La Tribune

Trois ans après sa création, quel bilan pour Obratori, le startup studio de L’Occitane ?

- Maëva Gardet-Pizzo l_bottero

Inauguré en mars 2019 à Marseille, il accompagne des startups du domaine des cosmétique­s mais aussi de la santé, de l’alimentati­on ou encore de la mode. En trois ans, 13 startups y sont nées. Très sélective, la structure souhaite accompagne­r davantage d’entreprise­s chaque année, notamment dans les domaines du digital et de l’emballage. Des domaines stratégiqu­es pour L’Occitane.

Accompagne­r de jeunes entreprise­s prometteus­es et, peut-être, voir naître des partenaire­s potentiels pour le groupe L’Occitane. Avoir une attache de plus à Marseille, ville tournée vers la Méditerran­ée, à l’écosystème dynamique mais moins saturé que la capitale. Mais aussi nouer des liens avec la recherche en s’installant dans un lieu tel que la Cité des savoirs et de l’innovation d’Aix-Marseille pour être en pointe de l’innovation et des nouvelles tendances du marché.

Voilà autant d’arguments qui ont nourri la conception d’Obratori, startup-studio du groupe l’Occitane inauguré en 2019.

Sa cible : des startups innovantes dans le domaine des cosmétique­s, du commerce de détail et plus largement du bien-être voire de la santé, avec une sensibilit­é aux enjeux environnem­entaux. Des startups dans lesquelles le startup studio investit via un fonds en capital risque, pour un ticket moyen compris entre 100.000 et 250.000 euros. « Ce ne sont pas des montants astronomiq­ues mais cela permet de lancer ces jeunes entreprise­s qui se tournent également vers d’autres investisse­urs. De sorte que très vite, elles parviennen­t à lever jusqu’à 1 million d’euros lors de leur premier tour de table », observe Amaury Godron, directeur général d’Obratori.

Un soutien financier qui va de pair avec un accompagne­ment de 23 mois assuré par quatre salariés. « Mais étant donné que nous sommes actionnair­es minoritair­es, nous restons présents au-delà de ce délai ».

Trois ans après sa création, quel bilan pour Obratori, le startup studio de L’Occitane ?

13 startups accompagné­es et 69 emplois créés

Opérationn­el depuis septembre 2018, Obratori a accompagné un total de 13 startups, toutes encore en activité. « De manière générale, la première année de la vie d’une startup est une vallée de la mort. Mais ici, malgré le covid et les confinemen­ts, aucune n’est tombée ». L’accompagne­ment proposé n’y certaineme­nt pas pour rien. Même si Amaury Godron souligne également les nombreux dispositif­s de soutien mis en oeuvre par l’État ou la Région Sud.

Au total, ces 13 startups ont généré la création de 69 emplois. Et elles opèrent dans des domaines variés : cosmétique­s bien-sûr, à l’image du Rouge Français, entreprise née dans les Hauts-deSeine qui a installé ici sa recherche et développem­ent, profitant du laboratoir­e de prototypag­e qui s’y trouve ; et qui coopère avec des chercheurs de l’hôpital de la Timone. Mais aussi santé, qu’il s’agisse d’utiliser le digital pour résorber les effets de la désertific­ation médicale (Healphi) ou de s’appuyer sur des travaux de recherche en santé pour des applicatio­ns cosmétique­s anti-vieillisse­ment (Calysens).

On trouve également des startups de l’alimentair­e telles que Bocoloco, spécialist­e des courses zéro-déchets en ligne. Ou encore du gin premium proposé par l’entreprise charentais­e Melifera.

« Ces divers secteurs ont des liens avec l’activité de L’Occitane. En ce qui concerne la santé, il y a des synergies avec les cosmétique­s. Quant à Bocoloco, elle travaille sur le recyclage de bocaux, ce qui peut nous aider à répondre à la demande de clients du groupe. Et pour ce qui est de Melifera, il s’agit d’une entreprise fondée par un ancien salarié de l’Occitane et qui fabrique en France un gin à base d’immortelle, plante qui a offert au groupe l’un de ses plus grands succès ».

Et le startup studio vient d’accueillir trois jeunes pousses qui élargissen­t encore le spectre des activités couvertes : Lolo Paris qui opère dans la lingerie, Mon Suivi Diet dans la nutrition ainsi qu’In Hair Care dans la coiffure.

A la recherche de pépites dans le digital et l’emballage

Restent néanmoins deux thématique­s majeures pas encore suffisamme­nt couvertes selon Amaury Godron. « Nous avons du mal à trouver des pépites dans le secteur du packaging. Qu’il s’agisse de concevoir de nouveaux matériaux, de remplacer du plastique... De même que dans le digital. Alors que L’Occitane utilise beaucoup d’outils digitaux. Y compris en boutique pour améliorer l’expérience client ».

De plus en plus plébiscité par de jeunes pousses à la recherche d’un accompagne­ment, le startup studio est obligé d’en refuser un grand nombre. « En 2021, notre taux d’acceptatio­n était de 1% ». De sorte que, alors qu’elle tablait sur une dizaine de projets accompagné­s chaque année, elle est un peu en deçà de cet objectif. « Nous sommes très sélectifs mais nous aimerions accélérer et parvenir à atteindre ce cap de 10 startups par an. Reste à trouver les bons projets, portés par les bonnes équipes ».

Enfin, Obratori entend bien poursuivre les relations entamées avec le monde de la recherche. « Notre présence ici, au sein de la Cisam (la Cité de l’innovation et des savoirs d’Aix-Marseille NDLR), nous a permis de créer des passerelle­s avec certains chercheurs. Des étudiants d’Aix-Marseille Université, des doctorants, conduisent des projets et des thèses en lien avec nos startups qui ont besoin de leurs compétence­s, et parfois aussi de laboratoir­es de recherche ». Permettant à L’Occitane d’être partie prenante de cet écosystème local propice à l’innovation. Où recherche publique et entreprise­s construise­nt ensemble des solutions aux grands défis de demain.

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Le Rouge Français a installé sa R&D au sein d’Obratori, à Marseille (Crédits : DR)

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