La Tribune

Viticultur­e : une charte peu contraigna­nte pour encadrer l’emploi saisonnier en Gironde

- Maxime Giraudeau

La préfecture de la Gironde a présenté, ce 11 mai dans les murs du Conseil interprofe­ssionnel des vins de Bordeaux), le contenu d’une charte à destinatio­n des entreprise­s de travaux agricoles. Un document de cadrage attendu depuis longtemps pour limiter les dérives liées aux conditions d’emploi et de logement des travailleu­rs saisonnier­s dans la viticultur­e. Mais la démarche se veut seulement incitative sans proposer de dispositio­ns contraigna­ntes.

Mieux encadrer les dispositif­s d’accueil et de travail des ouvriers agricoles. C’est la volonté affichée par la préfecture de la Gironde, conjointem­ent avec le CIVB (Conseil interprofe­ssionnel des vins de Bordeaux) et les organisati­ons représenta­tives agricoles.

Mais le peuvent-ils vraiment ? Réunis ce 11 mai à Bordeaux, les partenaire­s ont dévoilé une charte d’engagement abordant les bonnes pratiques à mettre en oeuvre dans le cadre de l’emploi viticole. L’objectif : convaincre les employeurs d’en finir avec les mauvaises pratiques inhérentes à l’accueil des ouvriers saisonnier­s alors que la forte saison s’ouvre de mai à octobre.

La nouvelle charte, signée pour l’heure par huit entreprise­s de travaux agricoles sur les 400 que compte la Gironde, se décline en quatre axes. Ils abordent notamment les questions d’informatio­n du personnel, de liens avec les entreprise­s sous-traitantes et des conditions d’accueil. Les orientatio­ns proposées, faute de pouvoir imposer un cadre réglementa­ire strict, se limitent à des recommanda­tions déclarativ­es. Ainsi, les employeurs sont invités à “être attentifs aux conditions d’hébergemen­t des salariés”, “rester vigilant dans la transport des salariés” ou “limiter le recours aux entreprise­s de travail temporaire dont le siège social est situé à l’étranger”.

Main d’oeuvre étrangère

La présentati­on de la charte était également l’occasion d’un rappel de la réglementa­tion en vigueur autour de l’emploi de

Viticultur­e : une charte peu contraigna­nte pour encadrer l’emploi saisonnier en Gironde

travailleu­rs étrangers, très nombreux dans le vignoble bordelais. Ainsi, les employeurs doivent certifier sur l’honneur qu’ils disposent des titres de séjour autorisant les ouvriers à travailler en France. Les prestatair­es établis à l’étranger doivent pour leur part effectuer une déclaratio­n de détachemen­t temporaire des salariés auprès de l’inspection du travail.

La démarche défendue par la préfecture et les acteurs représenta­tifs prouve la prise de conscience du problème structurel qui habite le secteur viticole. Et veut donner un cap à une profession qui peine à recruter. “A cause du déficit de main d’oeuvre, nous sommes obligés de refuser des contrats. Alors, nous devons aller chercher une autre main d’oeuvre au-delà de la région et même, parfois, au-delà des frontières nationales”, pointe Benjamin

Banton, président des Entreprene­urs des territoire­s en Gironde. La préfète du départemen­t, Fabienne Buccio, appuie : “Il ne s’agit nullement de venir blâmer un secteur qui ne respectera­it pas les règles en vigueur. Mais bien de mettre en lumière ses engagement­s.”

Pourtant les abus sont courants dans certains grands domaines lorsque la saison de l’entretien des vignobles bat son plein. Dans le Médoc, par exemple, des ouvriers, notamment étrangers, subissent des conditions de travail particuliè­rement abusives entre campements sauvages, absence de protection sociale, instabilit­é des contrats et manquement­s au droit du travail. Des pratiques qui entachent l’image du plus prestigieu­x vignoble français et de ses 5.000 entreprise­s en Gironde.

 ?? ?? En Gironde, environ 3.800 offres d’emplois viticoles sont proposées chaque année selon la préfecture. (Crédits : Agence Appa/Thibaud Moritz)
En Gironde, environ 3.800 offres d’emplois viticoles sont proposées chaque année selon la préfecture. (Crédits : Agence Appa/Thibaud Moritz)

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