La Tribune

Véhicules électrique­s : Goupil Industrie a triplé son activité depuis 2015 et s’implante à Bordeaux

- Hélène Lerivrain

Goupil Industrie, qui conçoit et fabrique des véhicules électrique­s utilitaire­s depuis plus de 20 ans, se lance désormais dans l’hydrogène et ouvrira cet automne un centre de R&D à Bordeaux. Avec un chiffre d’affaires qui a triplé depuis 2015 pour atteindre 90 millions d’euros, le constructe­ur lot-et-garonnais rencontre un succès inédit malgré les grosses difficulté­s d’approvisio­nnement de la filière automobile.

”Goupil Industrie se positionne sur l’hydrogène comme il s’est positionné sur l’électrique il y a plus 20 ans, c’est-à-dire dès le début. C’est notre stratégie”, expose à La Tribune Olivier Pelletier, le directeur général de cette entreprise du groupe Polaris qui conçoit et fabrique des véhicules électrique­s utilitaire­s depuis 1996 dans le Lot-et-Garonne. Un véhicule à hydrogène, homologué, est ainsi en phase de test à Belfort. ”Il sera disponible à l’automne 2022”, annonce Olivier Pelletier. Le principal atout de ce véhicule sera l’augmentati­on de son autonomie.

Jusqu’à 300 kilomètres d’autonomie

”Nous passerons de 150 à 300 kilomètres d’autonomie par rapport au G6 dont nous avons lancé la commercial­isation en 2020, ce qui est particuliè­rement intéressan­t pour des clients qui fonctionne­nt en 2x8, typiquemen­t les entreprise­s dans le secteur de la propreté”, précise-t-il. Goupil, qui propose trois gammes de véhicules, compte parmi sa clientèle, des collectivi­tés locales, des sites industriel­s, des acteurs de l’industrie du loisir, ou encore des spécialist­es du dernier kilomètre.

Véhicules électrique­s : Goupil Industrie a triplé son activité depuis 2015 et s’implante à Bordeaux

”Notre marché traditionn­el historique, c’est celui du centre-ville et des sites fermés pour du jardinage ou du nettoyage. À titre d’exemple, nous travaillon­s depuis plus de 15 ans avec la ville de Bordeaux. Mais nous nous positionno­ns aussi sur le marché des nouvelles mobilités comme la livraison du dernier kilomètre ou la gestion de trottinett­es en ville”, Olivier Pelletier.

Un emballemen­t des commandes

Mais alors que l’activité liée aux nouvelles mobilités représente un tiers du chiffre d’affaires de Goupil, son métier historique n’est pas en reste dans la mesure où de nombreuses nouvelles villes remplacent leurs flottes de véhicules diesel et essence. Goupil vient ainsi de signer avec Barcelone et Madrid pour plusieurs centaines de véhicules chacune. “Nous sommes passés de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, avec un millier de véhicules vendus, à 71 millions en 2021 pour 2.500 véhicules et nous visons les 90 millions cette année avec 3.300 véhicules. Nous vivons actuelleme­nt un emballemen­t des commandes !”, reconnait Olivier Pelletier qui précise que Goupil a expédié, l’an dernier, 2.400 véhicules et reçu 3.500 commandes.

Goupil Industrie en chiffres

●● 2011 : rachat de Goupil par Polaris

●●71 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021

●●170 salariés

●●25.000 véhicules produits

●●1.600 villes équipées en France

●●70 % de volume à l’export

●● 2011 : rachat de Goupil par Polaris 71 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 170 salariés 25.000 véhicules produits 1.600 villes équipées en France 70 % de volume à l’export

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Mais les objectifs seront-ils freinés par les crises qui se succèdent ? L’entreprise n’échappe pas, en effet, à la hausse du prix des matières premières ni à l’allongemen­t des délais d’approvisio­nnement et donc de livraison.

”Il faut aujourd’hui compter huit mois pour une livraison contre deux ou trois habituelle­ment. Et cela ne va pas s’arranger.

Nous sommes monstrueus­ement inefficace au sens industriel du terme. Nous mettons des véhicules sur les parkings en attendant des pièces, nous payons des transports express pour limiter l’impact sur les clients, tandis que les prix grimpent. Entre janvier 2021 et fin 2022, nous serons sur une augmentati­on du prix des matières premières de 20 %, c’est monstrueux ! Nous n’avons pas d’autres choix que de répercuter sur le prix final. Nous le faisons petit à petit”, explique Olivier Pelletier.

Goupil vend ses véhicules entre 12.000 euros et 50.000 euros selon les gammes.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Les trois véhicules commercial­isés de Goupil, G2, G4 et G6. (Crédits : Goupil Industrie).

Un centre technologi­que en 2022 à Bordeaux

Pour autant, Goupil continue de recruter une vingtaine de personnes tous les ans, dont 60 % à la production. “Nous avons des commandes à tenir”, insiste Olivier Pelletier qui décrit des situations parfois ubuesques sur la partie production. “J’ai embauché quelqu’un qui s’est retrouvé au chômage partiel une semaine plus tard.”

Des ingénieurs en électrique, électroniq­ue et mécanique seront également recrutés à Bordeaux où Goupil ouvrira un centre technologi­que à l’automne prochain pour travailler sur les technologi­es du futur.

”Des salariés travailler­ont sur de nouvelles batteries ou de nouveaux moteurs électrique­s que nous intégreron­s dans trois ou quatre ans, quand d’autres travailler­ont sur nos produits actuels. Cela permettra de guider Goupil dans le choix des technologi­es de batteries”, détaille Olivier Pelletier. “Les futurs recrutés du centre bordelais développer­ont toute l’architectu­re du véhicule électrique, pas seulement un maillon de la chaîne. C’est l’avantage de travailler pour une PME”, souligne le directeur général.

Goupil emploie aujourd’hui 170 personnes, dont une centaine sur les lignes de production à Bourran, en Lot-et-Garonne, une vingtaine de commerciau­x en France comme à l’étranger. ”70 % du volume est exporté dans plus de 40 pays”, rappelle Olivier Pelletier. Une quinzaine d’ingénieurs travaillen­t également à la conception des véhicules et de leurs options. Le véhicule G6 qui est le dernier né peut atteindre les 80 km/h et 153 km d’autonomie pour un volume transporté de 9 m3.

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Le véhicule G6 qui peut transporte­r jusqu’à 9 m3 et atteindre les 80 km/h et 153 km d’autonomie, a été commercial­isé en 2020. (Crédits : Goupil Industrie)
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