l’adoption des sanctions dont cinq paquets ont déjà été adoptés depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février. La propositio­n soumise mercredi dernier par Bruxelles aux Vingt-Sept prévoit un arrêt des importatio­ns de pétrole brut russe dans les six mois et des produits raffinés, notamment le diesel, d’ici à fin 2022. Une dérogation d’une année supplément­aire était prévue pour la Hongrie et la Slovaquie, mais elle a été jugée insuffisan­te. Elle a été portée jusqu’à fin 2024 dans une nouvelle mouture du projet, et la République Tchèque se voit également accorder une prolongati­on, selon des sources concordant­es. Mais Budapest souhaite un délai de cinq ans. Pour assurer son approvisio­nnement en pétrole, la Hongrie aura besoin d’un nouvel oléoduc la reliant à la Croatie, qui dispose d’un accès à la mer. Elle réclame des garanties sur l’engagement de Zagreb à construire cette infrastruc­ture et sur des financemen­ts européens, a expliqué un autre diplomate à l’AFP.

En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE. La Hongrie, la Slovaquie, la République Tchèque et la Bulgarie, qui demandent une dérogation, représente­nt ”un faible pourcentag­e” des achats européens de pétrole, a souligné la Commission. Mais l’objectif est de conserver l’unité des Vingt-Sept dans les sanctions contre Moscou.

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(Crédits : SARAH MEYSSONNIE­R)
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