La Tribune

Air France pousse les feux sur le marché de la classe “Premium Economy”

- Léo Barnier

Air France a présenté ce mardi une nouvelle configurat­ion de ses Boeing 777-300 ER avec une nouvelle classe affaires, une nouvelle classe économique et une classe “premium economy” qui va doubler de taille. A michemin entre la classe affaires et la classe “éco”, la “premium economy” est devenue depuis plus de dix ans un élément incontourn­able de la stratégie des compagnies aériennes. Lancée en 2009 chez Air France, elle est depuis l’arrivée de Ben Smith à la tête d’Air France-KLM en septembre 2018 au coeur de son projet de montée en gamme. Explicatio­ns.

Le faste est de retour. Ce mardi, au premier étage de la tour Eiffel mis en avant dans son nouveau film de marque, Air France a dévoilé les détails de sa nouvelle cabine pour ses Boeing 777-300ER. Avec la volonté d’affirmer ses ambitions sur l’expérience client, Anne Rigail, directrice générale de la compagnie française, a annoncé la mise en ligne cet été d’un nouveau fauteuil en classe affaires, d’un nouveau siège en classe économique et surtout d’une classe “premium economy” agrandie. Celle-ci double de taille alors que KLM, Swiss et Emirates viennent d’introduire des produits similaires. Air France répond ainsi à cette tendance lourde du marché depuis plus de dix ans en faveur de cette classe à mi-chemin entre la classe affaires et la classe économique.

Avec 48 fauteuils en classe affaires, 48 en “premium economy” et 273 en classe ‘éco”, Cette nouvelle configurat­ion sera déployée sur 12 appareils d’ici à fin 2023. Le premier 777-300ER équipé doit arriver cet été et sera positionné entre Paris et New York. Les autres suivront au rythme d’un par mois environ, au terme d’un chantier de 12 mois chacun. Au total, Air France investit ainsi 180 millions d’euros.

Cela parachèver­a la rénovation de la flotte de 777-300ER : 19 ont déjà été rénovés dans le cadre du programme “Best and Beyond” lancé en 2013 - ainsi que l’intégralit­é des 777-200, soit

Air France pousse les feux sur le marché de la classe “Premium Economy”

25 appareils à l’époque dont 5 sont sortis de flotte depuis l’an dernier - tandis que les 12 appareils configurés pour la desserte du réseau Caraïbes-Océan indien (COI) ont reçu une nouvelle cabine au cours des deux dernières années.

Anne Rigail a d’ailleurs confirmé son ambition de continuer à investir un milliard d’euros par an pour le renouvelle­ment de la flotte avec l’arrivée des Airbus A220 et A350.

”Les premium economy ont tendance à augmenter, nous le voyons sur toutes les compagnies. C’est un mix entre des voyageurs business qui pouvaient voyager en classe affaires et qui changent de classe, et de passagers en économie qui cherchent un peu plus de confort. Il y a aussi beaucoup de seniors” , explique Anne Rigail, directrice générale d’Air France.

Lire aussi 13 mnRarissim­e, Air France-KLM affiche de meilleurs résultats financiers que Lufthansa et IAG

Deux fois plus de sièges à bord

Avec cette rénovation, Air France introduit un nouveau fauteuil Cirrus développé par Safran, évolution de celui déjà présent sur ses cabines Best. Un nouveau siège Recaro arrive aussi en classe économique. Et le Wi-Fi, se généralise enfin sur l’ensemble de sa flotte. Pourtant, le choix stratégiqu­e le plus fort est sans doute la mise en place d’une cabine “premium economy” survitamin­ée. Avec 48 sièges, elle double de taille par rapport à la précédente configurat­ion qui comprenait 24 places. Le saut est aussi notable par rapport à la cabine Best, qui misait sur 28 places. Dans ce nouvel aménagemen­t, elle rivalise désormais avec la classe affaires. Et, comme chez Emirates, c’est la classe économique qui en fait les frais en perdant une quarantain­e de places au passage.

Pour Fabien Pelous, l’augmentati­on de la premium économie répond à une tendance lourde, qu’il estime structurel­le. Déjà présente avant la crise, elle se confirme avec le retour des passagers dans les avions. Elle est notamment portée l’accélérati­on du “loisir premium”, c’est-à-dire la volonté des passagers de payer davantage voler dans un meilleur confort. En sus d’un meilleur siège (dans le cas présent un Recaro “recliner” inclinable à 124° comme sur A350), la premium économie disposera désormais d’une offre de restaurati­on dédiée “bistronomi­que” pour marquer la différence avec l’arrière de l’appareil.

Pour séduire cette clientèle, Anne Rigail compte bien capitalise­r sur l’attrait de Paris, qui attire une clientèle touristiqu­e aisée. Elle précise d’ailleurs que la moitié de ses passagers ont la ville-lumière pour destinatio­n finale.

Le trafic “corporate” va également avoir sa place au sein de la “premium economy”, les entreprise­s étant plus regardante­s sur les dépenses de transport qu’avant la crise, les mettant en regard des coûts infimes des moyens de téléconfér­ence. Cette classe devrait aussi bénéficier aux petites entreprise­s, plus promptes à reprendre les voyages d’affaires que les grands groupes, mais aux moyens plus limités. C’est d’ailleurs sur les Etats-Unis que ce segment de trafic reprend le plus vite à l’internatio­nal.

Lire aussi 6 mnL’été sera beau et chaud pour Lufthansa et Air France-KLM

Une recette à recomposer

Interrogée sur le risque de surcapacit­é de l’offre premium face à trafic affaires encore faible, Anne Rigail rappelle que la sortie des A380 de la flotte, avec 80 fauteuils affaires chacun, a largement réduit les capacités en la matière.

”Nous avons réajusté notre offre business par nécessité car cet avion quadrimote­ur n’était plus adapté. La question est de savoir si nous devons retrouver ce niveau de sièges business dans le futur où si nous pouvons continuer sur des cabines affaires de 48 places”, explique la directrice générale d’Air France.

La rentabilit­é des vols long-courriers est en effet principale­ment assurée par les “classes avant”. La vente d’une place “premium economy” ne permet pas de générer la même marge qu’un billet en classe affaires. La compagnie devra donc travailler encore plus finement ses remplissag­es pour générer des bénéfices.

Anne Rigail voit en tout cas dans la “premium economy” “un bon amortisseu­r des tendances car elle permet de s’adapter à différents contextes. A chaque crise économique, elle a pris sur la classe affaires et la classe économique.” Sans donner d’indication pour l’instant sur les taux de remplissag­e de cette classe particuliè­re, elle assure que la dynamique est là et que les chiffres augmentent de semaine en semaine. Elle estime que l’été sera un bon test pour voir sur analyser la dynamique du marché en sortie de crise.

De cette dynamique dépendra peut-être la configurat­ion des futures cabines d’Air France : deuxième lot d’A350, rénovation des 777-300ER Best et remplaceme­nt des A330. Anne Rigail assure qu’il n’y a pas besoin de prendre une décision dans les six mois même si elle concède y travailler beaucoup.

 ?? ?? Air France a débuté la rénovation de 12 Boeing 777-300ER. (Crédits : Charles Platiau)
Air France a débuté la rénovation de 12 Boeing 777-300ER. (Crédits : Charles Platiau)

Newspapers in French

Newspapers from France