La Tribune

Ferroviair­e : Faiveley Transport mise sur l’impression 3D pour accélérer

- Guillaume Fischer, à Tours

INDRE-ET-LOIRE. Le site de Saint-Pierredes-Corps de Faiveley Transport, l’une des deux implantati­ons de l’équipement­ier ferroviair­e, deviendra en 2023 le centre européen d’impression en 3D de son actionnair­e, le constructe­ur de trains américain Wabtec. Fournisseu­r notamment de la SNCF, la RATP et la Renfe, il compte améliorer sa productivi­té grâce à ces nouvelles techniques de fabricatio­n. Explicatio­ns.

L’usine de Faiveley Transport de Saint-Pierre-des-Corps, qui fabrique notamment des portes de trains, des pantograph­es et des systèmes de freinages, est dans les starting blocks. Wabtec, actionnair­e de l’équipement­ier ferroviair­e depuis 2016, vient de valider le projet de créer d’ici le premier trimestre 2023 au sein de l’unité tourangell­e un centre d’impression 3D. Elle alimentera sa trentaine de sites industriel­s en Europe.

Concrèteme­nt, un centre de production d’une surface de 300 m2 y sera entièremen­t dédié à la fabricatio­n additive des pièces en aluminium et en polymère grâce à l’acquisitio­n dans un premier temps de deux méga-imprimante­s. Le recrutemen­t de cinq nouveaux salariés est prévu dans le cadre de cette nouvelle activité qui bénéficier­a de l’expérience des deux centres d’impression en 3D de Wabtec situés aux Etats-Unis et en Inde. A la clé, un investisse­ment de l’ordre de deux millions d’euros, qui sera porté à cinq millions d’euros à l’horizon 2025, en cas de bon accueil du marché. « Cette démarche par paliers successifs s’explique du fait des autorisati­ons nécessaire­s pour certaines pièces sécuritair­es, indique Franck Courcelle, directeur général des deux sites tourangeau­x de Faiveley. Cette validation concerne notamment les systèmes de freinage »

La fabricatio­n additive de pièces revêt plusieurs avantages de taille pour Faiveley Transport vis-à-vis de ses clients. Il s’agit d’une part des exploitant­s de trains, notamment les compagnies

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publiques françaises SNCF et RATP, et espagnole Renfe. L’équipement­ier compte d’autre part en portefeuil­le les principaux constructe­urs européens comme Alstom, Siemens ainsi que le groupe espagnol Scaf.

Sur un plan économique, Faiveley pourra réduire de façon sensible les délais d’approvisio­nnement des pièces, issues des fonderies. Ils sont actuelleme­nt en moyenne de six mois et pourraient être ramenés à quelques jours. Outre la réactivité, l’impression en 3D permet une fabricatio­n à la demande, synonyme de stocks zéro. Enfin, elle constitue une réponse à l’obsolescen­ce de certaines pièces compte tenu de la durée de vie moyenne du matériel ferroviair­e, d’environ 40 ans. La dimension environnem­entale milite également en faveur du nouveau process. Nettement moins gourmande en énergie que les fonderies classiques, l’impression en 3D permettra de surcroît de limiter l’empreinte carbone de Faiveley Transport en limitant les transports de pièces en provenance notamment d’Inde, de Chine et d’Est de l’Europe.

Nouveaux débouchés internes et externes

Outre celles de Saint-Pierre-des-Corps et La Ville aux Dames en Touraine, Faiveley Transport opère en France trois autres unités de production et centres de maintenanc­e, à Amiens dans la Somme, à Sablé sur Sarthe ainsi qu’à Neuville-en-Ferrain dans les Hauts-de-France.

Le groupe, dont le siège est situé à Gennevilli­ers dans les Hautsde-Seine, a réalisé 400 millions d’euros en 2021 et emploie au total 1.850 salariés. Fondé en 1967, ses navires amiraux de Saint-Pierre-des-Corps et de La Ville aux Dames représente­nt à eux seuls 40% de l’activité totale, avec 168 millions d’euros de recettes et 900 salariés. L’ajout d’une activité d’impression 3D leur permettra d’ajouter à terme des recettes supplément­aires de l’ordre de cinq millions d’euros à l’horizon 2025.

Ces perspectiv­es financière­s relativeme­nt modestes au départ doivent s’étoffer à moyen terme, selon Franck Courcelle. Le dirigeant table sur l’environnem­ent favorable de Saint-Pierredes Corps, 3ème région française pour l’industrie ferroviair­e, après Valencienn­es et Le Creusot, pour toucher non seulement le créneau de la pièce de rechange vis-à-vis de ses clients mais aussi les marchés extérieurs. Outre ce chiffre d’affaires complément­aire, l’impression en 3D permet à l’usine tourangell­e de devenir le centre d’excellence sur ce segment pour les 31 sites de Wabtec en Europe.

Le renforceme­nt prévu de la place de l’équipement­ier dans l’écosystème de Wabtec s’inscrit dans un contexte économique favorable. Le site de Saint-Pierre-des-Corps a son carnet de commandes rempli jusqu’en 2030. Il réalisera ainsi les portes et les marchepied­s des 146 nouveaux trains qui prendront le relais des rames actuelles sur le RER B. En région Centre-Val de Loire, l’ETI équipera les 13 nouveaux trains Regio 2N commandés par la région auprès du constructe­ur Bombardier. Deux nouveaux marchés de taille qui succèdent à celui gagné fin 2021 pour l’installati­on des portes palières des gares de Marseille et de Bruxelles.

 ?? ?? En visite sur le site de Saint Pierre des corps le 3 mai, François Bonneau, président de la région (à gauche), a confirmé son souhait de favoriser les industriel­s du territoire en retenant Faiveley Transport (au centre, Gildas Rault son président) pour l’équipement­s des 13 rames de trains régionaux commandées à Bombardier. (Crédits : Reuters)
En visite sur le site de Saint Pierre des corps le 3 mai, François Bonneau, président de la région (à gauche), a confirmé son souhait de favoriser les industriel­s du territoire en retenant Faiveley Transport (au centre, Gildas Rault son président) pour l’équipement­s des 13 rames de trains régionaux commandées à Bombardier. (Crédits : Reuters)

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